Ce Maroc que l’on aime et … l’autre
Le Maroc fait couler beaucoup d’encre, on ne le sait que trop bien. Du vitriol mais bien plus de l’encens qui nous fait vivre le doux rêve du plus beau pays du monde, d’autant plus que c’est vrai puisqu’en 2017, le Royaume a été classé parmi les 50 plus beaux pays du monde, selon le magazine US News & World Report. Terre de diversité culturelle, il est aussi un pays patrimoine, par excellence.
Plusieurs supports médiatiques étrangers mettent en exergue les divers atouts de ce Maroc qui trône sur une position géographique stratégique, point de rencontre de l’océan atlantique et de la Méditerranée, en tant que l’une des meilleures destinations touristiques de choix. La beauté de ses paysages conjuguée à sa diversité et à sa richesse n’a d’égale que son histoire, ses traditions et ses projets.
Le Maroc vu d’ailleurs
N’est-ce pas agréable à vivre que de se plaire dans l’image de ce Maroc, beau pays accueillant, en marche et émergent, que l’on relaie, vu d’en haut? N’est-ce pas réconfortant de voir des plaidoyers comme celui de l’eurodéputée espagnole du groupe de l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates et membre de la commission du Commerce international au Parlement européen, Inmaculada Rodríguez-Piñero Fernández, qui a crié, haut et fort, que l’Union européenne a tout à gagner à pousser vers une plus grande intégration du Maroc dans le Marché unique européen ?
On se réjouit à découvrir les multiples et belles facettes de notre pays qui nous viennent de l’étranger et qui nous confortent dans l’amour qu’on porte pour notre patrie.
Faut-il donc rappeler que sous le règne du Roi Mohammed VI, le Royaume s’est engagé à relever d’énormes défis du monde moderne, de la transition énergétique aux nouveaux challenges économiques ? Le pays s’est, bel et bien, positionné aux premiers rangs des pays africains les plus performants en accomplissant de nombreuses réalisations, à l’échelle nationale, continentale et internationale, grâce à la sage conduite de Sa Majesté, notamment sa politique africaine et migratoire qui ont conduit de nouveaux succès. De la politique, à l’économie en passant par la diplomatie, le développement des infrastructures, le champ religieux et le domaine sportif, le Maroc a renforcé sa stature et son positionnement à l’échelle continentale.
Sur le plan sécuritaire et de lutte contre le terrorisme, il a pu se positionner en modèle à l’échelle internationale. La justice, quant à elle, a fait un saut de géant et une avancée de taille a été réalisée, à savoir l’indépendance institutionnelle complète de l’autorité judiciaire tel que cela est prévu par la constitution. Par ailleurs, le Royaume ne ménage pas d’efforts pour pouvoir intégrer le cercle des 50 premières économies mondiales à l’horizon 2021, selon l’indicateur Doing Business. Secteur vital de l’économie nationale, l’agriculture s’érige en un incontournable levier de développement économique et social du Maroc grâce au Plan Maroc Vert (PMV). Sans parler de l’accélération industrielle dans plusieurs secteurs allant des énergies renouvelables à l’automobile, en passant par l’aéronautique. Tous ces efforts font du Maroc l’un des pays les plus avancés du Continent africain et une terre des grands-messes internationales comme la COP22 et la conférence intergouvernementale pour l’adoption du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, pour ne citer que ces deux événements de grande envergure.
C’est dire que des exploits inédits ont été réalisés et concrétisés par le Royaume, dans des domaines aussi nombreux que diversifiés. In fine, le pays se porte bien.
Ces politiques qui entachent l’image du pays
Or de l’intérieur, les choses sont vécues autrement et l’image qu’ont les Marocains de leur pays se dégrade, à tel point que la réputation interne est en baisse, en 2018, de 4 points.
C’est à croire qu’un mécanisme déclenché en fond de toile, freine, à quatre fers, la marche du pays et les efforts, – bien réels et reconnus par les experts internationaux, pour un développement durable dans un Etat de droit- à travers le moral, huile de coude essentielle à tout citoyen. En effet, un sentiment d’apathie et de méfiance l’emporte. Et bien des vérités démotivent les citoyens notamment le malaise social, l’éthique et transparence qui font défaut, l’environnement institutionnel et politique qui laisse à désirer, le système éducatif de plus en plus déplorable, la Santé qui se porte mal… C’est dire que la sinistrose s’installe, appuyée, en cela, par les écarts de ce gouvernement qui est bien à la peine. Tout n’est pas parfait, c’est évident. Mais quand les partis de la coalition se livrent une guerre médiatique des plus féroces en faisant fi de l’enjeu vital, à savoir l’intérêt suprême de la Nation, c’est qu’ils sont inconscients de leur rôle qui consiste à travailler, à soigner et à entretenir l’apparence et l’image du pays qu’ils donnent au reste du monde. Nous sommes à l’ère de l’image qui supplante et devient réalité ; et peut donc détruire bien des cultures et des nations. A l’ère de l’intelligence artificielle, le grand danger est que la guerre a changé de visage et l’image devient l’outil puissant dont usent les Etats pour faire, défaire des réputations et tenir en laisse les esprits facilement maniables.
