Algérie: une figure de la Guerre d’indépendance critique du régime reste en prison
La justice algérienne a refusé la mise en liberté provisoire de Lakdhar Bouregaa, vétéran respecté de la Guerre d’indépendance, accusé d' »outrage » et d’atteinte au moral de l’armée et incarcéré depuis un mois, ont annoncé ses avocats dans un communiqué consulté jeudi par l’AFP.
L’arrestation et le placement en détention provisoire, le 30 juin, de M. Bouregaa, 86 ans, inculpé d' »outrage à corps constitué » et « de participation à une entreprise de démoralisation de l’armée ayant pour objet de nuire à la défense nationale« , a suscité l’indignation en Algérie.
Les soutiens de M. Bouregaa attribuent ces poursuites aux sévères critiques qu’il a formulées contre le chef d’état-major de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah, devenu le véritable homme fort de l’Algérie depuis la démission le 2 avril du président Abdelaziz Bouteflika face à un mouvement de contestation populaire inédit qui se poursuit.
« Le juge d’instruction (…) a rejeté la demande de liberté provisoire introduite par le Collectif des avocats pour le Changement et la Dignité au profit de M. Lakhdar Bouregaa« , indique dans un message posté mercredi sur Facebook ce groupe d’avocats constitué en mars, dans le cadre du « Hirak« , le mouvement de contestation du régime, né le 22 février.
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Cette demande avait « été introduite pour des raisons de santé, appuyée par un dossier médical« , poursuit le collectif, et cette décision « confirme encore une fois que la justice en Algérie obéit à autre chose que la Loi« .
Haut commandant de l’Armée de Libération nationale (ALN) durant la guerre contre le pouvoir colonial français (1954-1962), M. Bouregaa, soutien du Hirak et qui participait jusqu’à son arrestation à de nombreuses manifestations, est l’un des nombreux « détenus d’opinion » dont le mouvement de contestation réclame la remise en liberté.
La libération des personnes arrêtées en lien avec le « Hirak » est une des « mesures d’apaisement » exigées, avant de commencer ses travaux, par l' »Instance nationale de dialogue » récemment mise sur pied par le président par intérim Abdelkader Bensalah pour tenter de sortir l’Algérie de la crise.
Le général Gaïd Salah a « catégoriquement » rejeté mardi tout « préalable » au dialogue, notamment la libération de détenus « qualifiés à tort de prisonniers d’opinion« , sapant un peu plus un « processus de dialogue » déjà très critiqué.
Avec AFP