Algérie: un avocat critique de la justice dit être inculpé de 14 chefs d’infraction
Un avocat algérien, placé sous contrôle judiciaire début avril, a indiqué mardi à l’AFP être inculpé de 14 chefs d’infraction liés à des critiques de la justice sur internet, Human Rights Watch dénonçant un « harcèlement judiciaire« .
Me Salah Dabouz, avocat et militant des droits humains, dit être notamment inculpé d’incitation à la haine ou à la discrimination, atteinte à l’intégrité du territoire national, tentative de pression sur les juges, distribution de documents nuisant à l’intérêt national.
Arrêté le 7 avril à Alger, il avait été transféré à Ghardaia, à 500 km au sud d’Alger, où lui ont été signifiées ces inculpations.
Il a aussi été notifié dans le même temps d’une condamnation à un an de prison par contumace pour insultes aux institutions et pour avoir introduit un ordinateur muni d’une caméra dans une prison.
La peine a été prononcée lors d’un procès dont Me Dabouz affirme n’avoir jamais été informé. Il doit être rejugé le 21 mai dans cette affaire.
« Pour le reste des affaires, elles sont toujours à l’instruction« , a précisé l’avocat, que son contrôle judiciaire contraint à pointer trois fois par semaine à Ghardaia, dans la région du M’zab (ou Mzab), alors qu’il exerce à Alger, ce qui entrave selon lui son activité professionnelle.
Selon l’avocat, ces inculpations sont liées à des publications sur Facebook dans lesquelles il s’en prend notamment aux inculpations « bidon » contre des militants de la cause mozabite ou dénonce les « étranges décisions » de la justice à Ghardaia « qui remplissent les prisons d’innocents ».
Me Dabouz a notamment défendu des militants de la cause mozabite arrêtés après des violences communautaires dont le Mzab a été le théâtre en 2015 entre Mozabites, des Berbères de rite ibadite, un courant minoritaire de l’islam, et Chaâmbas, des Arabes de rite malékite.
Il a également défendu des fidèles de l’ahmadisme, autre courant minoritaire de l’islam, condamnés à des peines de prison avec sursis en 2018 pour « offense à l’islam« , ou un blogueur, Merzoug Touati, condamné pour « intelligence avec une puissance étrangère » après la publication d’une interview avec un responsable israélien.
Selon l’organisation de défense des droits humains Human Rights Watch (HRW), « Salah Dabouz est inculpé » et sous « contrôle judiciaire pour avoir critiqué des tribunaux sur Facebook« .
Dans un communiqué, HRW appelle « les autorités algériennes » à « cesser de se servir de lois répressives et d’ordonnances de contrôle judiciaire paralysantes afin de réduire au silence ceux qui critiquent leur conduite« .
Avec AFP