Allemagne: arrestation d’un Syrien soupçonné de préparer un attentat islamiste
La police allemande a interpellé mardi matin un Syrien de 19 ans soupçonné de préparer un attentat islamiste à l’explosif dans le pays, presque un an après l’attaque au camion-bélier contre le marché de Noël de Berlin.
L’homme, présenté comme Yémen A., a été arrêté à l’aube par des forces spéciales dans la ville de Schwerin, dans le nord-est du pays, et plusieurs appartements de cette région située au nord de Berlin ont été perquisitionnés, a annoncé le parquet anti-terroriste dans un communiqué. Le jeune homme est soupçonné d’avoir « planifié et déjà concrètement préparé un attentat à motivation islamiste en Allemagne à l’aide d’un explosif très puissant« , a souligné le parquet. « Il n’est pas encore établi si le suspect avait déjà une cible en tête ou pas« , a-t-il toutefois précisé, soulignant également ne pas disposer d’éléments sur l’appartenance du suspect « à une organisation terroriste« .
Selon les enquêteurs, le Syrien a pris la décision « au plus tard en juillet 2017 de faire sauter une bombe en Allemagne avec l’objectif de tuer et de blesser le plus grand nombre possible de personnes« . Dans les semaines suivantes, il a commencé à se procurer des produits chimiques et matériaux nécessaires à la construction de l’engin explosif. Les autorités allemandes sont sur le qui-vive depuis un an et demi en raison de plusieurs attentats islamistes perpétrés ou envisagés dans le pays, notamment celui au camion-bélier revendiqué par le groupe Etat islamique qui a fait 12 morts en décembre 2016 sur un marché de Noël à Berlin.
A la fin du mois de juillet dernier, un demandeur d’asile en passe d’être débouté a tué une personne à coups de couteau dans un supermarché et en a blessé six autres, un acte motivé selon la justice par « l’islamisme radical« . Les services du renseignement intérieur estiment à environ 10.000 le nombre d’islamistes radicaux en Allemagne, dont 1.600 soupçonnés de pouvoir passer à la violence. L’EI a aussi revendiqué en 2016 un meurtre à Hambourg (nord), un attentat à la bombe à Ansbach (sud) qui avait fait 15 blessés et tué l’assaillant, ainsi qu’une attaque à la hache dans un train en Bavière (5 blessés).
Plusieurs de ces actes ont été commis par des demandeurs d’asile et valent à la chancelière Angela Merkel d’être accusée par ses détracteurs d’avoir fait peser un risque à son pays en ouvrant la porte à des centaines de milliers de réfugiés en 2015 et 2016. Une partie importante venait de Syrie, fuyant la guerre civile. L’extrême droite allemande en particulier a profité de ces inquiétudes dans l’opinion pour obtenir un score historique lors des élections législatives du 24 septembre.
L’Alternative pour l’Allemagne (AfD) a obtenu 12,6% des voix, un score jamais vu pour un parti de ce type dans l’histoire d’après-guerre du pays, et entend demander à la chambre des députés la création d’une commission d’enquête sur la politique migratoire de la chancelière. L’arrestation mardi du jeune Syrien intervient en outre au beau milieu de négociations entre le parti conservateur d’Angela Merkel, les Libéraux et écologistes en vue de tenter de former le nouveau gouvernement allemand. L’un des principaux points de friction porte sur la question migratoire, que démocrates-chrétiens et Libéraux veulent durcir alors que les Verts entendent faire preuve de davantage de souplesse.
AFP