BTP : l’investissement public prend de l’ampleur
Par Yassine Chraibi
Avec l’échéance Coupe d’Afrique 2025 et celle de la Coupe du monde 2030, le gouvernement lance les grands travaux. Cette décision intervient dans un contexte de crise, où le secteur du BTP peine à sortir d’un cycle difficile dû à plusieurs facteurs notamment la guerre en Ukraine et la fin de la crise du Covid. Toutefois cette décision pourrait offrir au Maroc de nouvelles perspectives quant aux projets sociaux-économiques.
Rappelons que le secteur recense plusieurs leviers de croissance qui participent au dynamisme économique du Maroc. En premier lieu, le Royaume organisera deux grands événements : CAN 2025 et la Coupe du monde 2030 qui sont des prouesses diplomatiques. En deuxième lieu, le Maroc a signé un accord avec les Émirats arabes unis, qui s’étendra de 2024 à 2029. Cet accord permettra un regain d’activité dans les secteurs du bâtiment et des travaux publics. Et en dernier lieu, le Royaume a entamé le programme de reconstruction et de réhabilitation des zones touchées par le séisme d’Al Haouz. Une enveloppe de 120 milliards de dirhams sur 5 ans est allouée à la reconstruction.
Ainsi ces leviers de croissance constituent une aubaine économique pour le Maroc, car cela entraînera un effet domino qui permettra de développer des infrastructures liées à l’eau avec environ 14,7 milliards de dirhams qui y seront consacrés.
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Dans ce sens, Nizar Baraka, ministre de l’Équipement et de l’Eau, a insisté sur la nécessité de bâtir un écosystème fort au service de la souveraineté technique du Maroc, par la restructuration du domaine du BTP. Plusieurs mesures ont été prises notamment classifier et qualifier les entreprises du BTP avec la création d’un système unifié pour l’ensemble de l’administration, améliorer le cadre de la commande publique avec un référentiel de prix unitaires et la révision des prix avec pour but de garantir la qualité finale des ouvrages, dématérialiser les procédures avant fin 2024, et enfin, mettre en place l’Observatoire de BTP (OBTP) afin d’accentuer la visibilité du secteur du BTP au Maroc.
A l’échelle macro-économique, le BTP représente plus de 6% du PIB national et emploie un million de Marocains. En conséquence, le un secteur est prolifique, créateur de valeur en termes socio-économiques. Il permettra donc d’améliorer les conditions économiques de milliers d’entreprises et créer des emplois en abondance. De nombreux projets seront lancés dès que les fonds alloués à ces projets futurs seront mobilisés.
D’ailleurs, on pourrait citer notamment l’extension de la ligne à grande vitesse (LGV) reliant Kénitra à Marrakech avec un coût prévisionnel estimé à 50 milliards de dirhams ainsi que les travaux d’élargissement des aéroports de Marrakech, Agadir et Tanger pour une enveloppe budgétaire de 5 milliards de dirhams. Force est de souligner que le Maroc compte 7000 entreprises de BTP et les autorités compétentes œuvrent à accélérer le traitement des demandes reçues. En effet, les dossiers seront examinés et les décisions seront prises dans un délai ne dépassant pas 23 jours, alors que ce délai était fixé à 45 jours l’année dernière.
En somme, grâce à l’investissement public injecté dans le BTP, le Royaume a pour projet de dynamiser le tissu économique en faisant abstraction de l’inflation qui a freiné les secteurs connexes du BTP. En effet, le défi à relever est que chaque dirham investi dans le domaine du BTP soit bénéfique pour chaque citoyen.
On évalue à 330 milliards de dirhams la somme injectée dans l’économie nationale via les commandes publiques, ce qui représente 24% du produit intérieur brut, incluant les investissements des ministères, des entreprises publiques et des collectivités territoriales. En 2024, l’investissement public dans le BTP passe à 64 milliards de dirhams contre 41 milliards de dirhams l’année dernière, soit une hausse de 56%. Cet investissement important dans le secteur du BTP pourrait dynamiser l’économie marocaine en impactant plusieurs secteurs connexes au secteur du bâtiment et des travaux publics.