Assurance au Maroc : Un marché émergent à fort potentiel

Le « Rapport mondial sur l’assurance 2025 » publié par le cabinet McKinsey met en lumière la situation particulière du secteur de l’assurance au Maroc, un marché qui reste encore largement sous-développé malgré son potentiel. Actuellement, les assurances de personnes représentent moins de 2 % du PIB national, un chiffre qui contraste fortement avec celui des grandes puissances économiques mondiales, telles que les États-Unis, la Chine ou l’Allemagne.

Le rapport analyse en profondeur la place du Maroc dans le paysage mondial de l’assurance, en soulignant la modeste participation de ce secteur dans l’économie marocaine tout en mettant en avant les perspectives de croissance qu’offrent les réformes économiques récentes, l’innovation technologique et les politiques publiques mises en place par le gouvernement.

Le Maroc fait partie de ces pays où l’assurance reste encore sous-représentée, mais ce constat n’empêche pas les experts de considérer le pays comme un marché émergent à fort potentiel. En raison de ses réformes économiques et de ses politiques visant à renforcer la modernisation du secteur financier, le Maroc est vu comme un acteur clé dans la région Moyen Orient et Afrique du nord (MENA) avec un espace de croissance encore considérable dans le domaine des assurances.

Malgré un revenu par habitant moyen dans la région, le Maroc bénéficie de multiples opportunités de développement à long terme. Ce potentiel a déjà attiré l’attention des investisseurs internationaux, en particulier dans un contexte où le pays met un accent particulier sur la numérisation de ses services financiers. Cette modernisation numérique pourrait bien être l’un des moteurs majeurs de croissance pour le secteur de l’assurance, tout en contribuant à la diversification de l’économie marocaine. La transition vers des services financiers digitaux, notamment grâce aux fintechs (technologies financières), constitue un levier important pour étendre la couverture d’assurance et rendre les services plus accessibles aux populations non couvertes jusqu’à présent.

Cependant, plusieurs obstacles continuent de freiner l’expansion du secteur de l’assurance au Maroc. L’un des défis majeurs reste la faible sensibilisation de la population à l’importance des produits d’assurance, notamment en dehors des grandes agglomérations. Les pratiques traditionnelles dominent encore largement les transactions, et une grande partie de la population continue de se méfier des produits d’assurance, les percevant comme un luxe ou une dépense superflue. En conséquence, les assureurs se trouvent confrontés à la difficulté d’élargir leur clientèle et de couvrir des risques émergents. Ce manque de culture de l’assurance, couplé à une offre peu diversifiée dans certaines régions, limite les perspectives de croissance du marché.

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Toutefois, ces défis peuvent être surmontés grâce aux avancées dans les technologies financières (fintech), qui offrent une réelle opportunité de transformation pour le secteur de l’assurance. La digitalisation des services financiers peut permettre de réduire les obstacles d’accès aux produits d’assurance, notamment pour les populations rurales ou sous-bancarisées. En simplifiant le processus de souscription, en offrant des produits plus adaptés aux besoins locaux et en abaissant les coûts de distribution, les fintechs peuvent rendre l’assurance accessible à une plus large part de la population. De plus, l’utilisation de la technologie peut améliorer l’efficacité des compagnies d’assurance et leur permettre de mieux gérer les risques en offrant des solutions plus personnalisées.

Un secteur en pleine mutation

À l’échelle mondiale, McKinsey prévoit une augmentation de 9,5 % des primes d’assurance, atteignant un total de 1.100 milliards de dollars d’ici 2025. Cette progression est supérieure au taux de croissance nominal du PIB mondial, bien qu’elle reste inférieure aux niveaux observés avant la pandémie. Dans les économies avancées, cette hausse des primes résulte principalement d’une augmentation des tarifs, alors que dans les marchés émergents, tels que le Maroc, les opportunités de croissance demeurent plus importantes, en raison de la faible pénétration des assurances.

L’évolution démographique mondiale, notamment le vieillissement de la population, ainsi que les nouvelles habitudes de consommation des clients, offrent également aux assureurs des opportunités pour repenser leurs produits et leur modèle de distribution. En réponse à l’évolution des besoins des consommateurs, de nombreux assureurs ont commencé à intégrer des solutions d’assurance dans des achats plus globaux de biens et de services, créant ainsi de nouvelles avenues pour capter la demande.

De plus, les nouveaux modèles de mobilité, notamment avec l’essor des véhicules autonomes et de la mobilité partagée, obligeront les assureurs à repenser leur approche de la distribution, de la tarification, de la conception des produits et de la gestion des sinistres. La croissance des risques physiques, notamment liés aux catastrophes naturelles, imposera également aux assureurs de renforcer leurs capacités à gérer, atténuer et transférer ces risques en utilisant des technologies avancées telles que l’intelligence artificielle et les données massives (big data).

Dans ce contexte, le Maroc se trouve dans un carrefour, où les réformes structurelles et une meilleure utilisation de la technologie pourraient en faire un acteur majeur dans le secteur de l’assurance dans la région MENA et au-delà. Les opportunités sont nombreuses, mais elles nécessitent un engagement stratégique fort, une adaptation continue aux évolutions du marché et une politique de sensibilisation accrue pour encourager la population à adopter les produits d’assurance.

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