Algérie : Quand la diplomatie vire à la farce triomphaliste

CE QUE JE PENSE

L’Algérie vient une fois de plus d’offrir au monde une démonstration éclatante de son talent inégalé pour l’exagération et le grotesque. Fidèle à son rôle de trublion des scènes diplomatiques, elle s’est lancée dans une nouvelle euphorie nationale pour un exploit qui, à y regarder de plus près, tient davantage du lot de consolation que de la victoire éclatante. Une de ses candidates vient d’être élue vice-présidente de la Commission de l’Union africaine ? À Alger, c’est une victoire plus grande que la libération de 1962. Feux d’artifice imaginaires, cris de triomphe, youyous diplomatiques, hystérie collective et emballement médiatique : tout y est. À en croire la rhétorique officielle, il ne s’agirait pas moins que d’un tournant historique, d’un coup de maître, d’un exploit qui hisse l’Algérie au sommet de l’Afrique, voire du monde.

Sauf que… ce n’est qu’une vice-présidence. Un poste administratif certes stratégique, mais dont le pouvoir décisionnel reste limité. Pourtant, en écoutant les médias d’État et les relais du régime, on croirait que l’Algérie vient d’arracher un siège permanent au Conseil de Sécurité de l’ONU, ou qu’elle s’apprête à prendre les rênes du FMI. « One, two, three… viva l’Algérie ! » hurle-t-on comme après une finale de Coupe du Monde remportée dans les dernières secondes. Mais non. Rien de tout cela. Juste un strapontin habilement maquillé en triomphe national.

L’ombre de la machine à sous

Derrière cette mise en scène grandiloquente, une réalité bien plus terre-à-terre se dessine. Cette victoire n’a rien d’un plébiscite spontané ou d’une reconnaissance du leadership algérien sur la scène africaine. Non, elle est le fruit d’un patient travail d’arrière-cour, où les manœuvres occultes, les arrangements en coulisses et les généreuses largesses financières ont joué un rôle central. L’Algérie n’a jamais fait mystère de ses méthodes : plutôt que de bâtir une influence par des actions concrètes et une diplomatie constructive, elle préfère sortir le chéquier. Dans les couloirs feutrés de l’Union Africaine, les promesses d’aides financières se troquent contre des votes, les contrats gaziers se négocient sous la table et les pressions discrètes font le reste. Une stratégie éculée, aussi prévisible que cynique, qui fait aujourd’hui partie du folklore diplomatique algérien.

Ce n’est un secret pour personne : les chancelleries africaines et européennes savent pertinemment que l’Algérie investit plus dans la corruption diplomatique que dans le développement de son propre pays. Plutôt que d’incarner une puissance émergente, elle joue les mécènes intéressés, distribuant des enveloppes pour s’acheter une illusion d’influence. Une influence factice qui s’effondre dès que l’argent cesse de couler. Mais la machine à billets ne suffit pas toujours, et cette fois-ci, un facteur clé a joué en faveur d’Alger : l’absence des six pays traditionnellement alliés du Maroc, suspendus de l’Union Africaine. Le Niger, le Mali, le Burkina Faso, le Soudan, le Gabon et la Guinée n’ont pas pris part au vote, laissant un vide opportun que l’Algérie s’est empressée d’exploiter.

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Dans un système où chaque voix compte, l’absence de ces États a biaisé le rapport de force. Si ces alliés du Maroc avaient pu participer, l’issue du scrutin aurait sans doute été différente. Mais qu’importe la réalité : Alger ne s’embarrasse pas de nuances lorsqu’il s’agit de célébrer une victoire, fut-elle obtenue par défaut. Ainsi, pendant que la propagande officielle s’égosille à crier au triomphe, le reste du continent observe avec une certaine indifférence cette agitation disproportionnée. Un feu d’artifice diplomatique sans étincelle, un grand théâtre où l’illusion l’emporte sur la substance.

Une victoire à crédit

Si le ridicule diplomatique était une discipline olympique, l’Algérie décrocherait l’or haut la main. L’exubérance algérienne en dit long sur sa conception de la diplomatie : une illusion de puissance, une obsession de reconnaissance et une incapacité chronique à bâtir une influence réelle. Pendant que le Maroc tisse des alliances solides à coups de projets concrets – infrastructures, énergies renouvelables, sécurité alimentaire –, Alger, elle, célèbre un strapontin en multipliant les effets d’annonce. Un spectacle burlesque où l’agitation remplace la substance. Un proverbe africain dit : « Celui qui crie le plus fort n’est pas forcément celui qui a gagné la bataille. » Mais à Alger, on préfère le vacarme aux victoires tangibles.

Derrière cette euphorie, une vérité bien moins reluisante : l’Algérie a vidé ses caisses pour acheter ce qu’elle présente comme un triomphe diplomatique. Des millions de dollars distribués à certains États africains, alors que le peuple algérien peine à voir les retombées des richesses pétrolières et gazières de son propre pays. Une saignée financière que personne au sommet de l’État n’osera reconnaître, et encore moins célébrer.

