Carburants : les acteurs du secteur en colère contre l’essor du marché noir
Les responsables de stations-service alertent sur la croissance rapide du marché parallèle des carburants, qui impacte gravement leurs ventes et la rentabilité du secteur. La vente de carburant à des prix préférentiels sur ce marché noir prive les stations légales de clients et menace la qualité des produits.
Les responsables de stations-service tirent la sonnette d’alarme face à l’essor rapide et incontrôlé du marché parallèle des carburants, un phénomène qui prend des proportions inquiétantes et nuit gravement à la stabilité du secteur. Selon la Fédération nationale des propriétaires, commerçants et gérants de stations-service (FNPCGS), ce marché noir ne cesse de croître, menaçant de mettre en péril les stations-service légales et de fausser les règles du jeu dans le secteur du carburant.
Les ventes dans les stations-service ont connu une chute considérable ces derniers mois, en raison de l’afflux massif de clients vers le marché parallèle. Ce phénomène est principalement alimenté par les entreprises, qui trouvent sur ce marché des prix bien plus compétitifs que ceux pratiqués dans les stations légales. « Les stations-service ne parviennent plus à écouler que de petites quantités aux particuliers et aux petites entreprises, ce qui les prive d’une part substantielle du marché. Cette situation a un impact direct sur leurs revenus, en rendant particulièrement difficile la couverture des frais fixes de gestion », expliquent les exploitants. La baisse des ventes se fait donc ressentir sur le plan financier, mettant à mal la rentabilité des stations-service qui peinent à rester rentables.
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Ce phénomène n’est pas nouveau, mais il s’intensifie au fil du temps, en grande partie en raison de l’absence de régulation claire des ventes B to B. En effet, cette absence de réglementation permet à certains acteurs de se livrer à des pratiques qui faussent le marché. Paradoxalement, bien que les marges bénéficiaires des stations-service légales restent relativement faibles, celles du marché parallèle atteignent des niveaux inédits. En particulier, sur le gasoil, la marge peut atteindre 3 dirhams par litre. Plus le volume vendu est important, plus les marges réalisées sont élevées, ce qui incite de plus en plus de clients à se tourner vers ces circuits parallèles, où les prix sont nettement inférieurs.
Certains acheteurs B to B, désireux de profiter de ces prix attractifs, se regroupent pour acheter en grande quantité auprès des sociétés distributrices légales. Ils bénéficient ainsi de prix encore plus bas, jusqu’à 1,20 dirham de moins par litre. Bien que ce canal B to B représente seulement 25 % des ventes totales, ces acheteurs revendent ensuite le carburant à des prix très compétitifs sur le marché parallèle, élargissant l’écart entre les prix pratiqués dans les stations-service légales et ceux proposés sur le marché noir.
Cependant, certaines stations-service elles-mêmes se tournent vers ce marché parallèle pour se ravitailler, puis revendent le carburant des sociétés distributrices à des prix inférieurs à ceux du marché officiel. Cette dérive a donné naissance à des stations-service mobiles et à des dépôts de vente en gros et au détail, où des carburants sont vendus illégalement, parfois dans des conditions qui ne garantissent pas leur qualité. De nombreux dépôts clandestins vendent désormais du diesel et de l’essence au détail, souvent sans respect des normes de sécurité et de qualité, ce qui contribue à l’extension du marché noir et met en danger la sécurité des consommateurs.
Face à cette situation, les propriétaires de stations-service demandent une intervention urgente du gouvernement pour réguler ces pratiques et éviter que le marché ne devienne incontrôlable. Ils soulignent que cette concurrence déloyale menace non seulement la stabilité du marché, mais aussi la qualité des produits. Les stations-service légales risquent de se retrouver dans une situation où elles ne peuvent plus rivaliser avec les prix du marché parallèle, ce qui nuirait à leur activité et mettrait en danger les emplois dans ce secteur. En outre, ces pratiques augmentent les risques pour les consommateurs, notamment en termes de sécurité, car la vente de carburant non conforme peut entraîner des accidents et des dysfonctionnements mécaniques. Les exploitants appellent ainsi à une réglementation stricte et à un contrôle renforcé pour protéger les acteurs légaux du marché, mais aussi pour assurer la qualité et la sécurité des produits commercialisés.