Changement climatique : les experts de l’ONU alertent sur les conséquences terribles de l’inaction
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a dressé lundi un nouveau tableau des conséquences terribles du changement climatique, mettant en garde l’humanité contre l’inaction et le manque d’adaptation au réchauffement de la planète.
« Le changement climatique provoque des perturbations dangereuses et généralisées dans la nature et affecte la vie de milliards de personnes dans le monde, malgré les efforts déployés pour réduire les risques. Les populations et les écosystèmes les moins aptes à y faire face sont les plus durement touchés », affirment les scientifiques de l’ONU dans leur nouveau rapport.
« Ce rapport lance un avertissement très sérieux sur les conséquences de l’inaction», a déclaré Hoesung Lee, président du GIEC. «Il montre que le changement climatique fait peser une menace grave et grandissante sur notre bien-être et la santé de la planète. Les mesures prises aujourd’hui façonneront l’adaptation de l’humanité et la réponse de la nature aux risques climatiques croissants», a-t-il dit.
Le monde sera confronté à de multiples aléas climatiques inéluctables au cours des deux prochaines décennies avec un réchauffement planétaire de 1,5 °C (2,7 °F). Le dépassement, même temporaire, d’un tel niveau de réchauffement entraînera des conséquences graves supplémentaires, dont certaines seront irréversibles. Les risques pour la société augmenteront, y compris pour l’infrastructure et les établissements humains sur les côtes de basse altitude.
Selon les experts, la multiplication des vagues de chaleur, des sécheresses et des inondations excède déjà les seuils de tolérance des végétaux et des animaux, provoquant la mortalité massive d’arbres, de coraux et d’autres espèces. Du fait qu’ils surviennent simultanément, ces extrêmes météorologiques ont des répercussions en cascade de plus en plus difficiles à gérer. Ils exposent des millions de personnes à une insécurité alimentaire et hydrique aiguë, notamment en Afrique, Asie, Amérique centrale et Amérique du Sud, dans les petites îles et en Arctique.
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Si l’on veut éviter de perdre toujours plus de vies humaines, de biodiversité et d’infrastructures, la prise accélérée de mesures ambitieuses est requise pour s’adapter au changement climatique, tout en réduisant rapidement et fortement les émissions de gaz à effet de serre, préconisent le GIEC, notant qu’à ce jour, les progrès en matière d’adaptation sont inégaux et les écarts se creusent entre l’action engagée et ce qui est nécessaire pour faire face aux risques croissants, selon le nouveau rapport. Ces écarts sont particulièrement prononcés au sein des populations à faible revenu.
Le rapport du Groupe de travail est le deuxième volet du sixième Rapport d’évaluation du GIEC, dont la publication s’achèvera cette année.
«Ce rapport reconnaît l’interdépendance du climat, de la biodiversité et des populations humaines et intègre davantage les sciences naturelles, sociales et économiques que les évaluations précédentes du GIEC», a fait valoir Hoesung Lee. «On y insiste sur l’urgence de prendre des mesures immédiates et plus ambitieuses pour faire face aux risques climatiques. Les demi-mesures ne sont plus possibles», a-t-il dit.
L’adaptation au changement climatique peut prendre diverses formes, selon le rapport qui jette un éclairage nouveau sur le potentiel qu’a la nature de diminuer les risques climatiques, mais aussi d’améliorer la vie des gens.
Ce rapport renferme une évaluation détaillée des impacts du changement climatique, des risques et de l’adaptation dans les villes, qui concentrent plus de la moitié de la population mondiale. La santé, la vie et les moyens de subsistance des gens, de même que les biens matériels et les infrastructures cruciales comme les systèmes d’énergie et de transport, sont de plus en plus touchés par les aléas dus aux vagues de chaleur, tempêtes, sécheresses et inondations, ainsi que par les phénomènes à évolution lente telle l’élévation du niveau de la mer.
Il apparaît de plus en plus que l’adaptation a parfois eu des conséquences indésirables, par exemple a détruit la nature, mis en péril la vie des gens ou augmenté les émissions de gaz à effet de serre. Il est possible de l’éviter en associant tout le monde à la planification, en veillant à l’équité et à la justice, et en mettant à profit les savoirs autochtones et locaux.
Le rapport indique clairement qu’un développement résilient face au changement climatique est déjà un défi au niveau actuel de réchauffement. Il sera plus limité si le réchauffement planétaire excède 1,5 °C (2,7 °F). Dans certaines régions, il sera impossible si le réchauffement planétaire dépasse 2 °C (3,6 °F). Ce constat crucial souligne l’urgence d’agir en faveur du climat, en s’attachant à l’équité et à la justice. Un financement adéquat, le transfert de technologies, la volonté politique et la concertation rendent plus efficaces l’adaptation au changement climatique et la réduction des émissions.
(Avec MAP)