Après le vote du Conseil de sécurité, Alger se met envers et contre tous
Par Taieb Dekkar (*)
Dans un communiqué rendu public dimanche 31 octobre , 48 heures après l’adoption de la nouvelle résolution du Conseil de sécurité, l’Algérie se met envers et contre tous, revendiquant, à elle la seule au monde, à l’exclusion des quinze membres du conseil de sécurité, certaines hautes qualités de la personne humaine qui seraient propres à la junte militaire algérienne : la lucidité et la responsabilité.
L’Algérie des «envoyés spéciaux» récuse ces qualités aux membres du Conseil de sécurité que sont les Etats-Unis d’Amérique, la Russie, la Grande Bretagne, la France, la chine, l’Estonie, l’Inde, l’Irlande, le Kenya, le Mexique, le Niger, la Norvège, Saint-vincent et les Grenadines, la Tunisie, le Vietnam, individuellement puis collectivement.
La « force de frappe» mondiale, qui fait «trembler» les pays de la planète, à la seule évocation de «l’Algérie», ne serait pas prête à faire un petit effort de modestie surtout en direction des «pauvres» grandes puissances, surpassées par l’Algérie sur les terrains de la lucidité et de la responsabilité. L’Algérie «sœur» a effectivement démontré qu’elle était pourvue de clairvoyance, lorsque ses services de sécurité avaient abattu plus de 200.000 algériens, tandis que 20.000 autres sont portés disparus, lors d’une guerre civile qui aura duré plus de dix ans, conséquente à une décision arbitraire et illégale de suspendre des élections transparentes et honnêtes, de l’avis même des autorités de l’époque.
Les autorités algériennes ont également fait montre de lucidité, lorsqu’elles ont semé la misère parmi un vaillant peuple, que le Tout Puissant a doté de toutes les richesses du monde, en gaz et en pétrole, dont le produit est viré sur les comptes des Généraux en Europe, à cause des choix politiques et idéologiques désastreux imposés au peuple libre d’Algérie, en 1965, dont la création d’une république bananière sur son territoire, pour s’opposer aux intérêts historiques et stratégiques du Royaume chérifien ancestral du Maroc.
Dans les deux cas, les dirigeants algériens ont fait preuve d’un sens élevé de «responsabilité» dans la destruction de la fraternité maghrébine, arabe et musulmane, provoquant une rupture perpétuelle entre les peuples du «Maghreb des peuples» et des slogans vides de sens.
Aujourd’hui, sans vergogne, et face à une perspective sombre (pour l’Algérie), concernant la question du Sahara marocain, les «envoyés spéciaux» demandent au Conseil de sécurité d’enterrer 30 ans de travail pour revenir à 1991, et reprendre à zéro le processus de règlement de la question du Sahara marocain. En d’autres termes, les diplomates «chevronnés» algériens demandent au Conseil de sécurité pas moins qu’une marche-arrière pour faire plaisir à la « force de frappe » mondiale. Faute de quoi, la «grande puissance » du Maghreb et d’Afrique ne cautionnera pas le processus édicté par le Conseil de sécurité.
Envers et contre tous, l’Algérie qui surestimerait ses capacités et son rôle dans le concert des nations, défie les grandes puissances, qui ont la charge de la paix mondiale, et entend leur édicter la voie à suivre, comptant sans aucun doute sur la « crédibilité » du régime militaire, qui s’est imposé par la force aux algériens, depuis plusieurs décennies et qui, paradoxalement, offre ses conseils aux auteurs du coup d’Etat au Soudan sur la transition démocratique.
Nasser Bourita, le ministre vedette marocain des Affaires étrangères, avait raison de dire que, désormais, l’Algérie sera confrontée, non pas au Maroc, mais au Conseil de sécurité, dans son ensemble. Le refus ou le défaut de collaboration de l’Algérie et de ses mercenaires avec le nouvel Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU risque fort bien de mettre l’Algérie sur le banc des accusés, coupable de compromettre le processus de paix arrêté par la communauté internationale, sans aucune opposition. Quant au vote de la Tunisie, il reste dérisoire, insignifiant et marginal.
(*) Journaliste et écrivain