Apprentissage à la lecture : des performances plus qu’inquiétantes
Le système éducatif marocain continue d’enregistrer des contre-performances liées aux faibles résultats scolaires notamment pour certaines disciplines comme la lecture, qui aujourd’hui continue un problème majeur pour les apprenants. Dans sa dernière sortie publique, le ministre de l’Education relève que 77% des élèves du primaire ont des difficultés à lire un texte arabe et 83% sont incapables de lire un texte en français. Ces résultats restent en deçà des objectifs du gouvernement, qui pourtant aidé par les partenaires traditionnels déploie tout une stratégie pour corriger cette défaillance, structurelle, mais aussi conjoncturelle.
Lors de son passage à la Chambre des représentants, le 10 novembre 2022, le ministre de l’Education nationale, Chakib Benmoussa, a fait une annonce qui doit inquiéter au-delà des parents et des enseignants, les autorités en charge de l’éducation, en premier d’entre elles, le ministère de tutelle.
Dans sa déclaration, Chakib Benmoussa annonce que 77% des élèves du primaire ont des difficultés à lire un texte arabe et 83% sont incapables de lire un texte en français.
Selon le ministre de l’Éducation, de nombreux élèves n’ont pas bénéficié des cinq premières années de l’enseignement primaire et rencontrent donc des problèmes d’apprentissage en sixième année (d’examen). Plus de 32 % des élèves de sixième année ne comprennent que 42 % du programme arabe et seulement 12 % des élèves de sixième année comprennent suffisamment de français pour pouvoir suivre les cours.
Les difficultés d’apprentissage seraient dues à l’absence d’enseignement primaire obligatoire, qui limite drastiquement les résultats et les possibilités du système éducatif. Les problèmes ont été exacerbés par les mesures liées à la pandémie du coronavirus dans l’éducation.
Aussi, les bas salaires des enseignants, les classes trop nombreuses et le manque d’enseignants contribueraient à la détérioration de la qualité de l’éducation.
Les difficultés d’apprentissage devraient entraîner une augmentation du nombre d’élèves qui décrochent le cursus scolaire, à cause surtout des coûts financiers et sociaux, qui ont un impact négatif sur le système éducatif et la communauté dans son ensemble.
L’alphabétisation précoce est essentielle à la réussite scolaire globale. De nombreuses études ont montré que les enfants ayant de faibles compétences en lecture sont plus susceptibles de prendre du retard à l’école, ouvrant ainsi la voie à un futur décrochage. Alors que des réformes importantes ont élargi l’accès des enfants à l’enseignement primaire, les élèves marocains sont encore loin derrière dans les évaluations internationales des apprentissages. En 2019 (avant la pandémie), les élèves de quatrième année du Maroc se sont classés 47e sur 50 pays participants dans l’étude internationale sur les progrès en lecture (PIRLS), a rapporté l’USAID.
L’alerte du CESE
De son côté, le Conseil social, économique et environnemental (CESE) du Maroc affirme qu’une stratégie nationale concertée doit être mise en place pour promouvoir la lecture.
Le rapport, intitulé « La promotion de la lecture, une urgence et une nécessité », recommande la tenue de conférences nationales pour élaborer une politique publique intégrée et partagée en faveur de la lecture.
En outre, le CESE a proposé que les autorités locales à travers le Maroc réservent un budget pour promouvoir la lecture, ainsi que pour promouvoir la production et la distribution de livres en mettant en place des incitations pour soutenir le secteur de l’édition.
Le CESE a déclaré que des incitations telles que des prix et des subventions à diverses catégories pour les auteurs marocains doivent être établies. Le CESE a ajouté que des activités régulières de lecture doivent être promues dans le système scolaire, en plus d’inscrire une semaine nationale de la lecture dans le calendrier annuel.
Le Conseil a également appelé au développement d’un réseau national de bibliothèques publiques locales, ainsi qu’à encourager le secteur privé à investir dans les bibliothèques scolaires et les centres culturels, et à créer des espaces de lecture dans tous les lieux de culte.