Budget Economique Prévisionnel : La demande des biens adressée au Maroc devrait se redresser en 2021
La Direction de la Prévision et de la Prospective relevant du Haut Commissariat au Plan (HCP), vient de publier un document concernant le budget Economique Prévisionnel 2021. Avant de passer en revue de la situation économique en 2020 et ses perspectives en 2021, ce document explique que le Budget Economique Prévisionnel 2021 présente une révision du budget économique exploratoire publié au mois de juillet 2020.
Il s’agit ainsi d’une nouvelle estimation de la croissance de l’économie nationale en 2020 et d’une révision de ses perspectives en 2021 et leurs effets sur les équilibres macroéconomiques interne et externe.
L’élaboration dudit budget tient compte des perspectives économiques mondiales, élaborées par les différents organismes internationaux, notamment le FMI, l’OCDE, la Commission Européenne et la Banque Mondiale.
Ce budget tient également compte des données actualisées de la comptabilité nationale sur la base de la révision tardive des données agricoles, des résultats des enquêtes trimestrielles et des travaux de suivi et d’analyse de conjoncture menés par le Haut-Commissariat au Plan.
Il tient compte aussi des données monétaires, celles des finances publiques et des statistiques des échanges extérieurs fournies respectivement de Bank Al Maghrib, de la Direction du Budget et la Direction du Trésor et des finances extérieures et de l’Office des Changes, relève le document.
Il y est précisé ensuite que les perspectives économiques nationales en 2021 tiennent compte, en plus de l’évolution économique nationale et internationale, des hypothèses portant sur l’évolution de la campagne agricole 2020-2021 et sur les nouvelles mesures et dispositions annoncées dans la Loi des Finances 2021.
L’ampleur de la pandémie de la COVID-19 et sa grande vitesse de propagation à travers le monde entier, aurait provoqué en 2020 une contraction profonde de l’économie mondiale, bouleversant ainsi les chaînes d’approvisionnement et de production, et créant un chômage généralisé suite aux mesures de confinement en vue de lutter contre la propagation du virus.
Au niveau national, cette crise aurait entrainé un choc sévère et inédit sur l’activité économique en 2020, accentuant l’effet de deux années successives de sécheresse et entrainant ainsi une récession économique, la plus dure depuis plus de vingt ans. Il s’agit à la fois d’un choc double d’offre et de demande dû aux conséquences lourdes de l’arrêt total ou partiel des activités des secteurs économiques, en particulier la perturbation des chaînes de valeurs, la restriction de la mobilité de main d’œuvre et sur les voyages et la fermeture des frontières.
L’année 2021 s’ouvrirait, cependant, sur des perspectives favorables. Elle devrait profiter d’une reprise attendue de la demande en liaison avec l’amélioration de l’économie internationale suite aux avancements des campagnes de vaccination, favorisant ainsi l’ouverture des frontières internationales et entrainant un regain de confiance des ménages et des investisseurs.
Les perspectives pour 2021 se basent aussi sur un scénario d’une production céréalière moyenne de 75 millions de quintaux durant la campagne agricole 2020-2021, et dépendraient aussi de la dynamique des activités non agricoles qui pourraient connaitre un plus grand souci de consolidation des entreprises par les politiques publiques.
Une reprise progressive dans un contexte d’incertitudes.
La crise sanitaire mondiale provoquée par la propagation du virus de la Covid-19 aurait été à l’origine d’une récession économique historique. Contrairement à la dernière crise de 2008-2009, la baisse du PIB en 2020 ne concernerait pas que les économies avancées, mais aussi la plupart des pays émergents, à l’exception de la Chine qui aurait évité un très fort ralentissement de sa croissance.
Globalement, le PIB mondial aurait enregistré une baisse de 3,7% en 2020 après une croissance de 2,8% en 2019. Cette récession aurait été légèrement moins sévère qu’attendu, du fait essentiellement d’une contraction moindre dans les économies avancées et d’un redémarrage plus solide en Chine.
En 2021, les perspectives s’éclaircissent grâce aux différentes campagnes de vaccination en cours, mais aussi à la poursuite des efforts pour soutenir les entreprises et les ménages. Globalement, le PIB mondial, selon le « Global économic prospects » de janvier 2021 de la Banque mondiale, devrait atteindre 4,3% en 2021.
Cependant, ces perspectives sont sujettes à une incertitude extrême liée à des facteurs difficiles à prévoir, tels que l’efficacité du vaccin face à un virus en mutation et les coûts d’ajustement de la restructuration des défaillances causées par la pandémie.
A ces facteurs d’incertitudes s’ajoute la redéfinition des relations entre les britanniques et les européens suite à l’entrée en vigueur de l’accord post- BREXIT en janvier 2021. En outre, la pandémie aurait exacerbé des risques associés à une vague d’accumulation de la dette mondiale. Les niveaux d’endettement ont atteint des sommets historiques, ce qui rend l’économie mondiale particulièrement vulnérable aux tensions sur les marchés financiers.
Dans les économies avancées, une forte résurgence de la COVID-19 aurait coupé le rebond économique naissant au second semestre 2020. L’effondrement de l’activité économique en 2020 avec un taux de -5,4%, aurait été largement tiré par de fortes baisses de la demande et de l’offre des services. La reprise de 3,3% attendue en 2021 dépendrait fortement de l’évolution de la pandémie.
