Athènes et Madrid acceptent un accord avec Berlin pour la reprise de migrants
L’Espagne et la Grèce ont donné leur accord pour reprendre les migrants arrivant en Allemagne mais déjà enregistrés chez eux dans les bases de données européennes, a annoncé vendredi le gouvernement allemand dans un communiqué.
« La Grèce et l’Espagne sont prêtes à reprendre les demandeurs d’asile qui seront interpellés à l’avenir à la frontière germano-autrichienne par les autorités allemandes, dans la mesure où ils disposent d’une entrée EURODAC de l’un de ces deux pays », a indiqué le gouvernement.
Ces accords « transitoires » sont nécessaires en attendant « l’entrée en vigueur d’un système d’asile européen commun », une question qui déchire les 28.
La chancelière Angela Merkel avait promis ce type d’accords bilatéraux au sein de l’UE et des avancées au Conseil européen des 28 et 29 juin pour convaincre son ministre de l’Intérieur Horst Seehofer de renoncer à son projet de refouler unilatéralement dès début juillet tout demandeur d’asile enregistré dans EURODAC.
M. Seehofer, un Bavarois très conservateur, a fait d’un durcissement des conditions d’accès au système d’asile allemand un casus belli, fixant un ultimatum à Mme Merkel: des mesures efficaces au niveau européen ou le ministre passera outre le veto de la chancelière et refoulera tout arrivant indésirable vers ses voisins.
A Bruxelles, Mme Merkel a indiqué que les décisions du sommet de l’UE et les accords bilatéraux négociés ou en cours de négociation ont « un effet qui est plus que l’équivalent » des mesures voulues par le ministre.
L’ensemble de ces avancées doivent être examinées dimanche par le parti de Mme Merkel (CDU) et celui de M. Seehofer (CSU), deux formations alliées depuis 1949 mais qui se sont retrouvées au bord du divorce en raison du débat migratoire.
>>Lire aussi :Migrations: ce que contient l’accord conclu entre les 28
La fronde de M. Seehofer, si elle était menée au bout dimanche, pourrait conduire à la chute de Mme Merkel, son gouvernement n’ayant pas la majorité sans la CSU.
Le ministre de l’Intérieur est un opposant de longue date au large accueil des demandeurs d’asile décidé en 2015 par la chancelière, alors que l’Europe était confrontée à une crise des réfugiés sans précédent depuis la fin de la Seconde guerre mondiale.
Cette année-là, l’Allemagne a accueilli 890.000 demandeurs d’asile.
Alors que les pays européens se déchirent sur la question migratoire depuis cette crise, le sommet de l’UE a abouti dans la nuit de jeudi à vendredi à un compromis à l’arraché.
Il propose une « nouvelle approche » avec la création de « plateformes de débarquement » de migrants en dehors de l’UE pour dissuader les traversées de la Méditerranée.
L’accord appelle aussi les Etats membres à « prendre toutes les mesures » internes nécessaires pour éviter les déplacements de migrants entre pays de l’UE, ces « mouvements secondaires » convergeant souvent vers l’Allemagne, où ils sont au coeur du débat politique qui fragilise Angela Merkel.
Quant à la répartition des réfugiés dans l’UE, elle se fera sur une base volontaire pour ménager les pays d’Europe centrale et orientale opposés à tout mécanisme obligatoire.