Algérie : Premières fissures dans le duo Tebboune Chengriha ?
Par Hassan Alaoui
Peut-on imaginer et admettre qu’un président de la République, si puissant et imbu de lui-même, puisse s’abaisser au point d’adresser promptement une circulaire à son gouvernement et aux entreprises de son pays leur intimant l’ordre d’arrêter toute coopération avec leurs homologues marocaines ? Peut-on concevoir une si pitoyable et pathétique haine d’un Abdelmajid Tebboune, devenu paranoïaque et obsessionnel à l’égard du Maroc ?
Arrivé à la tête de l’Etat le 12 décembre 2019 par la volonté de l’armée algérienne avec une légitimité controversée, Abdelmajid Tebboune n’a jamais fait mystère de sa haine du Royaume du Maroc dont il fait le bouc émissaire des malheurs de son peuple…Et la directive désastreuse envers le Maroc n’en est que le dernier avatar. Le peuple algérien lui-même en conçoit de l’amertume de cette irresponsable propension à tout ramener au voisin de l’ouest, qualifié invariablement « d’ennemi historique »…La situation économique du pays se détériore-t-elle si gravement ? C’est la faute au Maroc qui met les embuches à l’évolution de l’Algérie… Le mouvement du Hirak s’entête-il à continuer ses manifestations, voyons, ne reçoit-il pas des ordres et un soutien de l’extérieur, de « nos ennemis », le Maroc ?
La théorie du complot et de la victimisation par Tebboune et son entourage n’a d’égal que le mépris de la vérité et, partant, d’eux-mêmes puisqu’ils préfèrent se voiler la face et tout cacher au peuple. Cette propension à semer la haine à l’égard du Maroc n’est pas fortuite, elle est inscrite dans l’ADN du pouvoir algérien ; elle nous rappelle également comment en novembre 1975, sans crier gare, Boumediene avait chassé pas moins de 350.000 Marocains installés depuis des années en Algérie, partis avec enfants et bagages, baluchon sur le dos , fuyant précipitamment les violences des autorités algériennes, abandonnant leurs biens…Jamais émigration forcée, expulsion d’Etat n’a été si sauvagement menée…
Le potentiel conflit avec l’armée et Chengriha
C’est peu dire que le président Tebboune a fait sienne cette méthode expéditive et l’applique aux entreprises marocaines. Nous voilà donc avertis deux fois. On en prend acte, sachant que le président algérien est en butte grave avec son état-major de l’armée, celle-là même que l’on croyait acquise à lui et par laquelle il est parvenu à la tête de l’Etat. On croit savoir qu’il a maille à partir avec le général chamarré d’étoiles Saïd Chengriha, exaspéré de voir un président – autrefois expulsé du gouvernement comme un malpropre par Bouteflika – « mollasson » qui exerce un pouvoir solitaire, n’en démord pas de tout décider, incapable de gérer la montée du Hirak ou de faire face au désastre économique et social qui menace le pays. A preuve, comme l’indique notre confrère le site www.maghreb-intelligence.com , « le président ( Tebboune) que les hauts gradés de l’armée consultent de moins en moins s’est empressé d’envoyer une instruction ( concernant les entreprises marocaines) qui normalement ne relève pas de ses compétences. »
L’armée « qui l’a fait roi », dira-t-on, n’exulte plus et l’observe, vigile de ses gestes et paroles, exaspérée même et peut-être déçue. Les langues se délient et il n’est pas jusqu’à son haut officier et janissaire Chengriha qui n’ait sacrifié à la critique, affirmant semble-t-il que « le pays traîne un boulet que feu Gaïd Salah ( tombeur de Bouteflika) a fixé aux pieds de l’Algérie ». A l’aune des prochaines élections, fixées en principe au 12 juin, un climat délétère semble s’instaurer en Algérie, la répression féroce contre les manifestants du Hirak et la crise économique aidant, fragilise chaque jour le pays et accentue le malaise entre l’armée, la société civile et isole de plus en plus Tebboune, devenu à force impopulaire, exalté comme l’ubris face à une armée qui attend de rompre les lances.