Baisse « accentuée » de la fécondité depuis les années 60
Le nombre moyen d’enfants par femme, après avoir culminé à plus de 7 enfants par femme au cours des années 1960, a chuté à près de 2,21 enfants en 2014, estime le Haut-Commissariat au Plan, soit 2,01 en milieu urbain contre 2,55 en milieu rural.
Cette baisse « accentuée » de la fécondité s’explique principalement par le changement dans le calendrier de la nuptialité et dans une grande mesure, le recours de plus en plus massif à la contraception, souligne le HCP qui vient de publier une note d’information à l’occasion de la célébration, mardi, de la journée mondiale de la population.
Ainsi, l’âge au premier mariage féminin, à moins de vingt ans vers les années soixante, est passé à plus de 25,7 ans en 2014, constate le HCP.
« Si la tradition du mariage précoce et universel prédominait au Maroc en 1960, et plus souvent arrangé dès la puberté, les mutations socio-économiques, qui ont marqué la société marocaine durant les cinq dernières décennies, ont entraîné un bouleversement de cette situation », explique-t-on.
La note fait ressortir également que la prévalence contraceptive a connu une augmentation très importante au fil des années, précisant qu’avec environ 6% des femmes en âge de reproduction utilisant une méthode contraceptive en 1960, elle est passée à 19% en 1979, à 63% en 2004 et à 67,4% en 2011. La prévalence contraceptive se situe à 65,5% en milieu rural et à 68,9% en milieu urbain.
La planification familiale au Maroc est de plus en plus orientée vers l’utilisation de la contraception moderne avec une prévalence de 55%. Le recours aux méthodes traditionnelles ne représente qu’une prévalence de 8%, selon le HCP.
L’utilisation de la contraception chez les femmes selon le niveau d’instruction fait apparaître des différences relativement modestes. Ainsi, le taux de prévalence passe de 86,9% chez les femmes n’ayant aucune instruction à 90,8% chez celles ayant atteint le niveau secondaire, ajoute-t-on.
La prévalence reste très faible (11%) chez les femmes n’ayant aucun enfant et s’accroît fortement avec la parité. Elle atteint 70,1% chez les femmes ayant un à deux enfants et 79,3% chez celles qui ont trois à quatre enfants, précise la même source.
Au-delà de la baisse de la fécondité, la planification familiale aurait contribué à réduire considérablement les risques de morbidité et des mortalités maternelles et infantiles, constate le HCP, notant que la mortalité maternelle a chuté significativement, passant de 227 décès pour 100.000 naissances vivantes en 2004 à 72,6 en 2016.
Sur un autre registre, le HCP relève que l’aptitude à lire et à écrire et la scolarisation diplômante ont ouvert aux femmes de nouvelles perspectives quant à leur autonomie et insertion professionnelle, engendrant ainsi le recul de leur âge au mariage et le recours de plus en plus massif à la contraception.
L’amélioration de la scolarisation des filles de 7-12 ans, avec un taux net dans le primaire de 94,4% en 2014, a été accompagnée par une alphabétisation des femmes marocaines se situant à 57,9% en 2014 au lieu de 4% en 1960, précise le HCP.
Pour sa part, la participation des femmes à la vie active au Maroc est également en amélioration. D’environ 17% en 1982, leur taux d’activité est passé à 25,1% en 2014, souligne-t-on.
Par ailleurs, le recul accentué de la fécondité amorçant une tendance à la baisse de la population âgée de moins de 15 ans, conjugué à la forte croissance de la population potentiellement active et un poids des générations âgées encore supportable, « offre au Maroc une aubaine démographique », relève le HCP.
L’indice de dépendance, qui exprime la charge de la population active en termes de population inactive, connaît une diminution depuis 1970, fait savoir le HCP, notant que cette diminution devrait se prolonger d’ici 2030 avant de reprendre une croissance soutenue jusqu’en 2050.
Et de conclure que la valorisation de ce bonus démographique requiert des investissements importants dans les domaines de l’éducation, notamment de qualité, de la santé pour un accès complet aux services de soins et enfin de l’activité économique, pour une offre d’opportunités d’emploi, notamment à la hauteur des aspirations des jeunes diplômés.