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Bruxelles blanchit les tomates marocaines et met fin à la polémique sur une fraude fiscale

La Commission européenne a mis un terme définitif à la controverse qui entourait les exportations marocaines de tomates vers l’Union européenne. Accusé par certains eurodéputés espagnols de dépassements frauduleux de quotas douaniers, le Maroc voit sa position clarifiée et renforcée : aucune irrégularité n’a été constatée.

La réponse de Bruxelles est sans équivoque. Interpellée par l’eurodéputée espagnole Carmen Crespo, figure influente du monde agricole andalou, la Commission a mené un examen approfondi du respect par le Maroc de l’accord d’association signé en 2012. Au terme de cette vérification, le commissaire européen à l’Agriculture, Christophe Hansen, a affirmé qu’aucune fraude n’avait été identifiée dans les opérations d’exportation marocaines.

« Les exportations marocaines qui excèdent le quota fixé ne sont pas illicites dès lors qu’elles sont soumises aux droits de douane appropriés. C’est exactement ce qui a été observé », a déclaré Hansen, balayant d’un revers de main les allégations de manquements. Entre 2019 et 2024, ce sont ainsi plus de 81 millions d’euros de droits d’importation qui ont été acquittés par les opérateurs marocains sur les volumes hors quota.

C’est dans une atmosphère tendue, marquée par une fronde agricole sans précédent en Europe du Sud, que cette polémique avait émergé. Dans une question écrite adressée à la Commission, Carmen Crespo dénonçait ce qu’elle qualifiait de « fraude » et avançait un manque à gagner fiscal de plus de 71 millions d’euros pour les caisses européennes. Une estimation manifestement infondée, au regard des chiffres communiqués officiellement.

Lire aussi : Maroc-France : un accord pour réguler le marché de la tomate

L’arrière-plan de cette démarche est limpide : la colère qui gronde dans les campagnes espagnoles, où les producteurs de tomates dénoncent depuis plusieurs mois une concurrence qu’ils jugent déloyale. En février, des agriculteurs de la région d’Algésiras ont manifesté contre les produits en provenance du Maroc, accusés de « qualité inférieure » et de « casser les prix » sur le marché commun. Banderoles à la main, ils réclamaient un durcissement des règles d’importation.

Mais les chiffres parlent d’eux-mêmes : la filière marocaine ne cesse de gagner du terrain, et ce en toute transparence. Entre 2014 et 2023, la production nationale de tomates est passée de 1,23 à 1,44 milliard de kilos, soit une progression de plus de 17 %. Une performance qui s’explique par des investissements massifs dans la modernisation des serres, l’amélioration des rendements et l’accès à de nouveaux débouchés.

Une compétitivité assumée et légale

Le Maroc s’impose aujourd’hui comme un acteur incontournable du marché européen de la tomate, rivalisant avec les grands producteurs du pourtour méditerranéen. Grâce à des conditions climatiques favorables et à une main-d’œuvre qualifiée, le Royaume est parvenu à conjuguer qualité et compétitivité. Une réussite qui ne contrevient en rien aux engagements pris dans le cadre de son accord d’association avec l’UE.

Pour les autorités marocaines comme pour les exportateurs du secteur, cette clarification est une victoire. Elle conforte non seulement la légitimité du modèle agricole national, mais elle renforce également la crédibilité des relations commerciales bilatérales.

Au-delà de la polémique, ce dossier met en lumière une tension plus large entre l’ouverture des marchés et la pression sociale qui s’exerce sur les agriculteurs européens. Alors que la transition agricole se profile comme un enjeu majeur de souveraineté, l’exemple marocain démontre qu’un pays tiers peut, dans le respect des règles, gagner des parts de marché par la qualité de son offre.

La Commission européenne, de son côté, semble décidée à maintenir une lecture stricte mais équitable des accords commerciaux. Et à rappeler, en filigrane, qu’être concurrent ne signifie pas être fraudeur.

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