De facto, quand la matière se fait grasse, la tâche se fait d’elle-même et l’image n’a même pas besoin d’être travaillée. Et c’est ce en quoi excelle le parti politique au pouvoir. Scandales sexuels, adultère, corruption, et plusieurs affaires allant de Hamieddine à Amina Maelainine, en passant par Yatim, sont autant de tares dont certains membres ont agrémenté le PJD sans parler de l’art de la provocation chez certains pjdistes qui se surpassent en la matière. Le dernier incident en date est signé Lahcen Daoudi qui, finalement, ne se retire de la scène que pour mieux mitonner ses sorties inédites.
PJD : Ni anges, ni démons
Si d’un côté, le PJD crie au complot, à la machination politique contre lui et à la « guerre psychologique » comme l’a estimé Driss El Azami pour qui « les membres du parti ne sont pas des anges, et leurs erreurs ne doivent pas impacter l’image du parti ». Ce qu’on aurait, certainement, soutenu si le parti ne s’était pas décrédibilisé par son double discours dont certains usent, à tous crins, tout en se rendant gloire. D’un autre côté, d’autres voix s’élèvent dans les autres partis pour pointer le parti de la lampe, notamment, le RNI dont le député, Mustapha Baitas, a appelé le PJD, qui selon lui, s’est servi de sa prétendue moralité pour gagner la confiance des électeurs, à se rendre avec armes et bagages, à présenter ses excuses au peuple marocain et à se retirer du gouvernement.
Dès lors, on se prend les pieds dans le tapis. Et l’image que l’on donne à voir impacte sur le climat général et s’étend, bien au-delà, surtout quand la polémique devient une deuxième nature chez certains.
Monsieur Daoudi, veuillez revoir vos leçons. Lorsque vous vous en êtes pris aux députés qui ont critiqué le bilan économique et social du gouvernement, lors des questions au gouvernement, à la Première chambre du Parlement, le moins que l’on puisse dire est que vous prenez l’ombre pour le corps et que vous en prenez à votre aise. Sa Majesté le Roi ne cesse d’exhorter votre gouvernement et de revenir à la charge, à chacun de ses discours, pour la mise en place d’un nouveau modèle de développement. Qu’en est-il, aujourd’hui ? Vous êtes sérieux quand vous lancez, à la face du monde, que le Maroc aurait été mieux s’il avait été gouverné par le parti de la lampe, depuis l’indépendance ? Pour 2018, nous en voulons pour preuve que le taux de croissance du PIB serait de 3% et de 2,9% en 2019, après 4% en 2017, 1,2% en 2016 et 4,5% en 2015. L’inflation se situerait en-deçà de 2%. Le besoin de financement est de 3,9% en 2018, et de 3,6%, en 2019. D’où le recours à l’endettement international, au moins à hauteur de 10 milliards de Dhs. Selon les chiffres donnés par le HCP, L’endettement public global de l’économie se situe à 83%, environ, tant en 2018 qu’en 2019. Alors, à quel point votre gouvernance est-elle efficace, monsieur le ministre ? Nous comptons, quand même, sur vous pour multiplier les prières rogatoires.
L’axe central des derniers discours royaux était la question sociale, qu’en est-il de la jeunesse, du taux de chômage, de la femme, des inégalités sociales et territoriales ?
Tout cela nous mène à effeuiller la marguerite « la coalition implosera … n’implosera pas » puisque les partis-membres se plaisent à prendre la balle à la volée, tellement les temps sont aux attaques aiguisées et aux ripostes acerbes, alors qu’aucune solution politique n’a été apportée aux problèmes sociaux (événements de Jerada entre autres). Prenez la lune avec vos dents autant que vous le voudrez, monsieur le ministre, le bilan de la période 2011-2018 est plus que négatif. Et prendre le maquis n’est pas une solution. Le challenge que le gouvernement, qui se prend une suée, se devrait de remporter est de reconquérir la confiance des Marocains. Mais la tâche est lourde. Très lourde, monsieur le ministre.