La CEDEAO réussira-t-elle là où l’Union européenne a échoué comme modèle d’intégration ?

Malheureusement, nous avons, parfois, pour certains d’entre nous du moins, tendance à considérer certaines organisations ou unions non occidentales sous un tropisme quelquefois folklorique, à les concevoir comme de simples avortons des « vraies » organisations (OCDE, Union européenne, ALENA).

Or, la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest par exemple, structure que le Maroc est appelé à intégrer à très court terme, mérite certainement un peu plus de considération. La CEDEAO figure, tout simplement, dans le Top 20 des économies mondiales en termes de PIB, et réalise des taux de croissance économique de l’ordre du triple de ceux des pays dits avancés. Sa population (plus de 300 millions d’habitants), la plus jeune au monde, est fortement consumériste et friande de nouveautés. Ses pays membres, actuellement au nombre de 15 (Bénin, Burkina Faso, Cap Vert, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée Bissau, Liberia, Mali, Niger, Nigeria, Sénégal, Sierra Leone et Togo) partagent, outre une grande proximité culturelle pour la grande majorité d’entre eux, une Conférence des Chefs d’Etats et de Gouvernements, un Conseil des Ministres, une Cour de Justice, une Banque d’Investissement et de Développement, une Organisation de Santé et même une force de maintien de la paix, entre autres institutions.

En intégrant un marché avec de telles potentialités, le Maroc peut faire d’une pierre plusieurs coups, dont deux structurants.

Tout d’abord, asseoir plus concrètement encore nos relations privilégiées avec un certain nombre de partenaires historiques (Sénégal, Mali…) ou plus récents, Nigéria en tête, qui pèse seul plus de 70% du PIB de la CEDEAO, et avec lequel, des projets majeurs (hydrocarbures contre phosphates, pour schématiser le propos) sont en cours de négociation.

Ensuite, prendre une longueur d’avance sur les autres pays maghrébins, voire carrément les prendre à revers, comme dans le cas de la Mauritanie qui a tout simplement quitté le navire CEDEAO en 2000. Considérant par exemple la forte similitude économique entre le Maroc et la Tunisie, qui bénéficie déjà d’un statut d’observateur dans la Communauté, investir ces marchés en amont serait indéniablement une valeur ajoutée de poids, selon la logique très intuitive du « premier arrivé, premier servi ».

Certes, certains pays ne s’acquittent pas de leurs cotisations depuis de nombreuses années, certes, certains pays ne devraient pas réellement « consommer marocain », du fait notamment de la faiblesse de leur économie, mais nous serions de fait très loin d’un scénario de type Brexit. En effet, là où l’Union européenne pèche parfois par sa complexité administrative, par des politiques économiques (Politique Agricole Commune en tête) peu lisibles et coûteuses mais aussi par le subventionnement et le maintien à flot, à bout de bras, de certains pays traversant des difficultés économiques majeures, la CEDEAO apparaît davantage comme un marché économique au sens premier du terme, porteur d’opportunités et de relais de croissance de plus en plus nécessaires à notre économie, dont le modèle économique appelle un souffle nouveau.

 

Hicham Bensaïd Alaoui

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