Alzheimer: le 21 septembre, journée mondiale contre l’oubli
Par Nadia El Hachimi
La Journée mondiale de la maladie d’Alzheimer, commémorée ce samedi, représente l’occasion de faire le bilan sur l’avancée de cette maladie caractérisée par une détérioration des facultés cognitives et de la mémoire, causée par la dégénérescence progressive des cellules du cerveau.
L’Alzheimer est la forme plus répandue d’un groupe important de maladies neurodégénératives appelées « démences » avec une part allant de 60 à 70%, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
D’après l’Alzheimer Disease international (ADI), une fédération internationale regroupant plus de 80 associations, une personne développe une forme de démence toutes les 3 secondes et l’on estime à 50 millions le nombre de personnes atteintes en 2018.
Ce nombre doublera presque tous les 20 ans pour atteindre 80 millions en 2030 et 152 millions en 2050, avertit l’ADI dans son rapport « État actuel de la recherche sur la démence: Nouvelles frontières » (2018), en relevant que 58% des personnes atteintes de démence vivent actuellement dans des pays à revenu faible ou intermédiaire, alors que ce pourcentage atteindra 68% d’ici 2050.
Puisque la démence touche en grande partie les personnes âgées (15% des plus de 80 ans), le vieillissement de la population, notamment en Chine et en Inde, pourrait fortement impacter l’Asie et l’ouest du Pacifique.
Selon les estimations de l’OMS, 35,6 millions de personnes sont touchées par la maladie d’Alzheimer dans le monde et chaque année près de 7,7 millions nouveaux cas sont dénombrés.
Le nombre de malades Alzheimer devrait presque doubler tous les 20 ans, pour passer à 65,7 millions en 2030 et à 115,4 millions en 2050, ajoute la même source.
De nombreux facteurs peuvent augmenter le risque d’Alzheimer, notamment les antécédents familiaux, la génétique et l’âge, ainsi que certains problèmes de santé, comme les maladies cardiovasculaires et le diabète.
Par ailleurs, de nouvelles recherches indiquent que les maladies gingivo-buccales et les facteurs psychologiques comme le stress peuvent influencer les risques de démence
Au Maroc, cette maladie silencieuse qui débute habituellement par des troubles de la mémoire avant de conduire vers la démence, fait partie du quotidien de 150.000 personnes, selon des chiffres 2016 de l’Association Maroc Alzheimer, et depuis, ce chiffre aurait augmenté de « 30.000 cas par an ».
Il s’agit d’une pathologie particulièrement éprouvante tant pour le malade que pour la famille et les soignants, à en croire Nour El Hayat Bendahmane, présidente de l’Association Noor de la maladie d’Alzheimer de Kénitra (ANMAK).
Les familles des personnes atteintes paient un lourd tribut à la maladie, d’où la nécessité pour davantage de centres d’accueil dédiés à l’accompagnement des malades et de leurs entourage, a-t-elle déclaré à la MAP, mettant en avant les nombreuses séquelles psychiques, physiques, sociales et économiques de l’Alzheimer
Si les progrès réalisés en matière d’accompagnement des malades sont symbolisés par l’inauguration, en 2017 à Rabat, d’un centre d’accueil pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, il n’en demeure pas moins que davantage d’efforts sont nécessaires au niveau local pour répondre aux besoins croissants des personnes atteintes.
Revenant sur les principaux défis à relever en la matière, la présidente de cette association qui agit depuis 2014 pour que l’Alzheimer et les besoins des familles et des personnes malades soient reconnus, a souligné la nécessité de lever le « tabou » sur cette maladie insidieuse.
La sensibilisation, la formation d’accompagnateurs et l’interpellation des médias sont autant de pistes à suivre pour changer le regard que la société porte sur la maladie, a-t-elle assuré, ajoutant que la méconnaissance de l’Alzheimer est préjudiciable en ce sens qu’elle retarde le diagnostic et la prise en charge.
En effet, il n’est pas rare que les proches du malade attribuent les premiers symptômes de la maladie, à savoir les trous de mémoire et la difficulté à raisonner, au vieillissement ou à la folie à de la vieillesse ou de la folie, a expliqué Mme Bendahmane, qui sert depuis des décennies la cause des personnes atteintes d’Alzheimer.
Grâce au dépistage, il est possible d’améliorer considérablement la qualité de vie des patients avec une bonne hygiène de vie et des activités cognitives régulières et d’accompagner au mieux leur entourage, a ajouté la présidente de l’ANMAK.
Ce 21 septembre, le Maroc célèbre, à l’instar de la communauté internationale, la 26è Journée mondiale de la maladie d’Alzheimer. Il s’agit là d’une occasion d’interpeller sur la progression constante de la maladie dans le monde et de mettre en valeur le combat quotidien des associations, des professionnels de la santé et des familles pour préserver la dignité des personnes atteintes.
A cette occasion, l’Association Noor de la maladie d’Alzheimer de Kénitra organise une marche de sensibilisation ainsi qu’une conférence sur la maladie, en présence de plusieurs experts, professionnels de la santé et familles des malades.