Algérie-Mali : La rupture diplomatique se profile

Depuis plusieurs années, la politique étrangère de l’Algérie semble marquée par une série d’ingérences qui non seulement fragilisent ses relations avec ses voisins immédiats, mais risquent aussi d’isoler davantage le pays sur la scène internationale. De l’incursion dans les affaires internes du Mali à l’ingérence au Maroc et en Mauritanie, en passant par les frictions avec la Libye, la diplomatie algérienne semble emprunter un chemin qui risque d’aggraver la situation dans une région déjà en proie à de nombreuses turbulences.

La tension entre le Mali et l’Algérie a franchi un nouveau seuil au début de l’année 2025. Le 1er janvier, le ministère malien des Affaires étrangères a vigoureusement dénoncé les propos du ministre algérien Ahmed Attaf, qu’il qualifie d’ « ingérence flagrante ». Ces accusations ne sont pas nouvelles : le Mali, sous la conduite de son gouvernement de transition, accuse régulièrement l’Algérie de soutenir, de manière tacite, les groupes armés terroristes opérant sur son territoire.

L’ingérence algérienne, dont les autorités maliennes dénoncent la complicité avec ces groupes, est perçue comme une menace à la stabilité interne du pays, déjà affaibli par la guerre contre le terrorisme. Ce qui semblait autrefois une divergence sur la manière de gérer le conflit au Sahel s’est progressivement transformée en un affrontement diplomatique direct, marqué par la convocation mutuelle des ambassadeurs et leur rappel respectif à Alger et à Bamako.

Lire aussi : Qualifiant Boualem Sansal d’« imposteur », Abdelmadjid Tebboune révèle la dérive autoritaire de l’Algérie

Les accusations maliennes, d’abord formulées discrètement en janvier 2024, se font désormais plus explicites. Bamako reproche à Alger de prôner des solutions politiques tout en soutenant en sous-main des factions terroristes, alimentant ainsi l’instabilité régionale. En réponse, les autorités maliennes insistent sur leur volonté de mener la lutte contre le terrorisme de manière souveraine, sans ingérence étrangère, et ce, avec l’appui de la Confédération AES, un acteur régional clé pour le pays.

Le 2 janvier 2025, l’Algérie a pris la présidence tournante du Conseil de sécurité de l’ONU, succédant ainsi aux États-Unis. Cette nomination pourrait sembler une opportunité pour Alger d’influencer les débats internationaux et de promouvoir sa vision du conflit au Sahel, mais elle intervient dans un contexte de tensions diplomatiques avec ses voisins. L’Algérie, en prônant des solutions politiques pour la crise malienne, semble oublier ses propres déstabilisations internes, notamment la question de la Kabylie, qui persiste et qui nourrit des critiques internes quant à sa propre gestion des problèmes ethniques et régionaux.

La politique étrangère algérienne, qui se veut un rempart contre l’influence occidentale et un modèle de souveraineté, a du mal à cacher les fissures qu’elle génère dans ses relations avec ses voisins. En particulier, la gestion des crises au Mali et en Libye reflète une approche dangereuse qui pourrait compromettre ses ambitions d’apparaître comme un acteur incontournable sur la scène internationale.

Au-delà du Mali, l’Algérie n’a pas hésité à se mêler des affaires internes de la Mauritanie. La question saharienne, dans laquelle l’Algérie est un acteur majeur, exacerbe encore les relations entre les deux pays voisins, qui se trouvent pris dans un imbroglio diplomatique complexe. De même, les tensions avec le Maroc, alimentées par des différends séculaires, connaissent un nouveau souffle avec les ingérences algériennes dans les affaires sahariennes.

La situation en Libye, quant à elle, est emblématique de l’isolement progressif de l’Algérie sur la scène internationale. L’Algérie, qui soutenait traditionnellement le maréchal Haftar dans son affrontement avec le gouvernement d’unité nationale de Tripoli, voit aujourd’hui sa position remise en question. Les tensions internes en Algérie, notamment les divergences au sein du pouvoir militaire et diplomatique, rendent la gestion de la politique libyenne plus complexe et incertaine. Si les relations avec Haftar étaient jusqu’à récemment relativement cordiales, elles risquent de se tendre, à mesure que la Libye continue de se fragmenter, plongeant l’Algérie dans une crise diplomatique avec ses voisins du Maghreb.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Bouton retour en haut de la page