Chômage : une montée record due à la situation structurelle du marché de l’emploi
La montée record du taux de chômage durant le 1er trimestre de 2023 est due à plusieurs raisons, dont la situation structurelle du marché de l’emploi, a souligné le Haut-Commissaire au Plan, Ahmed Lahlimi Alami.
Cette situation structurelle est amplifiée par une conjoncture venant du covid-19, de plusieurs années successives de sécheresse et d’une politique de l’emploi qui a favorisé l’entrée sur le marché de personnes qui se sont mises en recherche d’emploi, a expliqué M. Lahlimi au journal économique marocain en ligne « Médias24 », estimant que cette montée du taux de chômage à 12,9% était « attendue ».
Ce chômage, a-t-il soutenu, a été freinée néanmoins, non pas par la création d’emploi, mais par le passage à l’inactivité d’une partie de la population qui était active, car elle est découragée, particulièrement chez les jeunes et dans le domaine des emplois non rémunérés en grande partie féminisée.
Aussi, M. Lahlimi a révélé que près de 90% des pertes d’emplois accusées entre mars 2022 et mars 2023 sont des emplois non rémunérés, alors que 13.000 postes rémunérés ont été perdus.
« Entre les deux premiers trimestres de 2022 et 2023, la population active occupée (celle qui travaille) est passée de 10.697.000 à 10.418.000 personnes, soit une perte nette de 280.000 postes d’emplois sur une année », a-t-il précisé.
Lire aussi : Hausse du chômage: Au-delà des facteurs conjoncturels
Ces emplois non rémunérés se trouvent dans l’agriculture, et sont en grande majorité occupés par des femmes (97%), a souligné M. Lahlimi, ajoutant que les services aussi ont connu une perte importante en raison de la baisse d’activité du commerce, du transport, de la restauration, ce qui est paradoxal puisque dans l’hébergement, il y a eu une création de postes.
« Pour compenser ces baisses, il y a eu des créations de postes dans les activités financières, les assurances, les services administratifs, la santé, l’enseignement, l’action sociale, l’activité des associations, … Tous ces secteurs ont créé de l’emploi, avec le BTP et l’industrie qui ont créé à peu près de 36.000 postes », a fait savoir le Haut-Commissaire au Plan.
Et de poursuivre que le nombre de personnes au chômage a augmenté en une année de 83.000 individus pour atteindre plus de 1,5 million de chômeurs.
Parallèlement, M. Lahlimi a indiqué que le taux de chômage aurait pu être de 15% à fin mars, notamment si les personnes qui sont passées de l’activité à l’inactivité, au nombre de 197.000 individus, étaient restées demandeurs d’emploi.
Par ailleurs, le Haut-Commissaire au Plan a affirmé que l’effet Ramadan a apporté sa contribution à la montée du taux de chômage à fin mars, car une partie des artisans n’ont pas travaillé durant ce mois.
Les pertes d’emploi dans un secteur comme la restauration sont aussi caractéristiques de cette période de Ramadan, a-t-il fait remarquer, notant que ces effets vont probablement disparaître en partie le trimestre prochain, mais le chômage restera élevé tant que les facteurs structurels qui le soutiennent restent là.
Avec MAP