APSACO : Débat sur la médiation des conflits internes en Afrique
Le Policy Center for the New South (PCNS) a organisé la huitième édition de l’APSACO (African Peace and Security Annual Conference), qui s’est concentrée sur les mécanismes et les approches de médiation dans les conflits internes. Ce panel a exploré les stratégies innovantes pour une médiation interne en Afrique, en se focalisant sur des solutions adaptées pour une paix durable.
Le débat a abordé les réalisations et les limites des mécanismes des institutions actuelles et le processus de médiation. Parmi les questions clés, on a discuté des défis politiques et institutionnels dans la médiation en Afrique, de l’amélioration des acteurs africains en médiation, et des nouvelles pratiques de médiation sur le continent.
L’ancien Premier ministre de la Guinée, Kabiné Komara, a partagé son expérience dans la gestion de la transition post-coup d’État en Guinée. Il a souligné l’importance du leadership africain dans la médiation, le besoin de médiateurs crédibles familiers avec les contextes locaux, et le rôle pivot de la femme dans la résolution des conflits. Komara a été appelé par ECOWAS pour revoir les stratégies de négociation afin de résoudre les conflits régionaux complexes.
L’ancien Premier ministre du Burkina Faso, Lassina Zerbo, a mis en avant la contribution importante mais souvent négligée aux efforts de paix et de sécurité. Il a plaidé pour un mélange de méthodes de médiation traditionnelles et modernes, respectant les cadres culturels tout en intégrant les pratiques contemporaines. Zerbo a insisté sur l’adoption d’approches de médiation cohérentes et inclusives pour garantir une paix durable en Afrique.
Le Directeur de projet à l’international Crisis Group, Jean Herve Jezequel, a ouvert la discussion en examinant l’état persistant instable au Sahel. Il a attribué l’échec des efforts de stabilisation à une dépendance excessive à l’égard des réponses militaires et à un dialogue politique insuffisant. Jezequel a souligné la nécessité de trouver des solutions locales, en mettant en avant le rôle des femmes, des chefs traditionnels et des chefs religieux dans la revitalisation des efforts de consolidation de la paix.
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Le Conseiller principal à l’unité d’appui à la médiation des Nations Unies, Ajay Sethi, a abordé cette question en se concentrant sur les défis du renforcement des capacités au niveau local, national et régional. Il a souligné l’importance de la viabilité financière des processus de paix et a plaidé en faveur d’une approche adaptée qui respecte les contextes culturels et politiques uniques de chaque région.
Le panel a également exploré les innovations pour renforcer la coordination entre les niveaux local, national, régional et international. L’objectif était de développer des approches intégrées pour une gestion coordonnée et non concurrentielle des conflits. Parmi les questions clés, on a discuté comment mieux intégrer les approches de médiation de l’UA, des CER et des Nations Unies, comment consolider les normes traditionnelles dans le processus de médiation, et comment identifier les synergies possibles entre le leadership de l’Union Africaine, la primauté des CER, la participation de la société civile et la souveraineté des États touchés par un conflit.
Le conseiller principal à l’Institute for Security Studies, Paul Simon Handy, a souligné que les accords de paix et de sécurité en Afrique nécessitent des outils de médiation améliorés. Il a également souligné que l’Union Africaine avait fait des progrès dans la professionnalisation de ses efforts de médiation mais qu’il y avait un écart entre les mandats et les réalités. Handy a plaidé en faveur d’une meilleure coordination, d’une implication accrue de la société civile et du secteur privé, ainsi qu’un investissement plus important dans la prévention des conflits.
Quant à l’ancien ministre des Affaires étrangères et de la coopération de Mauritanie, Ahmedou Ould Abdallah, il a mis en lumière le rôle crucial d’une bonne gouvernance et d’une liberté. M. Abdallah a appelé la communauté internationale à accorder une plus grande attention aux questions africaines et à améliorer la gouvernance afin de parvenir à une paix durable.
La directrice du réseau méditerranéen des femmes médiatrices, Loredana Teodorescu, a souligné l’importance d’intégrer les femmes dans le processus de médiation et de jeter des ponts entre les différents niveaux d’engagements. Elle a plaidé en faveur de l’inclusivité, des partenariats mondiaux, et du soutien financier pour résoudre les problèmes structurels. Madame Teodorescu a insisté sur le fait que l’amplification de voix diverses est essentielle pour une résolution efficace des conflits et une paix durable.
Quant au professeur associé à l’Université Polytechnique Mohammed VI, M. Norman Sempijja, a souligné la nature sous-développée du maintien de la paix et la nécessité d’une médiation continue. Soulignant l’importance de la légitimité et du rôle des différents acteurs dans le processus de paix. M. Sempijja a souligné que le maintien de la paix doit s’adapter et être continu, avec des médiateurs légitimes pour parvenir à une paix durable, comme on l’observe dans la complexité des conflits comme ceux du Soudan et de la Libye.