Clôture des MEDays 2018: Appel à un acte additionnel communautaire organisant la négociation entre le Maroc et la CEDEAO
Le Forum international MEDays 2018 a clôturé, samedi soir à Tanger, ses travaux par l’adoption de la 11è Déclaration de Tanger recommandant que l’adhésion du Maroc prenne la forme d’un acte additionnel communautaire organisant la négociation et la co-convergence entre le Maroc et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en différents volets thématiques.
La Déclaration de Tanger souligne ainsi la nécessité de prendre en compte les acquis de l’une et de l’autre partie dans la négociation d’adhésion, issus des accords avec les partenaires extérieurs, notamment ceux avec l’Union européenne, ajoutant qu’à cet effet, l’adhésion du Maroc, qui dispose d’un Statut avancé avec l’Union européenne (UE), pourrait permettre que les pays de la CEDEAO et le Maroc organisent une convergence de leurs accords respectifs avec l’UE.
« Les temporalités du processus de convergence des accords avec les acteurs extérieurs pourraient être découplés de la négociation d’adhésion en elle-même », lit-on dans ce document.
La Déclaration finale relève également l’importance du travail de veille et de sensibilisation de la société civile concernant cette intégration régionale, précisant que l’adhésion à la CEDEAO est une étape importante dans le processus d’intégration africaine du Maroc qui devrait, à cet effet, être une cause nationale incluant toutes les composantes de la société civile marocaine (ONG, associations, médias, universités…).
Elle plaide également pour la mise en œuvre d’une stratégie inclusive et durable selon l’agenda des Objectifs de Développement Durable 2030 qui puisse prendre en considération les exigences et la volonté des petits et moyens agriculteurs en leur permettant la création d’une économie circulaire interne moins dépendante des importations externes, ainsi que la mise en œuvre de nouvelles solutions de financement des infrastructures régionales d’intégration, dont les infrastructures numériques, tout en travaillant davantage sur le transfert de compétences et technologies entre les pays africains.
Elle recommande aussi l’élaboration d’une stratégie régionale Sud-Sud de la formation professionnelle pour qu’elle profite, dans une démarche inclusive, à l’ensemble de la population de la sous-région en adéquation avec les métiers de proximité mais aussi au développement de l’industrie et des nouvelles technologies dans les pays africains, ainsi que la création d’un fonds régional pour le soutien des petites et moyennes entreprises (TPME) de l’Afrique de l’Ouest qui serait mis en place grâce à la Banque d’investissement pour le développement de la CEDEAO (BIDC), et viserait à renforcer et à préserver les activités productives des TPME jugées viables, mais connaissant des « difficultés d’ordre conjoncturel ».
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S’agissant de la coopération politique en Méditerranée, le Forum MEDays 2018 salue l’initiative de la Présidence française de réengager un dialogue méditerranéen, afin de se hisser au niveau des enjeux économiques, sociaux, environnementaux et politiques de la région, appellant l’Europe à devenir un véritable acteur stratégique pour la paix et la sécurité en Méditerranée afin de contrebalancer l’unilatéralisme de l’administration américaine actuelle, mais aussi le relatif désengagement des Etats-Unis dans la région.
Il appelle également les États à ratifier la Convention internationale de l’ONU de protection des droits de tous les travailleurs migrants et de leur famille, à l’organisation d’une Conférence internationale sur la Palestine et à une garantie de l’Union européenne et des cinq membres du Conseil de Sécurité d’un accord de Paix, ainsi qu’à consacrer l’essentiel des moyens disponibles de la coopération européenne avec les pays de la Méditerranée aux questions de la jeunesse, l’éducation, la formation, l’enseignement supérieur et la recherche.
Afin de refonder les équilibres de la relation Chine-Afrique, la Déclaration de Tanger appelle l’Afrique à inventer un partenariat mutuellement bénéfique avec ce pays émergent et à repenser la diversification de ses partenaires économiques, dans le cadre d’une approche disruptive, afin d’être pleinement insérée dans la chaîne internationale de création de richesses économiques.
L’Afrique est également appelée à accueillir de plus en plus de productions industrielles avec le soutien des investisseurs chinois afin de renforcer son offre exportable de produits finis ou semi-finis à destination des pays développés ou des marchés émergents, et à être plus exigeante dans ses relations avec la Chine et d’assurer que les investissements chinois sur le continent soient en synergie avec leur modèle et stratégies de développement. Saisissant les enjeux de la disruption technologique, le potentiel de celle-ci et son impact sur les activités économiques, sociales, éducatives et culturelles, le Forum MEDays recommande la mise en place d’une stratégie de protection des données personnelles sur le continent africain à travers une politique volontariste de développement de data center sur le continent, l’adaptation du secteur de l’enseignement et de la formation pour inclure des modules d’apprentissage du numérique et de ses enjeux citoyens et sociaux mais aussi mettre en place des stratégies d’enseignement numérique.
Il recommande également de mettre l’accent sur l’apprentissage des valeurs humaines universelles, d’une éthique morale et professionnelle, mais aussi de l’esprit critique et de l’autonomie individuelle, tout en appelant les États africains à s’assurer de l’égalité d’accès à l’éducation et la formation professionnelle pour les deux genres et à promouvoir la participation de la femme dans les cercles de décisions, dans l’action citoyenne et les activités économiques.
Placé sous le thème « A l’ère de la disruption: bâtir de nouveaux paradigmes« , le Forum MEDays 2018 a rassemblé près de 150 intervenants de haut niveau pour échanger sur les questions prioritaires de l’actualité internationale et déboucher sur des propositions pratiques et des solutions concrètes et sectorielles.