Chronique algérienne : Du chantage victimaire au désespoir résigné
Par Hassan Alaoui
Charles Péguy écrivait dans ses « Cahiers de la Quinzaine » : « Il y a quelque chose de pire que d’avoir une mauvaise âme et même de se faire une mauvaise âme. C’est d’avoir une âme toute faite. Il y a quelque chose de pire que d’avoir une âme même perverse »
Nous y sommes de plain-pied. Jamais au grand jamais la junte militaire d’Algérie qui règne sur le pays depuis 1962, n’a été aussi acculée au désespoir qu’aujourd’hui. On se prend à regretter l’époque des Boumediene, des Chadli et des Bouteflika même avec lesquels le Maroc croisait certes le fer, mais était confronté à des adversaires à tout le moins dignes, à la limite respectables dans leur adversité et leur « loyauté » guerrière.
A présent nous faisons face à une lie, ni plus ni moins, une lie de l’humanité comme l’on dit. Après avoir dépensé la bagatelle de 50 Milliards de dollars pour entretenir le polisario de 1974 – date de sa création – à nos jours, aux dépens du peuple algérien, privé quant à lui de l’essentiel, le pouvoir militaire vient d’annoncer tambour battant la création ex-nihilo d’un « mouvement de libération du Rif »…Il ne croit pas si bien dire, nous laissant pantois, tant l’initiative, tirée par les cheveux est d’ores et déjà étouffée dans l’œuf et vouée à l’échec.
Le scénario du Rif nous confirme en somme une vérité qui est au pouvoir algérien ce sa tradition du complot a toujours été à son positionnement régional et international. Pis, derrière les faux oripeaux, il est passé maître du déni et du mensonge. J’ajouterais que le choix des prétendus membres du bureau de ce nouveau « mouvement » séparatiste nous donne l’avant-gout – amer et comment !- de la cupidité algérienne : ces mercenaires sont connus pour être au mieux des repris de justice, poursuivis et pour certains condamnés et au pire des criminels avérés. Le scénario du séparatisme auquel l’armée algérienne nous convie de nouveau est connu, mis en œuvre depuis des lustres pour ne pas nous interpeller aujourd’hui de sa vanité désastreuse. Pourquoi donc ce qui a fait long feu et n’a pas fonctionné avec le polisario, réussirait-il avec le Rif , en recourant de surcroît à une bande esseulée de trafiquants de drogue recherchés, transformés en pieds-nickelés et en desesperados ?
En vérité, la rivalité maroco-algérienne a généré une sorte de cancers à métastases multiples, et le Rif n’en est que le dernier avatar. Depuis juillet 1962 et l’indépendance de l’Algérie, à laquelle le Maroc a apporté son précieux et inestimable soutien, notre relation avec ce pays n’a jamais connu de paix réelle, encore moins le voisinage qui sied à des pays frontaliers. L’accalmie a duré en tout et pour tout à peine une dizaine d’années diffractés sur un demi siècle de guerre froide , avec des points culminants de tension et de crises, notamment depuis août 1994 lorsque les services secrets algériens ont, en pleine détente soi-disant, fomenté l’attaque terroriste contre l’hôtel Asni à Marrakech.
Sur le pied de guerre, Maroc et Algérie ont cultivé comme l’on dit la dissuasion avec cette particularité qu’après l’arrivée à la tête de l’armée algérienne de Saïd Chengriha, suite au décès du général Gaïd Salah en 2019, janissaire en quelque sorte du président Abdelmajid Tebboune, la brutalité du langage, la méprisante provocation envers le Maroc ont constitué le modèle de voisinage avec notre pays. Il serait fastidieux de dresser ici le nombre de dérives auxquelles se sont livrés Chengriha et son protégé Tebboune, catapulté en 2019 par l’armée chef de l’Etat et propulsé « voix de son maître », avant de se transfigurer en primus inter pares de la haine anti-marocaine.
Il est une maladie psychopathologique, on l’a dit, qui continue de frapper les soudards de sous-préfecture que son les militaires d’Algérie, c’est désormais le complexe de mimétisme. Autrement dit, une inquiétante propension à imiter tout ce que fait et entreprend le Royaume du Maroc. Le Maroc acquiert-il des avions de combat ? Et l’Algérie se lance alors dans des campagnes de dénonciation injustifiées, calomnieuses comme si notre pays n’a-t-il aucun droit à assurer sa sécurité et sa protection ! L’Algérie qui a triplé en quelques années son volume d’armements, atteignant l’astronomique chiffre de pas moins de 24 Milliards de dollars…Le Maroc relance-t-il la projet de coopération atlantique , en associant les Etats enclavés du Sahel, et voilà l’Algérie qui panique et, versant dans une logique suicidaire, harcèle sans foi ni loi la Mauritanie voisine dont seulement une poignée de kilomètres servent de frontières communes… Dans les pas du Maroc, elle s’évertue à jouer la séduction auprès de l’Arabie saoudite, du Qatar et au Conseil de sécurité des Nations unies, elle fait pression sur le Mozambique, la Sierra Léone et autres pays, s’exhibant au point d’y vendre son âme…
Décidément, cet acharnement a un nom : la jalousie malveillante.
« Il y a quelque chose de pire que d’avoir une mauvaise âme et même de se faire une mauvaise âme. C’est d’avoir une âme toute faite. Il y a quelque chose de pire que d’avoir une âme même perverse. C’est d’avoir une âme habituée. »
( Charles Péguy)