Climat et droits de l’Homme: Comment et pourquoi la COP22 doit et peut faire mieux que la COP21…
A la veille de la COP22, le journaliste et anthropologue Abdessamad Mouhieddine réalise pour «Maroc diplomatique» un grand entretien avec Patrice Barrat, fondateur et Délégué Général de l’association Bridge Initiative International, auteur de l’Appel «Au nom de nos droits», lancé en France, le 10 décembre 2015, depuis Le Bourget…
Entretien réalisé par Abdessamad Mouhieddine
Maroc Diplomatique _ Votre ONG Bridge Initiative International est impliquée, depuis des années, dans les enjeux de la mondialisation et de la gouvernance globale. Pouvez-vous la présenter succinctement à nos lecteurs ?
– Patrice Barrat _ Je vois, au moins, quatre manières différentes de la pré- senter: comme déjà un succès, comme n’ayant encore rien accompli de réellement signifiant, comme un accident dans mon histoire personnelle ou comme inéluctable compte-tenu des valeurs que m’ont transmises mes parents, Denise et Robert Barrat. Si vous voulez bien, je vais commencer par eux et dire à Maroc Diplomatique qu’il y aura au Maroc, si tout va bien, début 2017, une exposition qui leur sera consacrée. Leur combat pour la décolonisation de l’Empire Français, pour le Respect de l’Autre quelle que soit sa race, sa couleur, son rang social, s’est bien sûr étendu au Maroc. Le livre de mon père, «Justice pour le Maroc », publié en 1953, après les émeutes et le massacre de Casablanca, est, semble-til unique en son genre, parmi tous ces « Français Libéraux » qui ont pris tant de risques, aux côtés, des indépendantistes et nationalistes marocains de tous bords. D’ici cet automne, j’aurais terminé un livre – mon premier livre en fait- sur eux. Je l’ai appelé «Le Sens des valeurs» car je veux transmettre aux jeunes du monde entier les belles choses et les belles personnes que j’ai eu à connaître grâce à eux, le courage politique et physique. Il paraîtra en France, en Algérie et au Maroc.
J’en parle avec vous car, j’ai pris conscience un beau jour (ou plutôt un beau soir car c’était lors d’une projection à l’Institut du Monde A r a b e du film « B e n B a r k a , l’équation marocaine» que j’ai produit et dont je suis co-auteur avec la magnifique réalisatrice Simone Bitton) que peut-être mon combat à moi, c’était finalement de lutter contre les méfaits planétaires de la Mondialisation Néo-Libérale, comme eux ont su dire non à la Colonisation éhontée des esprits, des corps et des terres au loin. Ce soir-là, en 2004, j’ai parlé de la « Dé-mondialisation » nécessaire en introduction au film sur la vie de Mehdi Ben Barka. Et je crois bien que personne n’a compris (moi, à peine) ce que je voulais dire. C’était bien avant le sémillant Montebourg. Mais l’idée venait de quelqu’un d’autre. De Nicola Bullard, une australienne activiste qui dirigeait avec Walden Bello, l’ONG Focus on the Global South. Et justement, Nicola (qui travaille maintenant à Paris avec le CCFD, comme responsable de l’Asie), je l’ai rencontrée en 2001, à Porto Alegre puis au sommet du G8 à Gènes, où un manifestant a été abattu par la police de Berlusconi. Elle a pris part aux toutes premières réunions de ce que n’était pas encore une ONG ou une association mais juste un projet : The Bridge Initiative on Globalization … Le succès ? Il est venu très vite, trop vite peut-être. Nous sommes partis de rien en 2001, nous ne sommes devenus juridiquement une association qu’en 2003 et dès 2005, Bridge Initiative International, a été choisie par le FIFDH (Festival International du Film des Droits de l’Homme de Genève) comme ONG de l’Année 2005 ! ( en 2004, c’était Greenpeace !). En 2005 aussi, les Nations Unies nous appellent au secours – ils avaient participé à nos réunions de médiation exploratoire et à nos débats publics, à nos processus sur l’Eau, sur l’Agriculture et le Commerce, sur Médias et Mondialisation et avaient vu nos efforts pour amener la Société Civile du Monde Arabe à être associée à nos démarches- mais je ne