Brésil: le président échappe à nouveau à un procès pour corruption

Le président Temer a sauvé une nouvelle fois son mandat mercredi, sans surprise, grâce à un vote de la Chambre des députés qui s’est prononcée contre son renvoi pour un procès devant la Cour suprême pour corruption.

Premier président brésilien en exercice jamais mis en accusation, Michel Temer a ainsi sauvé son poste pour la deuxième fois en trois mois. Le chef de l’Etat avait été accusé par le parquet, avec deux de ses ministres, « d’obstruction à la justice » et de « participation à une organisation criminelle« . Alors que le vote était toujours en cours en début de soirée à Brasilia, le président de 77 ans, brièvement hospitalisé dans la journée pour un problème urologique, a obtenu les 172 voix nécessaires au blocage de la procédure le visant. La journée de débats marathon dans l’hémicycle à Brasilia a été marquée par l’annonce soudaine de son hospitalisation pour une « gêne urologique » en plein débats des députés dans une atmosphère brouillonne.

« Le président Temer a éprouvé une gêne en fin de matinée » et « les médecins ont constaté une obstruction urologique et recommandé qu’il soit examiné à l’Hôpital des forces armées« , a annoncé le palais présidentiel dans un communiqué. Michel Temer est sorti de l’hôpital en début de soirée, a constaté l’AFP, pour « aller se reposer chez lui« , et « après la pose d’une sonde vésicale pour le soulager« , a indiqué un conseiller. Grâce au vote des députés, Michel Temer, en dépit d’accusations très graves et d’un taux d’opinions positives tombé à 3%, voit ainsi se dégager la voie pour achever son mandat fin 2018 et « remettre le Brésil sur les rails« , avec des mesures d’austérité.

C’est ce qu’il avait promis en arrivant au pouvoir en août 2016 à la faveur de la destitution choc de Dilma Roussef (gauche). Il va avoir désormais les mains libres pour mettre en oeuvre des réformes impopulaires mais réclamées avec insistance par les marchés, comme l’épineuse réforme des retraites en cours d’examen au Parlement. Pour que cette réforme soit approuvée, 308 voix sont nécessaires. En août, il s’était déjà débarrassé d’une première mise en accusation, pour « corruption passive », en obtenant 263 voix à la Chambre en sa faveur, contre seulement 227 pour l’ouverture d’un procès.

L’issue du vote de mercredi ne représente pas une surprise. C’est le nombre de voix favorables à un maintien au pouvoir de Michel Temer qui était attendu. Il donnera la mesure du soutien dont le président disposera lors de sa dernière année de mandat afin de mener à bien des réformes de fond — une douloureuse refonte du système des retraites en tête. Après une manifestation de l’opposition de gauche à l’ouverture de la séance cruciale de mercredi, il a fallu des heures avant que le quorum de députés soit atteint, l’opposition boycottant la séance pour empêcher Michel Temer de remporter la victoire annoncée. Ces derniers jours, le chef de l’État n’a pas ménagé ses forces, menant d’intenses tractations et recevant des dizaines de députés pour s’assurer que l’opposition ne parviendrait pas à rassembler les 342 voix (les deux tiers de la Chambre) nécessaires pour que la Cour suprême se saisisse de son dossier.

Il a fait des concessions de poids aux puissants lobbys en retirant l’aéroport de Congonhas de Sao Paulo de la liste des futures privatisations ou en abaissant les amendes prévues en cas d’atteintes à l’environnement, un geste fort à l’attention des 200 députés ruralistes. Le quotidien O Estado de Sao Paulo a évalué mercredi à 32 milliards de réais (8,6 milliards d’euros), le montant des gestes consentis envers les députés entre juin et octobre pour s’assurer leur soutien. La nouvelle mise en accusation contre le président « sera mise en échec avec plus ou moins le même nombre de voix que la première », avait prédit auprès de l’AFP le député Pauderney Avelino, du parti de droite DEM.

Ensuite, « nous allons stabiliser la politique, parce que nous ne pouvons pas changer de président comme on change de vêtements« , a-t-il ajouté. Président le plus impopulaire depuis la dictature militaire (1965-1985), M. Temer continue de s’accrocher au pouvoir malgré des scandales de corruption à répétition qui ont conduit à la démission de plusieurs de ses ministres. Un renvoi du dossier Temer devant la Cour suprême aurait écarté le président du pouvoir pour six mois, le temps du procès. Accusé d’avoir orchestré un vaste réseau de corruption avec des caciques de son parti en échange de faveurs octroyées à des chefs d’entreprise, Michel Temer s’est dit victime d’une « conspiration ».

AFP

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