Algérie : un scrutin entaché de contestations et une légitimité remise en question

La saisine du Conseil constitutionnel de la part de Hassani Cherif représente un moment charnière pour l’Algérie. Le vrai taux d’abstention sur lequel est assis le pouvoir n’est pas simplement le reflet d’un vote, mais la résonance d’un mécontentement profond face à une gestion politique chaotique et à une crise de confiance profonde envers les instances dirigeantes du pays.

Les résultats des élections présidentielles du 7 septembre 2024, qui ont vu le président sortant Abdelmadjid Tebboune revendiquer une victoire écrasante avec près de 94 % des voix, sont désormais au cœur d’une controverse majeure. En effet, la validité de ce scrutin est fortement contestée, et les doutes sur la légitimité du président algérien s’intensifient à mesure que des allégations d’irrégularités et de manipulations résonnent même aux abords du palais du palais présidentiel d’El-Mouradia. Ceci est loin d’être une simple vue de l’esprit ou réalité politique qui pourrait attiser un climat socio-économique déjà très volatile.

Abdelaali Hassani Cherif, le candidat de la Mouvement de la Société pour la Paix (MSP), a déposé une requête auprès du Conseil constitutionnel pour dénoncer des résultats qu’il juge non crédibles et contraires aux procès-verbaux de dépouillement fournis par les délégations de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE).

Lors d’une conférence de presse, ce mardi, Cherif a sans ambages qualifié les chiffres publiés par l’ANIE d’« inexactitudes », soulignant que ceux-ci ne correspondent guère à l’expérience vécue sur le terrain. L’absence de transparence et de clarté dans le processus électoral soulève des interrogations quant à la réelle volonté du peuple algérien, qui semble avoir été ignorée au profit de résultats qui confortent un régime déjà contesté.

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Les allégations d’irrégularités ne cessent de se multiplier, comme en témoigne la déclaration conjointe des équipes de campagne des trois principaux candidats dénonçant des « incohérences » dans le décompte des voix. Dans un pays où la mémoire des dernières décennies de répression et de manipulation électorale reste vive, ce climat de méfiance incite à douter de la fiabilité de l’ANIE, que l’on attendrait comme garante de l’intégrité du scrutin. Sa capacité à gérer le processus électoral devient de plus en plus suspecte, ce qui laisse présager une montée en puissance des tensions politiques.

La réaction de l’entourage de Tebboune, qui s’est empressé de défendre les résultats, illustre la dissension entre le pouvoir en place et une population en quête de changements. Le soutien apparemment unanime des institutions en faveur de Tebboune n’est qu’un mirage, camouflant les réelles préoccupations des Algériens, qui exigent une prise de conscience et une réponse efficace à des enjeux socio-économiques majeurs. La contestation contre le résultat électoral indique clairement que même si le président sortant jouit d’un large soutien dans certaines couches, ce dernier n’est guère synonyme d’une légitimité incontestable.

Les répercussions de cette élection sont d’autant plus préoccupantes que les incertitudes qui l’entourent risquent de provoquer une vulnérabilité politique accrue pour l’Algérie. Les conséquences d’un scrutin contesté ne peuvent être ignorées, alors que des voix s’élèvent pour exiger des réformes profondes et une réelle démocratie. Le mécontentement populaire face à la gestion actuelle des affaires pourrait engendrer des mouvements de contestation plus vastes, fragilisant davantage le statu quo. On se souvient du hirak, qui pourrait ainsi faire sa résurgence.

La saisine du Conseil constitutionnel de la part de Hassani Cherif représente un moment charnière pour l’Algérie. Ce dernier devra examiner avec attention les allégations soulevées contre le processus électoral. Cela pourrait mener à une remise en cause fondamentale non seulement des résultats de cette élection, mais également de la légitimité du régime de Tebboune. Dans ce cadre, l’interrogation sur la capacité des institutions à assurer un déroulement électoral transparent et impartial reste en suspens.

Le vrai taux d’abstention sur lequel est assis le pouvoir n’est pas simplement le reflet d’un vote, mais la résonance d’un mécontentement profond face à une gestion politique chaotique et à une crise de confiance profonde envers les instances dirigeantes. La légitimité d’Abdelmadjid Tebboune est désormais indissociablement liée à l’issue de cette contestation judiciaire. Les lendemains pourraient être difficiles pour Tebboune et ses alliés.

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