Brexit : quelles opportunités et quelles menaces pour le Maroc ?
La sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne et ses effets sur le Maroc ont été au cœur des débats lors de la conférence des BritChamExperts, organisée mardi 22 octobre par la Chambre de Commerce Britannique pour le Maroc à Casablanca.
« Le Brexit : quelles opportunités et quelles menaces pour le Maroc ? », tel était le thème de la conférence des BritChamExperts, organisée mardi 22 octobre par la Chambre de Commerce Britannique pour le Maroc à Casablanca.
Lors de son intervention, le politologue Mustapha Sehimi a rappelé le contenu du dernier rapport de la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (CNUCED). Ainsi, en cas de Brexit sans accord, souligne-t-il, le Maroc sera perdant. « Les pertes pour l’économie marocaine sont estimées à 97,1 millions de dollars, soit 11% des exportations vers le Royaume-Uni », poursuit-il. Une situation préoccupante pour le gouvernement marocain, selon ce politologue.
La diplomatie marocaine, ajoute-t-il, s’active pour atténuer l’impact de ce retrait sur ses échanges commerciaux avec le Royaume-Uni. M.Shimi rappelle à cette occasion la visite du ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, Aziz Akhannouch, en 2018 à Londres. Les discussions avec son homologue britannique ont porté sur la coopération agricole entre les deux pays et l’impact du Brexit sur le partenariat agricole maroco-britannique. « Avec le Brexit, il va falloir clarifier les conditions d’écoulement des exportations marocaines. D’où l’importance d’un nouveau cadre juridique pour assurer la continuité des écoulements des exportations des produits marocains », explique-t-il.
Pour sa part, Jenny Pearce, de l’ambassade britannique à Rabat, a mis en avant « les efforts consentis pour maîtriser l’impact du Brexit et éviter toute rupture des liens économiques » avec le Maroc.
De son côté, Mustapha Mourahib, Directeur du Bureau Maroc de Clifford Chance, a souligné qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter du Brexit. « La sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne n’aura pas d’effets négatifs sur le Maroc. Si le Brexit se fait avec accord, il y aura une période transitoire au cours de laquelle le Maroc aura le temps pour négocier avec son partenaire britannique pour la mise en place de nouveaux accords », rassure-t-il.
Un avis partagé par Gabriel Banon. Selon cet économiste et expert en géopolitique, il faut relativiser la sortie de Londres de l’UE notamment sur ses effets sur le Maroc. Car, explique-t-il, « Le Royaume-Uni n’était jamais complètement un membre total de l’UE. Il ne fait pas partie de la zone euro et il est à l’extérieur de la zone Schengen. Donc, il n’y aura pas d’effets directs sur le Maroc. Sans oublier que le Maroc a conclu avec l’UE un statut préférentiel ».
Force est de constater que le Brexit ouvre de nouveaux horizons aux relations bilatérales entre le Maroc et le Royaume-Uni. Sur tous les plans : diplomatique, politique et économique. En témoigne l’échange de visites de responsables de haut niveau entre les deux pays.
Rappelons la visite du ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale, Nasser Bourita, à Londres en 2018, pour discuter des moyens de renforcer les relations bilatérales dans les domaines politique, économique et culturel. Cette rencontre a été également l’occasion pour lancer le dialogue stratégique entre les deux pays.
En effet, le Maroc et le Royaume-Uni ont tenu leur première session du Dialogue Stratégique, en 2018 à Londres. La deuxième session du dialogue stratégique entre les deux pays a eu lieu en septembre dernier à Rabat.
Le ministre britannique pour la Sécurité Ben Wallace a effectué en 2018 une visite à Rabat. De même que le ministre du commerce international Liam Fox en 2019. Sans oublier la visite du secrétaire d’Etat britannique chargé du Développement international, du Moyen Orient et de l’Afrique du Nord, Andrew Murrison en septembre 2019.