Åse Ask Belmahi expose à Bab Rouah : entre cosmopolitisme et quête de l’authenticité
Par Hassan Alaoui
Placée sous le Haut patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI dans le cadre de la 5ème édition du Florilège culturel, ayant pour thème majeur cette année : « La ville de demain, de la Cité vertueuse à la ville intelligente » que l’Association Ribat al-Fath nous propose, une importante exposition de peinture ouvre ses portes ce vendredi 1er décembre à Rabat. Elle présente les œuvres de Mme Åse Ask Belmahi. Une artiste peintre dont la diversité créative représente avec sensibilité et chaleur, outre un long parcours, la tendre complexité de notre monde. Son regard pertinent et subtil ne nous laisse guère indifférents.
Elle est cosmopolite avec la multidimension que ce terme recouvre, native d’un grand pays scandinave, la Norvège, terre de culture, de mythes et de récits, polyglotte, artiste et très attachée au Maroc par son mariage avec Mohammed Belmahi, ancien ambassadeur du Maroc au Royaume Uni. Åse Ask Belmahi nous offre ce vendredi 1er décembre le bonheur de découvrir ses travaux, sa peinture à l’occasion d’une cérémonie de vernissage organisée à la Galerie Bab Rouah de Rabat par l’Association Ribat al-Fath pour le développement durabe.
Cette exposition durera quelques semaines et déclinera l’œuvre picturale d’une artiste peintre qui a voué sa vie à la peinture et à la valorisation du patrimoine profond, national et international à la fois. Åse Ask Belmahi projette un regard tendre sur le monde, elle peint sa fraîcheur, ses couleurs, et décrypte ses soubassements en inventant un langage avec la finesse d’un pinceau original, attentif et déployé avec ardeur et sensibilité. La nature, les objets, les couleurs et les mouvements sont restitués à travers une peinture réaliste.
Nous y voyons comme un message universel dans cette peinture à la fois livresque, où les couleurs incarnent la vie riche de tous les jours et une dimension de calme et de sagesse. C’est peu dire que le jeu des influences – culturelles notamment – est d’autant plus présent qu’il reflète comme une confluence intercivilisationnelle, cette osmose entre les patrimoines, scandinave d’un côté, marocaine de l’autre sur fond d’une quête : le ressourcement patrimonial. La longue liste d’objets peints par Åse Ask Belmahi témoigne d’une quête quasi identitaire – disons doublement – qui nous décrivent un puissant vécu, un récit de voyage digne d’un Tristes Tropiques de Claude Léy-Strauss, plaidoyer de l’universalisme.
En fait, les pièces peintes par cette artiste norvégienne nous renvoient à un miroir où l’acte de peindre s’inspire d’une rude et fantastique simplicité, un art de la couleur où la luminosité côtoie un sidéral paysage de la neige, le crépuscule et la blancheur boréale, les couleurs ocre de Marrakech … Åse y livre son âme, nous renvoie à sa longue quête identitaire croisée, nous projette dans le feu du questionnement sur nous-mêmes et pourquoi pas sur l’humanité livrée à un scrupuleux questionnement sur elle-même. La peintre, l’artiste est ici comme la commise, messagère qui nous éclaire les chemins de la liberté. Des années de quête, ce son à coup sûr un combat de chaque jour ou chaque minute pour identifier un thème de peinture, quelque chose comme la recherche de la vérité, cette vérité plurielle, cette hantise de l’unité qui n’est possible que par l’acte de dessiner l’espérance chaque jour lointaine, mais plus proche à vrai dire.
J’aime cette peintre du réel que nous livre Mme Åse Ask Belmahi qui est à la créativité originale – la sienne – ce que l’élévation suprême est à l’art. Une sorte de pierre tombale philosophique, une invite transcendantale à la fugacité du monde, à sa frugalité dessinée par une artiste qui a su, qui sait saisir sa réelle dimension, nous inciter au petit geste de redécouverte des choses simples de notre quotidien, un arbre, un oiseau, une neige en gestation, un lac et un ciel qui chaque jour se rebellent à nos regards désabusés.
Fiche
Née à Oslo-Norvège, Madame Åse Ask Belmahi est titulaire d’une License ès Beaux-Arts (Bachelor in Environnemental Design), avec spécialité en Architecture de la Parsons School of Design à New York (1975). Elle a également une Licence ès Lettres françaises de l’Université d’Oslo. En 1976, elle s’installe à Rabat, au Maroc, où elle poursuit d’abord une carrière en architecture, sans jamais renoncer à la peinture. Ase a également vécu et peint dans des pays comme les Etats-Unis, l’Inde et le Royaume-Uni. L’artiste apprécie des peintres tels que Léonard de Vinci, Matisse, Munch et le marocain André El-baz. Elle se sent par ailleurs proche de l’École de peinture de Tétouan ainsi que celles des Flamands, des Orientalistes et des Miniaturistes persans et indiens. Ses propres peintures sont influencées par les différentes cultures auxquelles elle a été exposée.