Aux Etats Unis, l’économie aurait mieux résisté aux effets de la pandémie que celle de la zone euro. Elle devrait se redresser en 2021 à 3,5% après une contraction de 3,6% en 2020, restant toutefois dépendante de la prolongation des politiques publiques de soutien à la croissance, dans un contexte de tensions politiques et d’incertitudes économiques. Ainsi, le taux de chômage devrait diminuer, mais demeurerait élevé par rapport à la période pré-pandémique en liaison avec l’importance des secteurs touchés par la pandémie et les obstacles de la réaffectation de la main-d’œuvre.
S’agissant de la zone euro, fortement impactée par une deuxième vague de la pandémie, les projections envisagent un regain de croissance limité à 3,6% pour 2021 après une contraction profonde de son économie de 7,5% en 2020.
L’investissement dans la zone resterait entravé par les éventuelles mesures de restrictions et la baisse de la confiance qui en découle. Aussi, les prévisions d’augmentation de l’endettement des entreprises ne présagent pas un processus d’adaptation rapide. Quant à la consommation privée, sa reprise devrait être lente, freinée par un chômage élevé et une croissance modeste des salaires. Bien qu’un peu plus dynamique, la croissance des exportations devrait être limitée par la reprise modérée du commerce international.
S’agissant des pays émergents et en développement, les différences régionales restent frappantes. La Chine qui est parvenue à éviter une deuxième vague épidémique, aurait pu redresser son économie très tôt. Son économie aurait bénéficié d’un fort appui des politiques publiques, de l’augmentation de l’investissement notamment dans les infrastructures ainsi que d’une forte expansion des exportations. La croissance chinoise devrait ainsi représenter plus du tiers de la croissance mondiale en 2021 avec un taux de 7,9% après 2% en 2020.
Toutefois, pour les autres pays émergents et en développement, les perspectives demeurent précaires suite à la multitude des secteurs durement impactés par la pandémie et à une plus grande dépendance à l’égard des sources de financement extérieures. Ainsi, des récessions très marquées auraient été enregistrées dans de nombreux pays d’Asie en particulier l’Inde et d’Amérique latine, notamment le Brésil. De même, pour les pays exportateurs de pétrole, en particulier ceux de la région du Moyen-Orient et de l’Asie centrale, l’activité économique durement impactée par la faiblesse des cours du pétrole, aurait enregistré des PIB en fortes baisses. Globalement, la croissance des pays émergents et en développement devrait atteindre 5% en 2021 après une baisse de 2,6% en 2020.
Dans ce contexte de récession mondiale, le volume des échanges commerciaux aurait chuté de 10,3% en 2020, suite à la faiblesse de la demande finale des consommateurs et des entreprises. Cadrant avec la reprise prévue de l’activité mondiale, le commerce mondial devrait augmenter d’environ 3,9% en 2021.
Toutefois, les perspectives commerciales devraient être particulièrement sombres pour les pays tributaires du tourisme et aussi pour ceux exportateurs de pétrole qui devraient continuer de subir un choc sévère des termes de l’échange dû à la baisse des prix du pétrole.
Sur le marché des matières premières, l’impact prolongé de la pandémie sur la demande mondiale de pétrole aurait causé un recul des cours de pétrole en 2020 de l’ordre de 34% par rapport à 2019. Ainsi, et afin de soutenir les cours, la coalition des pays de l’OPEP+ a décidé en fin 2020, d’augmenter la production de pétrole de seulement 0,5 mb/j en janvier 2020 prévoyant une hausse graduelle et prudente de la production en 2021. Dans ces conditions, la Banque mondiale prévoit une légère augmentation du cours du baril pour atteindre en moyenne 44$/baril après 41$/baril en 2020. De même, les autres matières premières, devraient enregistrer une timide reprise de 2,4% en 2021 après 2,2% en 2020.
Dans la lignée des perspectives pour l’activité économique mondiale, l’inflation devrait rester faible et bien en deçà des niveaux enregistrés avant la pandémie. Les effets de la faible demande globale semblent avoir surpassé ceux des perturbations de l’offre engendrant une baisse globale du taux d’inflation qui devrait atteindre 1,5% en 2020 puis 1,4% en 2021 au lieu de 1,9% en 2019.
Sur le marché de change, l’euro qui s’est apprécié en moyenne annuelle de 1,5% par rapport au dollar en 2020, devrait encore gagner 4% en 2021. L’écart de la croissance entre l’économie américaine et celle de la zone euro a été le principal déterminant de l’évolution du taux de change. En 2020, la dégradation de la situation sanitaire aux États-Unis et l’annonce de l’abandon de la cible officielle d’inflation de la Réserve Fédérale ont contribué à renforcer l’euro. Aussi, l’émission d’une dette européenne commune suite à l’adoption du plan de relance de plusieurs milliards d’euros, aurait renforcé le rôle de l’euro comme monnaie de réserve.
Dans ce contexte de perspectives à l’échelle internationale, l’économie nationale devrait profiter des effets de redressement de la croissance prévue chez les principaux partenaires commerciaux, particulièrement les pays européens. Ainsi, la demande des biens adressée au Maroc devrait se redresser de 9,6% en 2021 après une chute de 13% en 2020.
AD.