Au Maroc, la lutte contre le crime organisé transfrontalier est appréhendée dans une logique globale
Au Maroc, la lutte contre le crime organisé transfrontalier est appréhendée dans une logique globale, a affirmé, vendredi à Varsovie, le Wali, directeur de la migration et de la surveillance des frontières au ministère de l’Intérieur, M. Khalid Zerouali.
Cette logique »intègre des réformes législatives et institutionnelles structurantes portant sur plusieurs domaines inhérents au blanchiment des capitaux, la crypto monnaie, la cybercriminalité, la contrebande, les produits à double usage, la lutte contre la traite, la lutte anti-terroriste et le trafic des armes’’, a indiqué M. Zerouali, qui intervenait lors de la 25ème conférence internationale de la police aux frontières, organisée du 26 au 28 octobre courant par l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes (Frontex).
Dans cette approche, la surveillance des frontières demeure, selon lui, un axe majeur et central, d’autant plus que « le concept des frontières a évolué et les nouvelles frontières se traduisent par une connexion décloisonnée entre tous les pays même en l’absence de frontières physiques ou de lignes de démarcation ».
D’où la nécessité, a-t-il dit, d’une coopération plus forte entre les partenaires sur les frontières intelligentes et les mécanismes de contrôle.
Revenant sur les actions du Royaume, le responsable a relevé que le Maroc a mis en place et entretient avec un coût exorbitant un dispositif d’envergure de contrôle de ses littoraux Méditerranée et Atlantique (deux façades maritimes sur une longueur de plus de 3.200 km) et de ses tracés frontaliers afin d’interdire les activités transfrontalières illicites.
« Le dispositif de surveillance mis en place ne s’inscrit pas dans une logique de mono ciblage visant uniquement le trafic des migrants, mais représente un bouclier contre toutes les formes de criminalité organisée », a-t-il expliqué, notant que la résilience du dispositif de surveillance est également mise en exergue par sa configuration opérationnelle singulière, puisque, non seulement, il contre les tentatives d’infiltration sur le territoire national, mais de manière concomitante il neutralise, dans le cadre de sa contribution majeure à la sécurité régionale, les tentatives de trafic transfrontalier, à partir du territoire national.
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« A travers cette stratégie, des résultats tangibles ont été obtenus », s’est félicité M. Zerouali, évoquant dans ce sens l’avortement de plus de 560.000 tentatives de migration irrégulière au cours de la dernière décennie, outre le démantèlement de plus de 2.000 réseaux de trafic de migrants et des êtres humains, la saisie de quantités importantes de stupéfiants et l’avortement de plusieurs projets terroristes planifiés aussi bien sur le territoire national que dans plusieurs pays amis en Europe.
« La sécurité des frontières et la lutte contre les réseaux de trafic transfrontaliers ne peuvent être l’apanage d’un seul pays », a-t-il insisté, notant qu’une « coopération internationale concrète, franche et loyale est la clé de voûte pour espérer des résultats décisifs en se donnant les moyens des ambitions affichées ».
Toutefois, M. Zerouai a estimé que les efforts multilatéraux sont « fragmentés et ne permettent pas une réaction adaptée et rapide face aux enjeux actuels ».
« Notre rencontre aujourd’hui est une opportunité pour explorer les moyens de rendre l’outil multilatéral plus efficace et plus soucieux de la synergie entre les différentes aires de coopération entre les deux rives de la Méditerranée », a-t-il dit.
M. Zerouali a mis, à cet effet, en avant la relation stratégique et la dimension partenariale plurielle des relations du Maroc avec l’UE, relations lesquelles s’inscrivent « dans une dynamique constante de renforcement ».
Se réjouissant du capital de confiance qui imprègne la coopération du Maroc avec Frontex, le responsable s’est dit certain que « nos discussions nous permettront de baliser une feuille de route pour des actions concrètes et efficientes visant à faire face aux menaces partagées auxquelles nous sommes confrontés ».
A cette occasion, le directeur de la migration et de la surveillance des frontières au ministère de l’Intérieur a détaillé les différents défis posés par les activités criminelles des réseaux de trafic transfrontalier, qui entravent la dynamique de développement des pays, mettant à nu les liens avérés de ces réseaux avec les groupes terroristes et séparatistes.
« L’impact multiforme de ces activités criminelles touche tous les secteurs aussi bien économiques avec la multiplication des flux financiers illicites, la fraude fiscale et le blanchiment de capitaux qui détruisent la structure de croissance des pays », a-t-il souligné.
“La menace de ces réseaux criminels prend toute son ampleur sur le plan sécuritaire », a-t-il averti, notant que leur dangerosité est « pérennisée par leur vitalité financière qui est nourrie par l’élasticité des marchés où ils opèrent avec un vivier ininterrompu de candidats à l’émigration irrégulière, de victimes de traite et de consommateurs de produits illicites ».
Sur le plan de la préservation de l’environnement, ces réseaux pillent les ressources naturelles avec les extractions illicites des minerais, la déforestation, le trafic des espèces animales protégées ainsi que les déchets chimiques nucléaires et les substances super polluantes, a-t-il fait savoir.
De plus, a-t-il poursuivi, les activités de ces réseaux dans le domaine de la santé (produits alimentaires périmés, produits psychotropes et drogue, médicaments contrefaits et même les faux tests PCR pendant la pandémie Covid-19) confirment leur propension « à exploiter sans scrupules toutes les niches de profit ».
Selon M. Zerouali, la capacité de renouvellement des stratagèmes et modus opérandi des réseaux criminels de trafic transfrontalier, notamment à travers l’utilisation des nouvelles technologies de l’information, est “un vrai défi pour les services de sécurité qui doivent constamment adapter leurs moyens de prévention, de lutte et de réactivité opérationnelle”.
Et de préciser que ces réseaux, de plus en plus structurés, exploitent la vulnérabilité des frontières qui leur offre un corridor d’infiltration et des routes balisées pour brasser leurs activités criminelles transfrontalières, et n’hésitent pas à mutualiser leurs services et moyens avec les groupuscules terroristes et leurs pendants séparatistes.
Dans cette logique, a-t-il dit, « le crime transfrontalier est devenu au cœur des stratégies de survie, d’implantation et d’expansion des groupes séparatistes et des groupes terroristes qui constituent aujourd’hui la face gémellaire de la matrice de criminalité transfrontalière, qui sévit dans plusieurs régions du monde”.
S’agissant de la vulnérabilité des frontières, un domaine prioritaire où devrait s’illustrer concrètement la notion de responsabilité partagée pour aider les Pays du Sud à sécuriser leurs frontières, le responsable a assuré qu’il s’agit d’un impératif opérationnel de premier ordre qui trouve toute sa logique dans le postulat de base lié à l’indivisibilité de la sécurité faisant que « la vulnérabilité d’un seul partenaire impactera inévitablement tout le monde ».
Dans le cadre de la réunion Frontex-Maroc, la troisième d’une série de discussions annuelles dans le cadre du comité mixte Frontex-Maroc, M. Zerouali a tenu une réunion avec la directrice exécutive par intérim de Frontex, Aija Kalnaja. A cette occasion, la responsable européenne a souligné le rôle du Maroc en tant que partenaire ‘’fiable et crédible pour relever les défis communs ».
Avec MAP