Assilah: « La démocratie ne se décrète pas mais elle s’apprend »
Les intervenants lors d’un panel sur « l’Afrique et la bonne gouvernance » ont souligné, samedi à Assilah, que la démocratie constitue un pilier majeur pour l’instauration d’une gouvernance « transformatrice » et de « développement » en Afrique.
« La démocratie constitue un pilier majeur pour l’instauration d’une gouvernance transformatrice et de développement en Afrique, qui tient compte de la pluralité culturelle et ethnique des peuples et de l’identité africaine authentique« , ont précisé les participants à ce panel, qui s’inscrit dans le cadre d’un colloque sous le thème « l’Afrique et le monde: quel monde pour l’Afrique?« , organisé dans le cadre du 39ème Moussem Culturel international d’Assilah.
Intervenant à cette occasion, Mbuyi Kabunda Badi, professeur en relations internationales et études africaines à l’Université autonome de Madrid, a souligné que le concept de la bonne gouvernance s’articule autour des principes de justice sociale, de la démocratie et des droits de l’Homme, notant que la démocratie doit être perçue comme l’une des valeurs internes propres aux pays africains et ne doit en aucun cas être importée de l’étranger.
« La démocratie ne se décrète pas mais elle s’apprend« , a-t-il lancé, soulignant l’importance de concilier la tradition et la modernité, en faveur de la consécration de l’identité africaine ancestrale.
Pour sa part, le nigérien Okey Onyejekwe, professeur d’économie politique africaine, a souligné que la bonne gouvernance constitue une condition sine qua non pour que les pays africains deviennent des acteurs dans l’économie mondiale, soulignant la nécessité de s’engager dans un processus d’édification démocratique, de transparence et de bonne gouvernance, à même de promouvoir le développement de l’Afrique.
S’interrogeant sur la pertinence de la bonne gouvernance pour le développement, cet expert auprès de la commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), a précisé que la bonne gouvernance joue un rôle fondamental dans le renforcement de la sécurité et la prévention des conflits, et favorise l’émergence d’une Afrique solide, intégrée et réconciliée avec elle-même.
De son côté, le secrétaire exécutif du Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique (CODESRIA), Ebrima Sall, a souligné l’impératif d’instaurer les principes d’une gouvernance transformatrice et tournée vers l’avenir, en vue de mieux gérer les transformations majeures qui s’opèrent dans le monde, en particulier dans le domaine des nouvelles technologies, et ce en faveur de l’émergence d’une Afrique unie, démocratique et intégrée dans l’économie mondiale.
« Il appartient aux Africains d’être des co-producteurs du discours lié à leur sort et l’avenir de leur continent« , a-t-il insisté, mettant l’accent sur la promotion de la recherche scientifique et le développement des savoirs et des compétences, à même de renforcer la stabilité et le développement durable.
Quant à Adama Gaye, journaliste et écrivain sénégalais, il a tenu à saluer le leadership de SM le Roi Mohammed VI et à rendre hommage à l’engagement personnel inébranlable du Souverain en faveur de l’Afrique, qui constitue une priorité de la politique étrangère du Royaume.
Après avoir évoqué la définition de la bonne gouvernance, M. Gaye a estimé que le manque de crédibilité est l’un des obstacles majeurs à la consolidation de la bonne gouvernance, et partant à la promotion du développement durable dans le continent.
« Bien que les pays africains disposent d’institutions de gouvernance, elles restent inefficaces avec un développement seulement sur le plan théorique« , a fait savoir le directeur du Centre d’études Afrique Moyen-Orient, Khalid Chegraoui, appelant à revaloriser les systèmes sociaux des pays africains qui ont eu des résultats significatifs dans la résolution des conflits.
Pour le président de la Fondation pour le développement et les échanges internationaux, ancien ministre des Affaires étrangères du Cap Vert, Victor Barbosa Borges, les pays africains sont appelés à adopter un modèle de gouvernance fondé sur une vision spécifique au continent, loin des propositions des parties étrangères qui ignorent les particularités du continent.
Placée sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI, cette manifestation, initiée par la Fondation du Forum d’Assilah, prévoit l’organisation de trois autres rencontres dans le cadre de la 32-ème session de l’université d’été Al-Mouatamid Ibn Abbad autour des thèmes du « populisme et l’ordre de la gouvernance démocratique » (12-14 juillet), « les musulmans en occident: réalités et aspirations » (17-19 juillet) et de « la pensée arabe contemporaine et la question religieuse » (21-23 juillet).