Des chercheurs décryptent l’histoire du choléra pour mieux le combattre
Une équipe internationale de chercheurs a reconstitué l’histoire des grandes épidémies mondiales de choléra depuis 60 ans ouvrant la voie à une stratégie plus efficace de lutte contre la maladie qui fait encore près de cent mille morts par an.
L’analyse du génome de plus de 1.200 souches de vibrion cholérique, la bactérie responsable de l’infection, a permis de montrer pour la première fois le lien entre les différentes épidémies depuis 1961, précisent ces chercheurs dont les deux études sont publiées jeudi dans la revue Science. Ces résultats révèlent que la dernière pandémie de choléra est d’origine asiatique, et que la plupart des souches résistantes aux antibiotiques proviennent de ce continent. Le choléra, une infection intestinale aiguë qui provoque des diarrhées sévères, est encore à l’origine d’épidémies majeures comme celles qui a frappé Haïti en 2010 et affecte aujourd’hui le Yémen.
En 2016, la maladie touchait 38 pays et fait encore près de 100.000 morts par an. Sept pandémies de choléra se sont produites dans le monde depuis le début du 19e siècle faisant des millions de victimes. La France a été touchée par le « choléra asiatique » en 1832 lors de la seconde pandémie coûtant la vie à 19.000 personnes en six mois. Actuellement, le monde connaît la septième pandémie de choléra qui a démarré en 1961 et a affecté les continents africain et américain.
Les chercheurs ont constaté que l’agent infectieux a été introduit à au moins onze reprises en Afrique en 44 ans, toujours à partir de l’Asie et que l’homme est le principal disséminateur de la maladie sur le continent africain. « Ces découvertes nous informent sur les régions d’Afrique les plus vulnérables à l’introduction du choléra qui devront être ciblées pour enrayer les vagues d’infection avant qu’elles ne balaient le reste du continent« , explique le Dr François-Xavier Weill, chef de l’unité des bactéries pathogènes entériques à l’Institut Pasteur, l’un des principaux auteurs de l’une des études.
La seconde étude s’est concentrée sur l’Amérique latine où le choléra épidémique est réapparu en 1991 et où existait aussi des cas sporadiques avec des formes atténuées de la maladie. Les chercheurs ont démontré que le risque de pandémie variait selon la souche de la bactérie impliquée. Ainsi, les graves épidémies qui ont touché le Pérou dans les années 1990 et Haïti en 2010 ont été provoquées par une souche d’origine asiatique, alors que les cas sporadiques en Amérique latine étaient le fait de souches autochtones moins virulentes.
afp