Bombe dans un hôpital militaire de Bangkok
Une bombe de faible puissance a explosé lundi dans un hôpital militaire du centre de Bangkok, faisant plus de 20 blessés, trois ans jour pour jour après un coup d’Etat militaire.
« Selon les premiers éléments de l’enquête, je peux dire qu’il s’agit d’une bombe », a déclaré devant la presse à l’hôpital Srivara Rangsibrahmanakul, haut responsable de la police.
Selon un dernier bilan de la police, 21 personnes ont été blessées, dont huit étaient encore hospitalisées en fin de journée. Parmi eux, une femme a dû être opérée après avoir reçu des éclats au visage.
L’explosion s’est produite dans la matinée dans une salle d’attente de l’hôpital du roi Mongkut où les patients, familles de militaires comme civils, attendent de recevoir les médicaments prescrits.
« Certains des blessés sont d’anciens soldats et leurs familles, d’autres sont des civils », a précisé le général Saroj Keokajee, directeur de l’hôpital.
Celui-ci n’a pas dû être évacué, la bombe ayant fait peu de dégâts.
Cette explosion survient le jour du troisième anniversaire d’un coup d’Etat depuis lequel les militaires sont au pouvoir, limitant fortement les libertés civiles et muselant toute velléité d’opposition.
La police ne privilégiait cependant pour l’instant aucune piste: acte isolé, protestation contre la mainmise des militaires sur le pouvoir depuis trois ans, ou bombe artisanale ressemblant à celles que les indépendantistes musulmans de l’extrême sud du pays font régulièrement exploser…
Les explosions de bombes de faible intensité ne sont pas rares en Thaïlande, notamment dans les périodes de trouble politique comme les manifestations de 2013-2014 ayant précédé le coup d’Etat.
Récemment, une petite bombe a explosé devant le théâtre national de Bangkok, sans faire de victimes.
Début mai, plus de cinquante personnes, dont des enfants, ont été blessées dans l’explosion d’une voiture piégée devant un supermarché dans le sud de la Thaïlande, en proie à une rébellion indépendantiste musulmane qui relance les hostilités après des mois d’accalmie.
L’attentat le plus meurtrier dans la capitale thaïlandaise remonte au mois d’août 2015, lorsqu’une bombe avait explosé en plein centre de Bangkok, au sanctuaire Erawan, faisant vingt morts dont de nombreux touristes chinois.
Depuis le coup d’Etat du 22 mai 2014, les militaires n’ont pas lâché de lest: les manifestations politiques restent interdites et aucune date n’a été donnée pour les prochaines élections.
Lundi, aucun événement n’était prévu pour marquer le troisième anniversaire du coup d’Etat, ni du côté de la junte ni du côté de l’opposition.
Seuls quelques universitaires se sont réunis dans la matinée à la prestigieuse université Thammasat, berceau de la contestation étudiante par le passé, pour évoquer la répression des libertés civiles.
« La répression est très efficace. Avec toutes les mesures prises ces trois dernières années pour réduire le peuple au silence, il ne faut pas s’étonner qu’il n’y ait pas de véritable opposition à la junte », a déploré parmi eux Saowanee Alexander, professeur de linguistique.
L’ex-Première ministre Yingluck Shinawatra, dont le gouvernement civil a été renversé par le coup d’Etat de 2014, a toujours appelé jusqu’ici ses partisans, le puissant mouvement des Chemises rouges, à la retenue.
« Cela fait trois ans que les Thaïlandais espèrent la paix, la réconciliation et le respect des lois dans ce pays, afin que nous cessions de nous battre », a commenté Yingluck, lundi matin, à l’occasion de cet anniversaire, avant l’explosion de la bombe.
Le coup d’Etat de 2014 avait été justifié par les militaires par la nécessité de défendre la monarchie, alors que le roi Bhumibol Adulyadej était hospitalisé et très affaibli depuis des années, après 70 ans de règne. Son fils, le roi Maha Vajiralongkorn, qui est loin d’avoir sa popularité, lui a succédé après le décès du monarque en octobre.