Allemagne: le scandale « Cum-ex Files » éclabousse Olaf Scholz
Le chancelier allemand a été auditionné, ce vendredi, dans le cadre d’une commission d’enquête parlementaire sur cette vaste affaire de fraude fiscale. Un scandale qui fragile un peu plus son gouvernement.
Il a nié tout en bloc. Olaf Scholz est passé, vendredi 19 août, sur le grill de la commission d’enquête parlementaire sur le scandale « Cum-ex Files », une fraude à la fiscalité sur les dividendes qui éclabousse le chancelier allemand. Explications.
Scandale « Cum-ex Files » : une fraude fiscale tentaculaire
Le scandale dit des « Cum-ex Files », révélé en 2018, porte sur un dispositif ingénieux d’optimisation fiscale mis en place par des banques et permettant à des investisseurs étrangers d’alléger leurs impôts sur les dividendes.
Des dizaines de personnes ont été inculpées dans cette affaire en Allemagne, dont des banquiers, des traders, des avocats et des conseillers financiers. Une dizaine de pays au total sont concernés. Parmi les banques incriminées figure la Warburg à Hambourg, qui aurait dû rembourser 47 millions d’euros à la ville portuaire allemande, mais la municipalité y avait renoncé en 2016. La banque a finalement dû s’acquitter de dizaines de millions d’euros de remboursement sous la pression du gouvernement d’Angela Merkel.
Ce qui est reproché à Olaf Scholz
Les enquêteurs cherchent donc à savoir si des dirigeants politiques – et parmi eux Olaf Scholz, alors maire de la ville – ont fait pression sur le fisc municipal afin qu’il renonce à recouvrer ces impôts. La décision de renoncer au remboursement des sommes dues par la banque Warburg aurait été prise peu de temps après une conversation entre Olaf Scholz et Christian Olearius, alors responsable de la banque.
De nouveaux éléments révélés ces derniers jours mettent à mal la défense du successeur d’Angela Merkel. Plusieurs médias ont ainsi révélé ces derniers jours que des mails d’une proche de Olaf Scholz avaient été saisis par les enquêteurs et apporteraient des éléments « potentiellement probants » au sujet de « réflexions sur la suppression de données ». Ce mail « accable » Olaf Scholz, résume le quotidien « Frankfurter Allgemeine Zeitung. »
Chez un autre élu SPD, susceptible d’avoir joué un rôle dans le remboursement par la banque, les enquêteurs ont découvert plus de 200 000 euros en liquide dans un coffre-fort, alimentant les soupçons sur d’éventuels arrangements financiers occultes.
D’autres documents saisis suggèreraient en outre qu’Olaf Scholz, contrairement à ce qu’il a affirmé jusqu’ici, aurait bien abordé le sujet du remboursement directement auprès de Christian Olearius. Le journal populaire Bild a notamment publié vendredi des extraits du journal de Christian Olearius évoquant une réunion entre Olaf Scholz et lui le 26 octobre 2016. « Il pose des questions, écoute sans exprimer la moindre opinion et sans indiquer s’il entend agir ou non », aurait écrit le banquier après la rencontre.
Ce qu’il a répondu devant la commission d’enquête
Après avoir juré devant les parlementaires de dire la vérité, Olaf Scholz est d’emblée entré dans le vif du sujet. « Je n’ai exercé aucune influence sur la procédure fiscale Warburg », a notamment asséné le dirigeant allemand.
« Il n’y a pas eu d’influence politique sur la procédure fiscale », a martelé Olaf Scholz, balayant « suppositions et insinuations » relayées selon lui dans les médias.
Olaf Scholz nie avoir fait pression sur les responsables du fisc de la ville de Hambourg, qu’il a dirigée entre 2011 et 2018.
Une audition qui tombe mal pour le gouvernement
L’opposition s’est engouffrée dans la brèche pour critiquer le dirigeant de la première puissance économique européenne. « Les dernières révélations laissent supposer qu’Olaf Scholz et son entourage direct se sont efforcés de ne donner que des informations limitées sur certaines rencontres ou conversations téléphoniques (…) ou de les dissimuler volontairement afin de protéger l’actuel chancelier », dénonce ainsi Matthias Hauer, membre conservateur de la commission des Finances du Bundestag.
Elles tombent mal pour Olaf Scholz, devenu moins populaire que nombre de ses ministres, moins d’un an après son entrée en fonction. L’ex-maire de Hambourg peine à rassurer les Allemands, inquiets de possibles pénuries énergétiques cet hiver, en particulier de gaz, dans le contexte d’invasion russe de l’Ukraine.
Des gaffes fragilisent en outre le chancelier. Mardi, il n’a pas réagi immédiatement aux propos du chef de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, qui a comparé à Berlin lors d’une conférence de presse commune la politique israélienne envers les Palestiniens au génocide juif par les Nazis. Un manque de réactivité qui lui a attiré une volée de critiques.
Avec agences