m’attendais pas à ce que Marta Mauras, la chef de Cabinet de Kofi Annan m’appelle, un soir, à Paris depuis New York, pour me dire : «Patrice, on a un gros problème : après l’administration Bush, c’est maintenant la Chine qui veut nous empêcher d’inviter les ONG, la Société Civile, à participer au Sommet du Millénaire prévu cet automne à New York. Ce serait pour nous après Rio, Johannesburg, Monterrey, un énorme recul. Qu’est-ce qu’on peut faire ?». Je la rappelle, deux jours plus tard, avec l’idée suivante : organisez-nous, pas tout seuls, rassurez-vous- un Forum de la Société Civile à New York pendant le Sommet, en parallèle. Et les institutions ou les gouvernements qui le souhaiteraient seraient les bienvenus. J’ai appelé cela «Open Un» et cela a eu lieu, du 13 au 17 septembre à Riverside Church, là où Martin Luther King avait prononcé un des ses fameux discours. Le 13 septembre, à quelques heures de l’ouverture officielle d’Open Un, je suis en train de voir si le son marche bien avec ma petite équipe de trois personnes, et d’un seul coup, je réalise que quelqu’un doit dire quelque chose, un discours, pour expliquer et que ce quelqu’un, c’est moi. Alors, je vais vite m’isoler au Bistrot du coin, j’écris ce quelque chose. Dans l’Eglise, j’ai tremblé en lisant ou en disant mon texte. Mais aujourd’hui, il demeure. (Voir encadré).
Un accident ?
– Longtemps, j’ai cru que Bridge Initiative International, était née dans la foulée d’un accident : un dialogue par satellite plutôt raté, si l’on considère mon but d’alors qui était d’être constructif, entre le Forum Economique Mondial de Davos et le Forum Social Mondial de Porto Alegre. Souvenez-vous, nous sommes en 2001, en Janvier. Personne ne connaît encore le FSM. A l’époque, une grande part de la Société Civile (des gens) est dans une protestation véhémente contre – déjà?- les ravages de la mondialisation ultralibérale. Le fameux slogan sans appel – Tina « thereis no alternative »- de Margaret Thatcher, veille encore sur l’idéologie dominante, sur la défense des intérêts des nantis et sur l’illusion maintenue que combattre la Pauvreté passe par leur enrichissement à eux, les très riches..On le voit lors de grands sommets internationaux. Davos avait dit oui au débat mais quelques semaines avant, ils veulent m’imposer un « Droit de Veto » sur le contenu. Je leur dis non. Alors, ils me retirent mon accréditation (l’année d’avant, j’étais leur invité en tant qu’éditorialiste) et donne une consigne dans toute la ville de ne pas nous laisser accéder à un lieu de transmission possible. Car je leur avais dit que je maintiendrais mon idée de dialogue et que j’inviterais des participants au Forum Economique Mondial à venir dialoguer par satellite avec le FSM de Porto Alegre. Eh bien, nous nous sommes « réfugiés » dans une Eglise Protestante à Davos. George Soros, John Ruggie, chef de Cabinet de Kofi Annan, Mark Malloch Brown, Directeur du PNUD, et Bjorn Edlund, Vice Pré- sident de la Multinationale ABB, sont venus en pionniers. 30 minutes avant la liaison, on m’annonce que TV Globo va diffuser en direct. Au début de l’émission, je présente, en quelques minutes, ce contexte si singulier. Mais à la fin, on me dira que le son ne marchait pas pendant les premières minutes. Du coup, les panelistes de Porto Alegre ont carrément insulté ceux de Davos comme étant vendus aux Multinationales. Une catastrophe de dialogue ! Pendant deux jours, j’étais déprimé tout en admettant en tant que journaliste que c’était une bonne photo du fossé qui existait. Et puis une amie, Evelyn Messinger, m’a dit : «Mais Patrice, tu ne te rends pas compte : cela veut dire qu’il y a beaucoup à faire pour rendre possible le Dialogue ». Deux mois plus tard, j’étais au Premier Conseil International du FSM à Sao Paulo et là, les Fondateurs me remercient et me demandent de créer un contact « pour débattre » avec les Nations Unies, la Banque Mondiale et le FMI ! Je l’ai fait et même un peu plus. Voilà, vous savez presque tout sur nos débuts.
