Algérie – Mali : L’obsession marocaine sous fond de crise diplomatique

Ce n’est pas la première fois que le gouvernement de transition au pouvoir au Mali dénonce les tentatives d’ingérence de l’Algérie.

Bamako accuse régulièrement Alger de soutenir les groupes terroristes armés sur le sol malien.

Et ce n’est pas la première fois non plus que l’Algérie, fantasme de l’ombre du Maroc partout où ça l’arrange.

Et cette fois, encore une fois, ce sont certains médias algériens qui sont « transcendés » par une « vision » du Royaume.

En effet, suite à la dénonciation dans un communiqué du ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale malien de certains propos tenus par le ministre des Affaires Étrangères algérien Ahmed Attaf, TSA, site d’information en ligne algérien et porte-parole du régime des généraux, croit apercevoir « clairement la main du Maroc dans la rédaction de ce communiqué » en estimant que cela aura des conséquences certaines sur les relations entre le Mali et l’Algérie.

Or le problème est ailleurs, il est ancien et a culminé avec la déclaration d’Ahmed Attaf, ministre des Affaires Étrangères algérien, le 30 décembre lors d’une conférence de presse lorsqu’il a affirmé que « La solution militaire est impossible au Sahel, notamment au Mali, car elle a échoué à trois reprises par le passé » avant de refuser d’assimiler les mouvements d’opposition armés qui ont signé l’accord de paix d’Alger en 2015 à des entités terroristes.

Résultat de ce manque de tact, une réaction lancinante de Bamako qui indique dans ledit communiqué que « les succès indéniables de l’armée malienne et la pression exercée sur des groupes terroristes soutenus par l’Algérie ont du mal à passer chez certains responsables algériens, nostalgiques d’un passé révolu ».

« Le Mali n’est ni demandeur ni preneur de leçons de la part de l’Algérie » indique par ailleurs le ministre des Affaires Étrangères et de la Coopération Internationale malien qui exprime « sa vive préoccupation suite à la persistance de certaines Autorités algériennes à poursuivre les actes d’ingérence dans les affaires intérieures de la République du Mali, empreints de paternalisme, de condescendance et de mépris ».

D’ailleurs, il invite le régime algérien à « recentrer son énergie sur la résolution de ses propres crises et contradictions internes, y compris la question Kabyle ».

Une petite gifle qui a été mal encaissée puisque l’auteur de l’article y perçoit l’empreinte d’une main marocaine qualifiant la déclaration malienne de « grave dérive où l’on aperçoit clairement la main du Maroc dans la rédaction de ce communiqué ».

Qu’Alger voit d’un mauvais œil le rapprochement entre le Maroc et le Mali et avec la plupart des pays du Sahel est une chose, mais accuser tacitement Rabat d’ingérence alors qu’on est soit même pointé du doigt, démontre la simplicité d’analyse d’un pays en manque flagrant d’imagination diplomatique.

Le Maroc a annoncé en 2021 son soutien au Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie qui est classé comme organisation terroriste en Algérie avance l’auteur de l’article et fait donc le rapprochement avec la question Kabyle que mentionne le communiqué malien.

Et voilà, comment par un raccourci mal inspiré et une fois n’est pas coutume que « c’est la faute du Maroc » si le Mali dénonce des ingérences, c’est la faute du Maroc si l’accord d’Alger est tombé à l’eau, c’est la faute du Maroc si la famine existe dans le monde…

Le reflet que renvoie le miroir lorsque le régime algérien s’y voit semble être clairement insupportable.

Tellement insupportable qu’il n’arrive plus à se voir en face.

Le pays a réussi à se mettre à dos la plupart de ses voisins (Mali, le Niger, Libye et la Mauritanie), ses actions diplomatiques au Sahel ne sont plus les bienvenues et son archaïsme politique le pousse dans les derniers retranchements de l’isolement régional et pourtant il ne se remet jamais en question.

Cette opiniâtreté, cette condescendance et ce paranoïa provoqué par le Maroc conduira certainement à ce que suggère le Mali : l’Algérie finira inéluctablement par « recentrer son énergie sur la résolution de ses propres crises et contradictions internes » et on a tous été témoin de la déferlante du Hirak.

Pour rappel, le régime n’a tenu que grâce à un virus.

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