Or Alger s’imagine pouvoir instrumentaliser ce mandat comme elle l’a fait lors de son passage temporaire au Conseil de Sécurité de l’ONU sur la question du Sahara. Mais cette fois-ci, elle pourrait bien être prise à son propre piège. Car si les vents tournent, le véritable coup de théâtre viendrait non pas de l’Algérie, mais de l’Union Africaine elle-même : et si, au cours de ce mandat, le Polisario venait à être expulsé ? Ironie du sort, cette élection pourrait bien être la dernière scène d’une pièce où l’Algérie, en voulant trop en faire, se retrouve spectatrice de sa propre débâcle.

Algérie : Entre fake news et diplomatie de la mauvaise foi

Le comble du pathétique ? Loin de se contenter de manœuvres en coulisses, Alger va plus loin et s’enfonce dans la propagande la plus ridicule. Dans l’art du déni et de la manipulation, l’Algérie s’impose avec un zèle qui frôle l’obsession. Si la propagande était une industrie rentable, Alger aurait déjà son siège au G7. Mais au lieu d’investir dans l’avenir de son peuple, le régime préfère brûler ses ressources dans une guerre de communication aussi stérile que pitoyable. Car il ne suffit pas d’acheter des votes et de distribuer des enveloppes bien garnies. Encore faut-il s’assurer que l’illusion tienne. Alors, pour combler ses lacunes diplomatiques, Alger a sorti son arme favorite : la fabrication du mensonge. Fake news à la chaîne, rumeurs orchestrées, déclarations tronquées… Tout y passe.

Dans les jours précédant l’élection et la machine continue toujours, les médias d’État algériens ont tourné à plein régime, inondant l’espace public de fausses informations destinées à fragiliser le Maroc. Des soi-disant « échecs diplomatiques » du Royaume ? Inventés. Une prétendue perte d’influence en Afrique ? Fantasmée. Des montages grossiers pour entretenir leur obsession du Sahara marocain ? Du classique, atteinte au Sommet du Royaume ? Délire… L’Algérie n’est pas seulement dans le mensonge, elle s’y vautre avec un cynisme qui en dit long sur son désarroi. Lorsqu’un État préfère financer une usine à fake news plutôt que le développement économique de son propre peuple, c’est qu’il a déjà perdu la bataille du progrès.

Une diplomatie sans parole

Mais le plus savoureux dans cette mascarade, c’est qu’Alger elle-même ne croit pas à ses propres récits. Son double jeu est si évident qu’il en devient une caricature. Même ses alliés de circonstance savent à quoi s’en tenir : les promesses algériennes n’engagent que ceux qui y croient. Un détail, soigneusement occulté par la grande machine de célébration algérienne, résume à lui seul le degré d’incohérence du régime : le président de la Commission de l’Union Africaine fraîchement élu, Mahmoud Ali Youssouf, est originaire de Djibouti… un pays qui dispose d’un consulat à Dakhla. Une réalité que l’Algérie s’est bien gardée de mentionner dans son euphorie forcée.

Comme toujours, Alger joue aux échecs avec ses propres illusions, oubliant que la réalité, elle, n’a que faire des manipulations.

Le Maroc face aux magouilleurs : l’heure de la stratégie

Huit ans après son retour triomphal au sein de l’Union Africaine, le Maroc s’est imposé comme un acteur clé du développement continental. Porté par une Vision Royale audacieuse, il a su bâtir des alliances solides et mener des projets structurants, loin des discours creux et des postures stériles. Mais ce dernier épisode diplomatique met en lumière une vérité : la bonne foi n’a pas sa place dans une arène où les coups bas sont monnaie courante. Il ne suffit pas d’investir et de construire, il faut aussi anticiper, décrypter les jeux d’influence et répondre aux manœuvres sournoises avec une intelligence stratégique affûtée.

D’autant plus que le Maroc a longtemps misé sur une coopération franche et mutuellement bénéfique. Mais l’heure est venue d’opérer un tri nécessaire entre les partenaires fiables et les alliés de circonstance. Car si certains pays africains profitent des projets concrets menés par le Royaume, ils n’hésitent pas à troquer leur loyauté contre des faveurs venues d’Alger.

La leçon est claire : les amitiés affichées ne sont pas toujours sincères, et les engagements ne valent que tant qu’ils servent des intérêts immédiats. Il faut donc cesser d’accorder une confiance aveugle et adapter la diplomatie marocaine à cette réalité fluctuante. Moins d’idéalisme, plus de calculs stratégiques. Moins d’amitié automatique, plus de pragmatisme assumé. L’Afrique est un continent en pleine mutation, où seules les nations stratèges façonnent l’avenir. Mais une chose est sûre : Le Maroc construit, l’Algérie parade.

Pendant que celle-ci s’offre une illusion de puissance avec une victoire diplomatique fabriquée de toutes pièces, le Royaume, lui, trace son chemin avec constance et ambition. Mais désormais, il doit aussi être prêt à jouer avec les règles imposées par ceux qui n’ont aucun scrupule à manipuler, corrompre et acheter du crédit politique. L’Afrique avance, se transforme, se renforce. Pendant ce temps, l’Algérie continue son théâtre d’ombres, multipliant les gesticulations pour masquer son immobilisme. Mais une question demeure : que fera Alger une fois l’euphorie dissipée ? Parce qu’après avoir chanté la victoire, il faudra bien se mettre au travail. Et là, l’histoire a toujours été impitoyable avec ceux qui confondent diplomatie et agitation.

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