Vous avez suivi l’avant, le pendant et l’après COP21 de près. Quel en a été le bilan, selon vous ?
– Si, officiellement, on pouvait se réjouir de l’accord sur 1,5 degré qui est apparu comme un exploit, il s’y est en fait passé au moins une chose indigne et scandaleuse. Certains, au coeur des négociations sur le Climat, n’ont pas eu l’air d’être favorables à leur évocation. D’après ce qu’on nous dit de l’intérieur des discussions officielles, l’administration d’Obama est contre, la Commission Européenne est contre aussi et va même jusqu’à s’opposer à la Présidence d’Hollande qui vient pourtant de se prononcer lamentablement en faveur d’un très fameux « Droit à l’Humanité » proposé par Corinne Lepage, se privant ainsi de tout levier juridique signifiant rattaché aux acquis de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme ou du Développement Humain, à tout le corpus juridique bâti au fil des décennies depuis la Seconde Guerre Mondiale par les agences des Nations Unies; ou encore par la Cour Pénale Internationale où l’on aimerait maintenant voir défiler tous ces Criminels de Guerre aux Mains Propres reconnus pourtant publiquement et scientifiquement responsables de Crimes contre l’Humanité de la Nature et contre la Vie même d’au moins des centaines de Millions d’Habitants de notre pauvre Planète. De plus, la connivence indiscutable entre pouvoir politique, pouvoir économique, pouvoir médiatique, pouvoir d’influence sur la décision ultime comme sur l’opinion de tout un chacun au fin fond d’un isolement souhaité et voulu par les Puissants pour mieux contrôler les masses, les domestiquer et continuer de faire un profit éhonté sur leurs dos, cette connivence est connue, elle a été mille fois exposée. Où et quand nous permettra-t-on d’en faire le point central de l’examen de l’état de la Planète, de l’avenir de l’Humanité? Est-il possible de bâtir une solution quelle qu’elle soit, une approche durable justement, transparente et positive, où chaque acteur des gouvernances locale et globale, en laissant leur place légitime aux territoires véritables -ceux des Résistances formidables, ceux des Nations, non pas au sens du Nationalisme fermé et raciste que l’on a laissé prospérer, comme interdits, comme imbéciles, ou même comme manœuvriers, mais d’un ciment (parmi d’autres) de culture, de pratique, de conviction rassembleuses.
L’un des droits essentiels de l’homme s’attache au nécessaire rapport sain à son environnement. Pourquoi le volet des droits humains a-t-il été gommé des travaux et de l’accord issus de la COP21 ?
