Bousculé par la pandémie et le MAX, Boeing supprime 30.000 emplois en 2 ans
Boeing va encore tailler dans ses effectifs pour supprimer au final 30.000 emplois en deux ans, en réponse aux déboires du 737 MAX et à la pandémie de coronavirus qui a sinistré le transport aérien.
Le constructeur américain a prévenu mercredi qu’il s’attendait, en plus de départs à la retraite, à devoir se séparer de 7.000 employés supplémentaires d’ici fin 2021, mais n’a donné de détails ni sur les usines ni sur les programmes ni sur les zones géographiques qui vont êtres affectés.
Boeing avait déjà annoncé au printemps, juste après la début de la propagation à grande échelle du Covid-19, une réduction de 10% de ses effectifs, ce qui s’était traduit par le licenciement de 19.000 salariés.
Dave Calhoun, le PDG, avait prévenu en juillet que des suppressions supplémentaires étaient à prévoir.
« Depuis que la pandémie s’est déclarée en début d’année, nous avons augmenté nos liquidités, réduit les dépenses, simplifié les structures hiérarchiques et considérablement abaissé les cadences de production d’avions commerciaux », a rappelé M. Calhoun dans une lettre aux employés.
Le groupe a aussi modifié son organisation, ses investissements, sa chaîne d’approvisionnement et ses dépenses de recherche et développement.
Les résultats du groupe sont malgré tout restés dans le rouge au troisième trimestre: Boeing a encore vu son chiffre d’affaires reculer de 29% au troisième trimestre et a enregistré sur la période une perte nette de 449 millions de dollars.
« Il ne fait aucune doute que la deuxième vague (de Covid-19) qui frappe les Etats-Unis et l’Europe pèse lourdement », a relevé M. Calhoun sur la chaîne CNBC.
Les compagnies aériennes pensaient initialement que le trafic rebondirait en fin d’année à 40% ou 50% de ce qu’il était en 2019. « Je pense qu’on sera plus près de 30% à 35% », a avancé le responsable.
Le trafic aérien restant fortement touché par la pandémie, les compagnies multiplient les annulations de commandes de nouveaux avions, et le constructeur n’a livré que 28 appareils commerciaux pendant le trimestre.
Les revenus de sa division d’aviation commerciale ont chuté de 55% à 3,6 milliards de dollars.
Boeing attend toujours le feu vert des autorités pour faire revoler son avion-phare, le 737 MAX, cloué au sol depuis mars 2019 après deux accidents ayant fait 346 morts.
Il reste encore plusieurs étapes à franchir avant que l’agence américaine de l’aviation, la FAA, n’annule l’ordre d’immobilisation au sol.
Mais Boeing a d’ores et déjà procédé à environ 1.400 vols tests.
« Nous nous approchons de la ligne d’arrivée », a souligné M. Calhoun sur CNBC, tout en refusant de se prononcer sur un calendrier précis.
Le groupe avait estimé en juillet que les livraisons pourraient reprendre d’ici la fin de l’année et n’a pas modifié cette prévision mercredi.
Boeing a aussi fait face à un nouveau revers pendant le trimestre avec l’identification de défauts de fabrication sur le long-courrier 787 « Dreamliner », qui a retardé les livraisons.
Le constructeur, qui a déjà réduit la cadence de production de ses avions, ne prévoit pas pour l’instant de freiner encore plus les chaînes d’assemblage. Le rythme devrait atteindre son plus bas niveau « environ en milieu d’année prochaine », a précisé M. Calhoun.
La division consacrée à la défense, l’espace et la sécurité a de son côté vu ses recettes diminuer de 2%, à 6,8 milliards de dollars.
Le chiffre d’affaires de celle dédiée aux services aux clients a reculé de 21% à 3,7 milliards de dollars: les compagnies ayant réduit leurs programmes de vols ont moins besoin de maintenance sur leurs avions.
Ces deux divisions « continuent de nous assurer une certaine stabilité alors que nous nous adaptons et nous reconstruisons pour émerger une fois la pandémie passée », a souligné M. Calhoun.
« Le rebond sera solide », a-t-il prédit, et Boeing pourra y répondre grâce à son « important stock » d’avions prêts à être livrés aux clients.
( Avec AFP )