Berlin condamne des violences lors d’une manifestation d »anti-masques »
Des ministres et d’autres responsables politiques allemands ont vivement dénoncé dimanche des violences perpétrées à Leipzig (est) qui se sont traduites par 31 arrestations en marge d’un rassemblement d’opposants aux mesures de restriction imposées pour lutter contre la pandémie.
« Rien ne peut justifier ce que nous avons vu hier (samedi) à Leipzig », a affirmé la ministre de la Justice, Christine Lambrecht, sur Twitter. « L’affront à la science, l’incitation à la haine de l’extrême droite que nous avons vus sont épouvantables », a-t-elle ajouté en condamnant « fermement les attaques contre la police et la presse ».
De son côté, le ministre des Affaires étrangères, Heiko Maas, a jugé sur Twitter que ceux qui « comme à Leipzig mettent en danger les autres, des policiers, des journalistes, répandent l’incitation à la haine d’extrême droite ou mettent le feu à des barricades de contre-manifestants » outrepassent le droit fondamental de manifester inscrit dans la constitution.
Le porte-parole du gouvernement Steffen Seibert n’a pas souhaité commenter les incidents violents de Leipzig mais a rappelé que si le droit de manifester était un droit fondamental, les manifestants devaient respecter les consignes sanitaires édictées par les autorités pour autoriser la tenue de ce rassemblement.
Le responsable des Verts Robert Habeck a dénoncé un manque apparent de préparation de la police et réclamé « des éclaircissements critiques et urgents » des événements intervenus la veille.
Plus de 20.000 personnes, pour la plupart sans masque, se sont réunies samedi dans le centre de Leipzig pour manifester leur courroux face aux restrictions liées à l’épidémie de Covid-19.
Après leur avoir plusieurs fois enjoint de mettre un masque et de respecter une distance d’1,50 m entre deux personnes, la police a fini par ordonner la dissolution du rassemblement.
Mais dans une ambiance tendue, beaucoup ont refusé de se plier à l’injonction et ont entamé un défilé sur une des principales avenues de Leipzig. Les forces de l’ordre et des journalistes ont été attaqués et divers projectiles ainsi que des feux d’artifice ont été lancés contre des policiers, selon la police locale.
Les violences se sont poursuivies toute la soirée.
Au total la police de Saxe, qui avait reçu des renforts de plusieurs autres régions, a procédé à 31 arrestations, a-t-elle précisé dimanche dans un communiqué. Quelque 102 délits ont également été répertoriés par les forces de l’ordre, dont 13 blessures corporelles.
La police évoquait également 32 attaques contre des journalistes.
Les médias locaux ont affirmé que des sympathisants néonazis se trouvaient parmi les manifestants, ainsi que d’autres figures locales de l’extrême droite, tandis que la foule criait « Merkel doit partir! » et « paix, liberté, pas de dictature », selon l’agence dpa.
Des drapeaux du Reich allemand, en souvenir de l’Empire ayant disparu après la Première guerre mondiale, ont été agités dans la foule, a constaté l’AFP.
Dans la soirée des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montraient aussi des farandoles dans la rue, les gens sans le moindre masque et collés les uns aux autres.
Les échauffourées sont intervenues alors que le nombre de nouvelles infections quotidiennes a atteint samedi un record en Allemagne, à plus de 23.000, portant le nombre de morts depuis le début de la pandémie à 11.226.
Dimanche ce chiffre était redescendu à quelque 16.000 mais le autorités expliquent cette baisse traditionnelle du dimanche par le nombre plus faible de tests pratiqués le week-end.
Bien que l’Allemagne n’ait pas décrété un confinement comme en France ou dans d’autres pays européens, les nouvelles restrictions pour tenter d’endiguer la deuxième vague de contaminations ont suscité un certain mécontentement dans une population qui a jusqu’ici plutôt suivi scrupuleusement les directives sanitaires.
( Avec AFP )