Ces républicains qui espèrent détrôner Donald Trump
Au fil des jours, la liste des candidats républicains défiant Donald Trump s’allonge. Six se sont officiellement déclarés. Deux autres vont le faire cette semaine, et plusieurs autres y pensent.
Mais ont-ils des chances de détrôner celui qui, pour le moment, les distance largement dans les sondages ? Un seul nom émerge du lot qui pourrait présenter un danger pour l’ancien président, c’est celui du gouverneur de Floride, Ron DeSantis, et c’est pourquoi il est l’objet des attaques constantes de celui qu’il veut remplacer et qui l’appelle avec dérision Ron DeSanctimonious, Ron, le moralisateur. Le Floridien est incontestablement le principal challenger de Trump, mais pourra-t-il rattraper l’écart abyssal qui le sépare du favori ? Pourrait-il connaître le sort de Jeb Bush, donné favori en 2016 et qui s’était effondré sous les coups de boutoir du candidat Trump. C’est sans doute ce qu’espèrent secrètement ceux qui mettent le pied dans le starting-block, ou s’apprêtent à le faire. Qui sont certains d’entre eux ?
Nikki Haley a été la première à vouloir contester l’investiture de son parti à Donald Trump. Elle sera probablement la seule femme dans la course. Fille d’immigrants indiens, âgée de 51 ans, d’une personnalité agréable, cette ancienne gouverneure de Caroline du sud a fait partie de l’administration du 45ème président comme ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU. Elle a aujourd’hui pris ses distances de son ancien patron dont elle épouse pourtant bien des vues conservatrices. Elle s’est fait connaître à l’échelle nationale en ordonnant le retrait du drapeau confédéré qui flottait devant le parlement de l’Etat, à la suite d’une fusillade par un suprématiste blanc dans une église noire de Charleston. Elle a suggéré une nouvelle loi qui soumettrait à un test de compétence mentale les politiciens âgés de 75 ans. A qui pensait-elle ! L’annonce de sa candidature avait soulevé un certain intérêt qui est depuis retombé. Elle plafonne à 4% des intentions de vote. C’est peu certes, mais c’est un pourcentage que les autres candidats secondaires lui envient. Tim Scott vient aussi de Caroline du Sud qu’il représente au sénat. Il est le seul républicain noir à la Chambre Haute. Ses arrière grand parents faisaient la cueillette du coton dans une plantation. Sa vie est une belle réussite, mais quand il affirme que le racisme n’existe pas aux Etats-Unis, les autres noirs lui tournent le dos. Son message est optimiste, et il s’efforce d’unifier son parti, mais il n’est pas très connu des Américains et 1% seulement se disent prêts à voter pour lui.
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Tout aussi peu connu est Asa Hutchinson, ancien législateur devenu gouverneur de l’Arkansas. Il a 72 ans et représente l’aile modérée du parti. C’est un républicain de l’ancien temps et l’un des rares à critiquer ouvertement Trump, alors que la plupart hésitent encore à s’opposer au mastodonte politique. Hutchinson a su gérer son Etat d’une façon propre à séduire les conservateurs en réduisant les impôts et en créant des emplois, mais il n’a pas encore atteint le 1% de partisans.
Vivek Ramaswamy est le benjamin du groupe. A 37 ans, tout juste 2 ans de plus que l’âge minimum pour briguer la Maison Blanche, cet homme d’affaires d’origine indienne a fait de la lutte « antiwoke », comprendre anti politiquement correct, sa cause favorite. Il a créé une société qui combat toutes les initiatives sociales, environnementales et culturelles que soutiennent les grosses entreprises. Il veut mettre fin aux programmes d’action positive, fermer le ministère de l’Education et envoyer l’armée à la frontière avec le Mexique. Plus Trump que Trump. « Pour redonner à l’Amérique sa première place, nous devons d’abord savoir ce qu’elle est » aime-t-il à dire. Candidat original, il reste marginal.
Deux autres poids lourds de la politique entrent dans la compétition cette semaine: Chris Christie, ancien gouverneur du New Jersey, suivi par Mike Pence, ancien vice-président et bras droit de Trump.
Christie affiche ouvertement son dédain pour l’ancien président dont il fut épisodiquement très proche. Il avait concouru en 2016, mais avait abandonné après la primaire du New Hampshire, et s’était alors rapproché de Trump, une relation parfois tendue, jusqu’à la rupture après l’assaut contre le Capitole du 6 janvier 2021. Christie est excellent dans les débats. C’est un cogneur. Il avait littéralement détruit Marco Rubio, le sénateur de Floride, lui aussi candidat cette année-là, et il portera certainement de mauvais coups à Trump s’il peut participer au premier débat du mois d’août. Il lui faudra pour cela avoir au moins 1% de soutiens.
Mike Pence a, sur certains de ses rivaux, l’avantage d’être connu. Trop peut-être. Il fut pendant quatre ans le bras droit de Trump, son lieutenant obséquieux disent les méchantes langues, oubliant pourtant que sans lui la démocratie américaine aurait pu disparaître. Il s’était opposé à l’ordre du président de refuser de certifier les résultats de l’élection de 2020. Il n’a jamais été récompensé pour son acte courageux. Il n’a fait que lui attirer l’hostilité des loyalistes de Trump qui voulait le pendre le jour de l’attaque contre le Congrès, et l’indifférence un peu méprisante des démocrates.
Il a le « look » présidentiel avec sa belle chevelure blanche toujours impeccablement peignée. Ancien homme de radio, c’est un bon communicateur qui s’exprime avec la voix douce d’un chanoine, et peut compter sur une partie de la droite religieuse pour le soutenir. Il lui faudra toutefois bien des prières avant d’entrer à la Maison Blanche.
D’autres candidats peuvent décider de tenter leur chance. Plus ils seront nombreux, plus Trump se réjouit car il les avait éliminés les uns après les autres en 2016. La multiplicité d’enquêtes et de procès qui le menacent pourrait toutefois entraver son espoir de renouveler l’exploit, mais c’est loin d’être certain. L’investiture lui semble pour le moment acquise. Lui seul peut la perdre.
Avec MAP