Au Maroc, les bases de la refonte du système de santé sont posées
Par Kenza El Rhana
Si Rome ne s’est pas faite en un jour, c’est également le cas de la refonte du système de santé marocain. Adoptée en juillet par le Conseil des ministres, la loi-cadre sur la réforme du système de santé a été votée et approuvée par le Parlement le 21 décembre dernier. La ministre de l’Économie et des finances, Nadia Fettah Alaoui, a présidé mercredi 25 janvier une réunion du Conseil d’Administration de la Caisse nationale de Sécurité Sociale (CNSS) et dressé le premier bilan des actions déployées pour provoquer la hausse du nombre total d’assurés. Retour sur les progressions constatées et les chantiers entamés.
La volonté du gouvernement de faire de la santé un levier de développement économique, social et environnemental est en bonne voie. Au cours de l’année 2022, le nombre des bénéficiaires inscrits au régime de la CNSS est passé de 7,8 millions à plus de 23,2 millions de citoyens. Pour intégrer les 3 millions de travailleurs non-salariés ayant droit et les quelque 10 millions d’ex-ramedistes au régime de l’Assurance Maladie obligatoire (AMO), il a fallu créer 1400 postes supplémentaires, 47 nouvelles agences de proximités, 45 agences mobiles et 10 000 centres de contact. La ministre a également noté l’augmentation des prestations à 25,3 milliards de dirhams, des cotisations dues à 9,2 milliards de dirhams ainsi que l’amélioration dans le traitement et le remboursement des dossiers dont le délai moyen ne dépasse pas 8 jours pour les assurés et 14 jours pour les prestataires de soins.
Un pas après l’autre
En bouclant le chapitre de la sécurité sociale, le gouvernement peut s’attaquer à ce qui sera son nouveau chantier : la modification des conditions d’attribution des allocations familiales aux fonctionnaires, personnels militaires et agents de l’Etat, des municipalités et des établissements publics.
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Venant compléter les dispositions de l’article 8 du décret 2.58.1381 en augmentant de 64 % le montant des allocations familiales sur le 4e, 5e et 6e enfants, les faisant passer de 36 à 100 DH par mois.
Vers de nouveaux défis
Concernant la santé, les objectifs sont également multiples. Au cœur du débat national, la tarification des prestations médicales publiques et privées doit également être révisée en ce début d’année. Les discussions auraient déjà commencé entre le Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM), l’Agence nationale de l’assurance maladie (ANAM) et la CNSS. Des propositions telles que la taxation des produits nocifs seraient étudiées.
Cette révision devrait permettre la valorisation des ressources humaines, angle primordial de la réforme du système de santé. Rappelons que le déficit en matière de médecins et de professionnels de santé ne cesse de se creuser et qu’un médecin marocain sur trois décide d’exercer à l’étranger.
Enfin, l’année 2023 devrait asseoir la position de la Haute Autorité de la Santé et d’organismes nouveaux comme l’Agence marocaine du médicament et des produits de santé (AMMPS) et l’Agence du sang et de ses dérivés. La construction de nouveaux groupements sanitaires, la labellisation des structures et le vérouillement du parcours coordonné des soins, devraient également connaître une accélération face à la nécessité de réorganiser les relations régionales et d’optimiser les coûts, tout en améliorant la compétitivité des établissements de santé marocain à l’international.