Brésil: manifestations massives contre les coupes budgétaires dans l’éducation
Près de 200 villes brésiliennes ont connu, mercredi, des manifestations contre des coupes budgétaires annoncées dans le secteur de l’éducation.
Des centaines d’universités et d’écoles ont également fermé leurs portes pour signifier leur adhésion à ces manifestations, les premières du genre depuis l’entrée en fonction du gouvernement du président Jair Bolsonaro le premier janvier dernier.
Les manifestants ont répondu à un appel à la grève lancé par des syndicats, des mouvements sociaux et estudiantins ainsi que des partis politiques pour protester contre le gel de 30% des budgets des universités fédérales et établissements d’enseignement public. Le porte-parole de la présidence, Otávio Rêgo Barros, a indiqué que les manifestations étaient « légitimes et démocratiques, à condition qu’elles n’utilisent pas la violence et ne détruisent pas les biens publics« .
A Brasilia, près de 15.000 étudiants, enseignants d’institutions publiques et privées et des sympathisants de la cause se sont réunis près du musée national de la République avant de converger vers la place des Trois pouvoirs, qui abrite entre autres, le Congrès National, la Cour suprême et la Palais du Planalto, siège de la présidence.
« Notre lutte est quotidienne! L’éducation n’est pas une marchandise », « Non aux coupes budgétaires », « Bolsonaro, ennemi de l’éducation » sont autant de messages affichés par une pluie de banderoles, à Brasilia, mais également à Sao Paulo, Rio de Janeiro, Salvador de Bahia, Manaus, Santa Catarina et dans les principales villes du pays.
Quelques incidents avaient émaillé ces manifestations, notamment à Rio de Janeiro où un autobus a été incendié et à Porto Alegre, où la police a dispersé des manifestants avec des gaz lacrymogènes.
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Le ministère de l’Éducation brésilien, avait récemment annoncé des coupes budgétaires de près de 1,7 milliards de réais en raison de « contraintes budgétaires imposées à l’ensemble de l’administration publique fédérale à cause de la crise financière actuelle« .
Ces coupes budgétaires, annoncées en premier contre trois universités accusées de « semer le désordre » en accueillant des manifestations contre l’actuel gouvernement avant d’être généralisées, concernent les dépenses discrétionnaires des universités fédérales, c’est-à-dire les dépenses non obligatoires.
Le département de tutelle estime que seulement 85,34% des 49,6 milliards de réais alloués aux universités, étaient des dépenses obligatoires, couvrant les frais du personnel.
Le nouveau ministre de l’Education, Abraham Weintraub, qui s’exprimait mercredi devant la Chambre des députés concernant ces coupes budgétaires, a relevé qu’il n’était pas responsable de la réduction des fonds alloués au secteur de l’éducation.
« Le budget actuel a été préparé par les élus du gouvernement de Dilma Rousseff et de Michel Temer (…) nous ne sommes pas responsables du désastre de l’éducation brésilienne« , a poursuivi le ministre, convoqué par les députés de la chambre basse du Congrès pour s’expliquer sur les coupes budgétaires.
La session s’est déroulée dans une atmosphère tendue entre le ministre et les membres de l’opposition. Weintraub est le Premier ministre du gouvernement Jair Bolsonaro à être convoqué par la « Commission générale » de la Chambre des députés. La convocation du ministre a été approuvée mardi par 307 voix pour et 82 contre.