Algérie: poursuite du procès de Blida, à l’abri des regards
Le procès emblématique de deux ex-chefs du renseignement, d’une cheffe de parti politique et de Said Bouteflika, frère de l’ex-président Abdelaziz Bouteflika, s’est poursuivi mardi à Blida, au sud d’Alger, loin des caméras, a-t-on indiqué de source judiciaire.
Lors de cette deuxième journée d’audience, « le juge a entendu les témoins et le général Toufik, qui a répondu aux questions de manière complète », a dit à l’AFP Me Miloud Brahimi, l’avocat de Mohamed Mediene dit « Toufik », longtemps directeur des services secrets algériens.
Parmi ces témoins, plusieurs anciens responsables de haut rang se sont succédé à la barre, a-t-il ajouté.
La veille, Said Bouteflika avait refusé de répondre aux questions du juge, d’après Me Farouk Ksentini, l’un des avocats de la défense.
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Saïd Bouteflika, qui s’était imposé comme l’homme fort du régime, le général « Toufik » et son successeur à la tête des services Athmane Tartag, ainsi que la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT, trotskistes) Louisa Hanoune, sont jugés devant cette cour militaire pour « atteinte à l’autorité de l’armée » et « complot contre l’autorité de l’Etat ».
Face à ces lourds chefs d’inculpation, ils encourent de très fortes peines.
Seuls les avocats et les familles des accusés ont le droit d’assister aux audiences. Les médias sont relégués à l’extérieur du tribunal, où un important dispositif policier a été déployé, et les informations circulent au compte-goutte.
Parmi les accusés, Athmane Tartag, a refusé de se présenter devant le juge militaire, qui a refusé d’ajourner le procès, a rapporté le quotidien francophone El Watan.
Mohamed Mediene, malade et dont la santé s’est dégradée selon sa famille et ses avocats, est arrivé lundi en fauteuil roulant devant la Cour et a demandé un ajournement, selon la défense.
Après avoir consulté le rapport d’un médecin, le juge a néanmoins décidé de poursuivre le procès.
Ce procès emblématique a lieu après une vague d’arrestations massives dans l’entourage d’Abdelaziz Bouteflika, contraint à la démission début avril après des mois d’un mouvement de contestation inédit.
Des enquêtes judiciaires avaient ensuite été ouvertes sur des faits présumés de corruption visant d’ex-hauts responsables politiques et des hommes d’affaires, accusés d’avoir profité de leurs liens privilégiés avec le régime de M. Bouteflika.
Pendant que ce procès se poursuivait à Blida, les étudiants sont eux de nouveau descendus dans les rues des grandes villes, dont Alger, pour la 31e semaine d’affilée.
Ils continuent d’exprimer leur opposition à l’organisation d’une présidentielle le 12 décembre, voulue par le chef d’état-major de l’armée Ahmed Gaïd Salah, actuel homme fort du pays.
Avec AFP