Comment d’une primaire hostilité le pouvoir algérien est passé à l’agressivité viscérale contre le Maroc
Par Hassan Alaoui
Dans les dernières années du quart de siècle passé, on s’était peu à peu habitué à l’irréductible hostilité algérienne, réveillée au son du gong anti-marocain. L’ancien président Boumediene, plus hargneux que ça tu meurs, avait cru reconstruire le mythe de l’Algérie « supérieure », dominatrice, exemplaire, phare du Tiers-Monde et évidemment maitre des Horloges dans le Maghreb et l’Afrique.
Un langage apocryphe, une mise en scène de puissance paraplégique, l’arrogance inscrite sur le fronton d’une diplomatie triomphale que le « jeune » ministre des Affaires étrangères Abdelaziz Bouteflika portait à tout bout de champ, les pétrodollars sonnants et trébuchants, une ignominieuse hypocrisie envers le Maroc, et ce qui ne gâtait rien cette propension à l’expansionnisme qui signifiait tout simplement une continuité de l’idéologie coloniale. Autrement dit, l’Algérie ressuscitait à sa manière la pratique coloniale avec les mêmes objectifs au Sahara…
Au Sommet de la Ligue arabe organisé le 29 et 30 octobre 1974 à Rabat, Houari Boumediene avait prononcé un discours solennel dont le moins que l’on puisse dire, est qu’il inspirait une sorte de trouble. Il affirmait que « l’Algérie soutenait le Royaume du Maroc contre l’Espagne dans sa lutte pour la libération et la récupération de son Sahara » ! Mieux : il disait mettre à la disposition du Maroc si nécessaire les soldats algériens de l’ANP. Cette exaltation ne pouvait pas ne pas mettre l’assistance en émoi, tant il est vrai que ce Sommet de la Ligue arabe précisément comportait d’autres séquences émotionnelles, en l’occurrence la réconciliation spectaculaire entre deux irréductibles ennemis, le Roi Hussein de Jordanie et Yasser Arafat, brouillés à mort depuis le tristement célèbre « Septembre Noir » ; mais aussi la reconnaissance officielle de l’OLP (Organisation de libération de la Palestine ) comme représentant unique du peuple palestinien. Cette réconciliation ne fut réalisée que grâce au laborieux travail et aux bons offices du Roi Hassan II, que Boumediene lui-même ne manqua point de féliciter.. Succès que le Royaume du Maroc engrangea avec le triomphe modeste
La déclaration solennelle de Boumediene sur le soutien de son pays au Maroc a été et reste consignée dans les archives officielles du Sommet arabe, elle ne souffre aucune ambiguïté sur l’engagement pris devant les chefs d’Etat de la Ligue arabe.
Le serment de Boumediene au Sommet arabe de Rabat
Voici ce que feu Boumediene a déclaré : « Que mes frères et amis Sa Majesté le Roi et le Président mauritanien comprennent les intentions de l’Algérie et de façon définitive en ce qui concerne ce problème. Et j’aimerai classer ce dossier de façon définitive. Nous sommes avec le Maroc et la Mauritanie pour la libération de chaque parcelle de terre, non seulement du Sahara occidental ou le Sahara encore sous domination espagnole, mais également Sebta et Mellilia et toutes les îles encore sous domination espagnole. ». Il convient de souligner néanmoins la part d’ombre que comportait le double jeu du pouvoir algérien qui, au moment des proclamations vertueuses de son président, ses services de renseignements, son armée et sa police s’employaient à saper en catimini les efforts du Royaume du Maroc pour récupérer son Sahara. En d’autres termes, les uns et les autres avec la complicité des services de Franco avaient crée le polisario en avril 1973, proclamé à Zouérate ( Mauritanie) « mouvement armé pour la libération de la Saquiat al-Hamra et du Rio Oro ».
Les fondateurs du Front polisario sont tous originaires du Maroc, ils y sont nés et y ont accompli leurs études, mais furent l’objet d’une convoitise et d’une récupération – agressive – par le DRS algérien qui les utilisa plus tard contre le Maroc. Tant et si bien que Boumediene et ses successeurs en ont fait leur fer de lance. Et ce dernier, jusqu’à sa disparition en décembre 1978, ne se résolut jamais à quitter sa haine du Maroc et, en particulier du Roi Hassan II qui, d’un succès l’autre, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, avait entre-temps saisi la Cour de La Haye déjà à la fin de 1974 , organisé magistralement la Marche verte, décida la signature le 14 novembre 1975 de l’Accord tripartie de Madrid avec l’Espagne et la Mauritanie qui décolonisait définitivement le Sahara.
Un certain petit officier appelé Chengriha
Lors de la Marche verte, Boumediene avait demandé à une partie de son armée de camper en arrière-plan, près de Lâayoune pour guetter ce qui pourrait être un affrontement possible des FAR ( Forces Armées Royales) avec l’armée espagnole, les fameux Tercio , lui ordonnant d’intervenir si besoin pour soutenir ces derniers. Comble d’hypocrisie, déni d’engagement, traîtrise pour mieux dire…Faute de soutenir l’armée espagnole, l’armée algérienne sera confrontée en février 1976 à l’armée marocaine à Amgalla, laquelle fit prisonniers plus d’une centaine de soldats algériens parmi lesquels un certain petit officier appelé …Saïd Changriha… Un traumatisme qu’il gardera à jamais et que les psychanalystes appellent « l’impossible refoulement »…
Le pouvoir algérien est passé en vérité par pertes et profits depuis ces dernières années dans ce mouvement circulaire et brownien de haine du Maroc : saisi par le complexe de grandeur, il opère depuis l’arrivée au pouvoir d’un Abdelmajid Tebboune un détour aggravé et multiple sur lui-même. La série de décisions qu’il semble prendre à tout bout de champ tourne exclusivement autour du Maroc, qui est à la fois le pôle de hargne , d’attraction solaire, de miroir destructeur, de fossoyeur de rêve et du prisme de l’exécrabilité la plus excécrable. D’un Belani, ectoplasmique tartuffe qui ne connaît rien à l’histoire, à la mémoire et à la géographie, à Chengriha , janissaire attardé, l’Algérie vogue à tout vent …Feu Hassan II disait du temps de Boumediene : « Qui a trahi une fois, trahira toujours »…Nous en sommes toujours là.