– Comme vous le savez, en fait, c’est là le cœur de notre travail aujourd’hui. Revisiter, au plus vite, la déclaration universelle des droits de l’homme d’ici 2018, son 70ème anniversaire afin de lui donner plus de valeur, auprès de nous-mêmes, citoyens, auprès du système (en perdition) des Nations Unies et contre les pouvoirs politiques et économiques qui la bafouent ou la contournent tous les jours sans aucun scrupule. Cette démarche fait suite à l’appel que j’avais lancé, le 10 décembre dernier, au beau milieu de la COP 21. Ce que je ne savais pas ce jour-là, – Journée Internationale des Droits de l’Homme- en partageant cet « Appel », c’est que deux jours plus tard, l’Accord final de la COP 21, dont certains se sont tant vantés, allait voir disparaître le passage sur l’importance du respect des Droits de l’Homme, de tous les Droits de l’Homme, en tant notamment que « levier juridique » pour lutter contre le Réchauffement Climatique! Mais le scandale moral absolu, là où j’ai vraiment pensé que le cynisme de nos dirigeants ne connaissait plus de limite, c’est lorsque j’ai appris, fin janvier, au Maroc – pays qui organise la COP 22 à Marrakech, du 7 au 18 Novembre prochain- que la vraie raison de la suppression de toute référence aux Droits de l’Homme dans un « Accord » censé nous porter dans la lutte majeure pour les décennies qui viennent, c’était en fait l’Arabie saoudite qui l’avait exigé. Sinon, elle ne signerait pas. Le paragraphe en question ne portait pas du tout sur les Droits de l’Homme dans ce pays mais en tant que valeur universelle. Alors, là, c’est mon indignation et sans doute la vôtre qui sont sans limites. Et je le redis, je ne vois pas ce qui pourrait nous arrêter tous ensemble dans ce combat-là. Il faut maintenant passer outre les gouvernements autistes, les Etats-Nations, et créer dans l’Espace Public Mondial, une nouvelle force, libre et indépendante, capable d’insuffler aux citoyens du monde le sentiment de la fin de leur soi-disant impuissance et d’amener les Nations Unies à s’appuyer sur cette nouvelle vague qui, en modernisant, dans un long processus local et global, participatif, populaire et jeune, la Déclaration Universelle, rendue en partie caduque par les ravages de la Société de l’Information et des technologies quand elles se font les alliés réels de ces forces pas si obscures puisqu’elles osent avoir pignon sur rue, un ultralibéralisme, un néo libéralisme et même un social libéralisme dévoyé qui se font les instruments de la domination persistante des plus riches et des plus «forts». Il est temps de renverser tout cela. Le vide de sens est tel aujourd’hui au cœur de l’Espace Public, l’exploitation est telle au centre de nos économies, les propositions profondes de réforme et de changement sont si rares du côté des sphères officielles qui gouvernent sous les ordres de la finance, qu’il y a lieu « ici et maintenant mais pour le plus longtemps possible » de participer d’un nouvel élan.
Voilà – je le dis presque sans modestie car j’ai vraiment connu depuis 10 ans moi-même les pires souffrances de voir violer ses propres droits quand les systèmes qui nous entourent sont régis par la soumission à une mauvaise autorité: c’est cela qui m’amène, après 40 ans de journalisme et 16 ans de médiation active entre les acteurs de la Gouvernance Globale à mettre mon expérience, mes réseaux, mes idées et ce que j’ai de forces, abîmées ou nouvelles, au service d’une idée puisqu’elle est le sens la vie même.
Appel : « Au nom de nos droits »
L’Appel que nous rendons public aujourd’hui, 10 décembre 2015, journée Internationale des Droits de l’Homme, jour de remise du Prix Nobel de la Paix à une initiative de dialogue de la société civile tunisienne, cet Appel ne se veut, en aucune manière, une pétition de plus. Son but, c’est de susciter un engagement actif de la part des citoyens comme des organisations ou des institutions. En premier lieu, chaque personne désireuse d’adhérer à cette démarche doit dire – d’une manière ou d’une autre – pourquoi. Chaque organisation, présente à nos côtés, s’apprête à dire comment elle entend apporter sa pierre à ce qui ne peut être qu’un édifice commun. En ce jour, 10 décembre, où, chaque année, à travers le monde, on célèbre l’idée des Droits de l’Homme et certainement pas leur réalité, alors que la COP21 s’achève et qu’une autre COP se profile déjà, nous sommes convaincus que, dans la lutte contre le Réchauffement