La Chine et l’Afrique se rencontrent fin novembre à Marrakech, pour un nouveau chapitre de leur partenariat économique
Par Othmane Semlali
Après une première édition réussie, le Forum Chine- Afrique sur l’Investissement, revient à Marrakech les 27 et 28 novembre, pour une deuxième édition.
Ce conclave que SM le Roi Mohammed VI a bien voulu placer sous Son Haut Patronage, abordera les conditions nécessaires pour que le partenariat économique sino-africain s’accélère et se développe davantage.
Le China-Africa Investment Forum, qui rassemblera plus de 400 décideurs économiques chinois et africains de haut niveau, est co-organisé par le Ministère de l’Industrie, de l’Investissement, du Commerce et de l’Économie Numérique du Royaume du Maroc, Jeune Afrique Media Group, et BOAO Business Consulting.
En moins de 20 ans, la Chine, faut-il le rappeler, est devenue le premier partenaire économique de l’Afrique. Avec plus de 10000 entreprises actives sur le Continent, ses échanges commerciaux avec l’Afrique estimés à 190 milliards de dollars en 2016, sont aujourd’hui plus importants que ceux de l’Inde, de la France et des États-Unis réunis. Néanmoins, le partenariat économique sino-africain présente encore un potentiel considérable de croissance.
Selon McKinsey, les revenus générés en Afrique par les entreprises chinoises pourraient progresser de 144 pc d’ici à 2025. Plusieurs atouts qui justifient la détermination des deux parties à aller de l’avant dans leur coopération, et donc d’œuvrer pour ouvrir un nouveau chapitre, équilibré et bénéfique pour chaque partenaire.
Accélérer les investissements, encourager les partenariats dans les nouveaux secteurs porteurs de croissance, favoriser la co-production et le sourcing industriel local, identifier les intérêts communs entre les stratégies d’investissements de la Chine et les priorités économiques de l’Afrique, créer le cadre financier et juridique qui favorisera les échanges commerciaux et les réussites industrielles, sont des thèmes parmi d’autres qui seront posés sur la table des discussions lors de ce forum.
Il s’agit aussi d’examiner les priorités et les nouveaux cadres de développement et de partenariat, sachant que les investisseurs chinois sont présents dans tous les secteurs, traditionnels et innovants.
Quels sont les blocages actuels, et comment les surmonter ? L’initiative « One Belt One Road » (OBOR), présentée comme une occasion unique d’accélérer les investissements chinois dans le monde, et notamment en Afrique, fera-t-elle évoluer la relation ?, quelles priorités de développement ? Sont des questions parmi d’autres, auxquelles les participants tenteront d’apporter des réponses.
On tentera aussi de vérifier comment la Chine pourrait être ‘’un accélérateur industriel’’ du Continent Africain car, avec plus d’un milliard d’âmes et un coût du travail compétitif, l’Afrique est l’avenir de l’industrie, un terrain compétitif pour accueillir les délocalisations chinoises à l’heure où les chaînes de valeurs mondiales évoluent.
Cependant, les Chinois ne s’approvisionnent qu’à 47 pc en intrants locaux et les exemples de co-production restent rares, pour des raisons de coûts et d’une industrialisation encore trop faible. L’Afrique, qui a besoin d’accélérer son industrialisation, a-t-elle trouvé dans la Chine le partenaire idéal ?
L’apport de la Chine dans l’industrialisation de l’Afrique : exemples de réussites Zones économiques spéciales, parcs industriels, secteurs stratégiques, subventions, protectionnisme… Quelles politiques industrielles pour des partenariats sino-africains efficaces ? Comment garantir des transferts de compétences et de technologies ? sont d’autres questions qui focaliseront l’intérêt des participants à ce forum.
Quid du Maroc dans ce schéma ? Il est à noter que le Royaume, qui a signé en 2016 quinze accords stratégiques avec la Chine et noue une relation particulière avec le reste du continent africain, peut jouer un véritable rôle de « trait d’union ». Cependant, le plus important est de savoir comment peut-on mieux aligner les exigences et attentes des Africains avec les intérêts des investisseurs chinois ? Comment le Maroc peut-il se positionner comme carrefour des investissements chinois en Afrique ? Comment bâtir un avenir commun bénéfique pour tous ?
En matière d’infrastructures, le déficit coûte à l’Afrique 2 pc de croissance annuellement, selon la Banque Mondiale. Pour rattraper ce retard, 93 milliards de dollars par an seraient nécessaires. Une croissance inclusive et l’insertion de l’Afrique dans une économie mondialisée passe nécessairement par le développement de ses infrastructures dans les transports, l’énergie, les TIC notamment.
Avec des réserves estimées à 3000 milliards de dollars, les Chinois investissent massivement dans les infrastructures du Continent tout en transférant savoir-faire et technologie.
Bénéfiques dans l’immédiat, ces investissements suscitent néanmoins des interrogations qu’acteurs chinois et africains doivent adresser.
Dans le secteur des énergies renouvelables, la Chine éclairera-t-elle l’Afrique ? Selon l’Agence internationale de l’énergie, la moitié des nouvelles capacités énergétiques de l’Afrique subsaharienne sont issues de sociétés chinoises.
Elles proviennent principalement d’énergies renouvelables, domaine dans lequel, la Chine a investi massivement depuis 2014. Face aux besoins (plus de 600 millions d’Africains n’ont toujours pas accès à l’électricité), au vu des défis technologiques et d’infrastructures, et alors qu’une alliance d’innovation et de coopération sur les énergies renouvelables entre la Chine et l’Afrique vient d’être créée, les investisseurs chinois sont-ils les meilleurs partenaires ? Peut-on tout de même, s’interroger.
Le deuxième forum Chine-Afrique sur l’Investissement accueillera d’éminentes personnalités issues de différents horizons, et s’annonce donc riche en débats et échanges autour de sujets stratégiques pour l’avenir commun des deux partenaires.