Ceuta : les travailleurs marocains devront quitter l’île en fin de journée (autorités)
Les autorités de Ceuta vont contrôler plus strictement si les travailleurs marocains quittent les enclaves à la fin de leur journée de travail. Avant cette décision, c’est un grand nombre de travailleurs marocains qui n’avait jamais été autorisés à passer la nuit à Ceuta, mais en raison d’un manque de moyens d’application, les autorités de l’enclave ont fermé les yeux dans le passé.
L’introduction d’un nouveau système numérique de sécurité des frontières va désormais changer les dispositions pour le séjour de Marocains dans l’enclave, car il permettra aux gardes-frontières espagnols de tenir un registre très précis de la durée de séjour des ressortissants marocains dans l’enclave.
Le nouveau système de reconnaissance « intelligent » comprend un passage piéton renouvelé et un nouveau système de caméra CCTV avec reconnaissance faciale et est destiné à traquer les passeurs et les trafiquants, selon les autorités de Ceuta. Le système enregistre parfaitement la fréquence et le moment où une personne franchit la frontière et peut faire la distinction entre les citoyens de l’Union européenne (UE) et ceux du Maroc.
Les points de passage frontaliers ont été en grande partie fermés en 2019, mais en raison de la pandémie coronavirus, avant que les frontières soient complètement fermées en raison de la crise diplomatique entre Rabat et Madrid, elles sont restées fermées plus longtemps. Elles ont été récemment ouvertes, après le dégel des relations diplomatiques entre les deux pays.
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La construction du nouveau système a commencé en 2019, mais en raison de la fermeture des frontières nationales, il n’a pas pu être déployé avant longtemps. Après plus de deux ans, les frontières du pays ont rouvert au début de ce mois, initialement uniquement aux résidents de l’UE et à partir du 31 mai également aux travailleurs marocains.
Une politique de deux poids deux mesures
Les deux pays négocient ces derniers mois les conditions de la réouverture des frontières et lorsque le conflit a finalement été réglé entre les deux pays.
Une partie importante des négociations est que l’Espagne régularise la situation des travailleurs frontaliers marocains. Rabat a exigé, entre autres, que les conditions de travail des ressortissants marocains soient améliorées. Les opérations de contrebande illégales devaient également cesser.
Rabat n’est pas satisfait du statut de citoyens de seconde zone des plus de 8 500 Marocains travaillant à Ceuta et Melilla. Les salariés marocains ont un permis de travail qui leur permet d’entrer et de sortir une fois par jour, mais ils ne bénéficient pas des mêmes droits que les autres salariés étrangers en Espagne.
Les travailleurs marocains ont un contrat de travail et cotisent aux caisses de sécurité sociale espagnoles mais ne perçoivent pas d’indemnités en cas d’accident du travail ou s’ils sont licenciés, et ils ne bénéficient pas non plus de congés payés. En outre, l’Espagne applique l’impôt sur le revenu aux non-résidents de Ceuta et Melilla ; les travailleurs paient environ un quart (24 %) de leur salaire en impôts.
L’application plus stricte de la « politique du jour au lendemain » semble être une réaction à la ligne dure adoptée par Rabat lors des négociations. A partir de demain, les travailleurs entrant dans l’enclave espagnole doivent repartir le jour même. Les contrevenants risquent une interdiction d’entrée.