Climatique, un tournant, en tous points vital, doit maintenant avoir lieu. Le temps des intérêts privés, des chantages diplomatiques, des marchandages financiers, des hésitations criminelles, n’a plus lieu d’être. Vient maintenant celui, répété, des avertissements de la communauté scientifique, comme celui aussi des forces vives de la société civile, que celle-ci agisse depuis des territoires de proximité ou qu’elle pense à refonder le monde. Après une longue bataille, la notion de Justice Climatique a fini par l’emporter récemment. Mais on voit bien comment, du commerce aux transactions financières, du terrorisme à la nature de la réponse qui lui est faite, d’autres enjeux, d’autres négociations, d’autres phénomènes pourraient, d’une manière ou d’une autre, mettre à mal le combat contre le Réchauffement Climatique et même ses acquis. La seule parade envisageable, aujourd’hui, la seule manière d’aller de l’avant, c’est de reconnaître que le développement humain est un droit qui a la même importance que les libertés civiles et politiques ou que les droits économiques, sociaux et culturels. Notre liberté, notre citoyenneté, sont étroitement liées à un développement humain durable et juste. Malmenée par ses propres signataires – les États-, la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme nous apparaît, ici et maintenant, comme un des leviers disponibles à même de faire en sorte que chaque femme, chaque homme, chaque génération, se sente personnellement interpellé et encouragé à agir quant au devenir d’une planète Terre-Mère qui nous porte tous. Et que chacun, dans son for intérieur, se sente le Droit d’interpeller ces élus et ces décideurs qui profitent de huis clos pour s’enfermer dans une indécision fatale. Nous appelons à entamer une réflexion qui conduise à faire du développement durable un droit universel.
Rédigé par Patrice Barrat, le 4 décembre 20
Denise et Robert Barrat, en accord avec leur conscience
De la fin des années 40 au début des années 60, Robert et Denise Barrat (mes parents) ont choisi de s’impliquer totalement dans le combat pour la décolonisation de l’Empire Français: Indochine, Afrique du Nord, Afrique Noire. Journaliste (Témoignage Chrétien, France Observateur, L’Express), mon père participera aussi à nombre de Comités et surtout, tentera, discrètement, de convaincre les gouvernements français successifs de négocier la paix plutôt que de s’obstiner à préparer et à faire la guerre. Guy Mollet, bien sûr, l’éconduira aveuglément. Mais De Gaulle lui écrira le 11 avril 1956 «… Je partage votre inquiétude quant à l’issue de l’affaire algérienne, dont vous m’entretenez. Mais je n’ai actuellement, vous le savez, aucune prise sur les événements qui en décideront ». A partir de 1958, pourtant… Le 2 octobre 1960, alors que ma mère, qui figure parmi les inculpés du procès du réseau Jeanson, déclare au Tribunal: « Je ne suis pas responsable des actes dont vous m’accusez mais je regrette de ne pas les avoir commis ». Mon père est écroué à Fresnes. Il est accusé – à tort mais il était une proie facile puisqu’il avait déjà fait de la prison en 1955 pour être allé rencontrer un leader du FLN, Ouamrane, dans le maquis de Palestro – d’être l’unique rédacteur du « Manifeste des 121 » sur le Droit à l’Insoumission. Depuis la prison, il dira à Claire, ma grande soeur, alors âgée de 13 ans: «… Tu es maintenant assez grande pour prendre les choses courageusement et comprendre que quand on veut défendre la justice, cela ne va pas sans désagréments. J’aime mieux être en prison et demeurer d’accord avec ma conscience et mon sentiment du devoir que de demeurer en liberté et me dire que je suis un poltron ou un lâche. Loin d’être découragée, il faut, au contraire, que tu sois fière de ton père… » Sur la question marocaine, quand il apprend, en décembre 1952, que l’armée française a réprimé dans le sang une manifestation à Casablanca, lors de la souricière de la Bourse, mon père est alors Secrétaire Général du Centre Catholique des Intellectuels Français. Il décidera d’aller enquêter sur place, y restera plusieurs semaines, découvrira qu’il y a eu plusieurs centaines de morts, rencontrera les leaders nationalistes marocains et sera le témoin de la déposition du Sultan Mohamed V en août 1953. A son retour, très vite, il rédigera l’ouvrage « Justice Pour le Maroc », préfacé par l’écrivain François Mauriac, tout juste Prix Nobel, qui deviendra mon parrain.