Bourita à la réunion de l’Elysée sur la Libye : « Le Maroc n’a pas d’agenda caché, sinon celui de la stabilité, de l’unité et de la souveraineté »
La Conférence organisée à Paris ce mardi 29 mai par le président de la République française, Emmanuel Macron, et en présence des parties en conflit en Libye, ainsi que des Etats voisins , Maroc, représenté par Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Algérie, Tunisie, Niger, Congo et Tchad a pris une décision historique : l’organisation le 10 décembre prochain d’élections législatives.
Cette rencontre historique s’est illustrée par l’engagement solennel pris par le Premier ministre du gouvernement d’union nationale, Fayez al-Sarraj, le maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l’Est du pays, le président de la Chambre des représentants, Aguila Salah, et celui du Conseil d’Etat, Khaled al-Mechri..
A cette occasion, M. Nasser Bourita a prononcé une allocution dont la teneur est d’autant plus significative qu’elle souligne « l’attachement de Sa Majesté le Roi et du Maroc à une solution politique, consensuelle et durable, qui permette à la Libye de retrouver sa stabilité, dans le cadre de son unité indivisible, de sa souveraineté irréfragable et son intégrité territoriale pleine et entière ».
Voici le discours que Nasser Bourita a prononcé à l’Elysée :
Monsieur le Président de la République,
Mesdames Messieurs les Chefs d’Etats et de Gouvernement,
Monsieur l’Envoyé Spécial du Secrétaire Général,
Excellences, Mesdames et Messieurs,
Pour le bénéfice du temps, je limiterai mon intervention à quelques points principaux :
1. Je voudrais, avant tout,vous transmettre les salutations de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Que Dieu L’assiste, qui Suit avec la plus grande attention les développements de la situation en Libye, et Qui apporte tout Son soutien à votre initiative.
2. Je tiens à rendre un hommage appuyé aux efforts déployés par la France, sous votre Présidence, pour aller de l’avant versla résolution de la crise en Libye.
3. Je voudrais, aussi, saluer le dynamisme volontariste de l’Envoyé Spécial du Secrétaire Général, M. GhassanSALAME.
4. Au moment où s’installe, malheureusement, une impression généralisée de résignation de la communauté internationale, face à l’enlisement de la situation en Libye, la réunion d’aujourd’hui tombe à point nommé, pour rappeler que :
– Non, le statu quo n’est pas une option !
– Les déchirements fratricides qui traversent la Libyene sont pas une fatalité !
– Le prolongement du conflit dans ce pays frère n’est pas une raison pour s’en accommoder ; bien au contraire : c’est une motivation continue pour redoubler d’effort afin de rapprocher les protagonistes libyens.
5. Je ne sauraistrop souligner l’attachement du Maroc à une solution politique, consensuelle et durable, qui permette à la Libye de retrouver sa stabilité, dans le cadre de son unité indivisible, de sa souveraineté irréfragable et son intégrité territoriale pleine et entière.
6. C’est cette solution politique qui doit être l’horizon et la perspective de tous les efforts de règlement en Libye. C’est vers elle qu’on se doit d’orienter et de canaliser l’action internationale pour la Libye.
7. Ainsi, pour importantes qu’elles soient, les élections en Libye ne sont pas une fin en soi. Elles sont un pas vers la solution. Elles doivent être bien préparées, minutieusement et dans la sérénité.
8. La phase transitoire doit aussi être gérée avec délicatesse. Les contestations mutuellement exclusives de légitimitésont un véritable problème.
9. La crédibilité des protagonistes doit être préservée. Leurs discours doivent être suivis d’actes concrets. Un mécanisme de suivi des engagements doit être établi, pour que ce qui a été signé soit respecté et appliqué.
10. L’engagement de la communauté internationale, que nous observons aujourd’hui concrètement doit se poursuivre, en même temps que doivent cesser les interférences nuisibles à l’entente des protagonistes libyens. L’action de l’Envoyé Spécial du Secrétaire Général, M. GhassanSalamé, doit pouvoir compter sur l’appui de tous.
Et de préciser encore :
1. Le rendez-vous aujourd’hui est avec l’Histoire. J’invite solennellement mes frères libyens, ici présents – et qui entretiennent des relations de confiance avec le Maroc – à ne pas le manquer.
2. Le Maroc est – et sera – au côté de la Libye et de son peuple. Il n’a pas d’agenda caché, ni d’intérêts autres que celui de la Libye elle-même : retrouver le chemin de la paix, de la stabilité et du développement.
3. Car, le Maghreb a besoin d’une Libye stable, comme l’Europe a besoin d’un Maghreb stable. »