Algérie: Un nouveau gouvernement sans Ramtane Lamamra
Le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, a nommé jeudi un nouveau gouvernement conduit par le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune et marqué surtout par le départ inattendu du ministre des affaires étrangères Ramtane Lamamra, a annoncé la Présidence.
Après la surprise de la désignation de M.Tebboune en lieu et place de Abdelmalek Sellal, considéré comme inamovible, la liste officielle a comporté une grosse surprise avec la nomination à la tête de la diplomatie algérienne de Abdelkader Messahel, qui occupe jusque-là le poste de ministre chargé des affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue des Etats arabes.
Le ministre de l’Energie, Noureddine Boutarfa, qui se trouve à Vienne pour une réunion de l’OPEP, a cédé sa place au Directeur général de la société de distribution du gaz (Sonelgaz), Mustapha Guitouni.
Pour sa part, le ministre de la Communication, Hamid Grine, a été remplacé par Djamel Kaouane, Directeur général de l’Agence nationale d’édition et de publicité (ANEP), chargée de gérer la manne de la publicité publique.
Mercredi et contre toute attente, le président algérien a remplacé son premier ministre Abdelmalek Sellal, alors que médias et partis politiques pariaient depuis plusieurs jours sur une reconduction de M. Sellal qui a dirigé cinq gouvernements, depuis sa nomination comme Premier ministre en septembre 2012.
Jeudi, la presse locale a prédit une difficile mission pour le prochain gouvernement. Et pour cause, les recettes pétrolières n’augmenteront pas de sitôt, d’autant que les cours du pétrole tardent à rebondir sur le marché international, ce qui constitue déjà un handicap pour l’Exécutif qui tente de diversifier l’économie nationale et sortir définitivement de la dépendance des hydrocarbures.
La chute des prix de l’or noir, amorcée mi-2014, a porté un coup sévère aux finances publiques algériennes qui dépendent très largement de la manne pétrolière – à hauteur de plus de 95 pc de ses recettes extérieures et 60 pc du budget de l’État.
La Banque mondiale s’inquiétait de la vulnérabilité du pays et pointait du doigt l’utilisation accrue des réserves de change en raison de l’inflation, de la dépréciation de la monnaie nationale et du financement du déficit public.
Les recettes pétrolières ont chuté en 2016 pour atteindre 27,5 milliards de dollars US, contre 35,72 milliards de dollars en 2015, alors qu’elles caracolaient encore à 60,3 milliards de dollars en 2014.
Pour amortir le choc en l’absence d’une réelle diversification de l’économie, le pays continue de puiser dans ses réserves de change qui ont atteint 114 milliards de dollars à fin décembre 2016, contre 144,13 milliards de dollars à fin 2015 et 178,94 milliards de dollars à fin 2014.
Selon la BM, ces réserves devraient atteindre 60 milliards de dollars en 2018, ce qui contraindra le pays à frapper de nouveau aux portes des institutions financières internationales.