Centrale à gaz : un pas de plus vers l’autonomie énergétique au Maroc
Face à la nécessité de diversifier ses sources d’énergie et de renforcer sa sécurité énergétique, le Maroc a annoncé un investissement majeur de plus de 4 milliards de dirhams pour la construction d’une centrale électrique au gaz d’une capacité de 990 mégawatts. Ce projet, situé sur le site stratégique d’Alwahda, s’inscrit dans une vision ambitieuse de transition énergétique et de résolution des problèmes liés à la gouvernance gazière.
La réalisation de cette centrale électrique, confiée à l’Office National de l’Électricité et de l’Eau Potable (ONEE), sera assurée grâce à un montage financier complexe. L’ONEE contribuera directement à hauteur de 20 % des coûts, tandis que les 80 % restants seront couverts par des prêts accordés par Attijariwafa Bank et Bank of Africa, complétés par des financements issus des fonds spécialisés FT Nord Energy et FT Flexenergy. Ces partenariats public-privé témoignent de la confiance accordée au Maroc par ses partenaires financiers et de l’importance accordée à la réussite de ce projet.
La future centrale sera implantée à proximité du gazoduc EMPL, reliant le Maroc à l’Espagne depuis 2023 pour les importations de gaz. Ce choix de localisation permettra de maximiser l’efficacité logistique et de minimiser les coûts liés à l’approvisionnement. L’installation sera équipée de deux turbines à gaz ouvertes et pourra utiliser du diesel en tant que carburant de secours, garantissant ainsi une flexibilité opérationnelle en cas d’imprévu.
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Ce projet s’inscrit dans une stratégie énergétique plus large visant à diversifier le mix énergétique marocain. Actuellement, la part des énergies renouvelables dans la capacité totale est de 45 %, avec un objectif ambitieux d’atteindre 52 % d’ici 2030. Parallèlement, le charbon demeure la principale source d’énergie, contribuant de manière significative à une capacité totale qui s’élevait à 11 918 MW en 2024.
Outre la centrale d’Alwahda, le gouvernement marocain prévoit la construction d’un terminal de gaz naturel au port de Nador West Med, situé au nord-est du pays. Ce terminal, connecté au même gazoduc EMPL, jouera un rôle crucial dans l’approvisionnement en gaz naturel, renforçant ainsi l’indépendance énergétique du pays et réduisant sa dépendance aux fluctuations du marché international des hydrocarbures.
La gouvernance gazière sous la loupe
La mise en œuvre de ces projets survient dans un contexte marqué par les critiques croissantes du Conseil de la concurrence envers les acteurs du secteur des hydrocarbures. Dans son dernier rapport, l’organe de régulation a pointé du doigt le non-respect par certaines entreprises des recommandations visant à réduire les prix, soulevant des questions sur la concurrence équitable et la transparence dans le secteur. En investissant massivement dans l’énergie gazière, le gouvernement entend également répondre aux attentes des citoyens en offrant des solutions énergétiques plus accessibles et durables.
La centrale à gaz d’Alwahda représente bien plus qu’un simple investissement. Elle incarne l’engagement du Maroc à résoudre les problèmes structurels de sa gouvernance énergétique, tout en réaffirmant sa volonté de jouer un rôle de leader régional dans la transition énergétique. Alors que les défis restent nombreux, notamment en matière de régulation et de compétitivité, la concrétisation de ce projet pourrait marquer un tournant décisif dans la politique énergétique nationale.