Comment la Résolution 2218 déstabilise l’Algérie
L’ALGÉRIE AU PIED DU MUR APRÈS LE VOTE DU CONSEIL DE SÉCURITÉ
Le conseil de sécurité des Nations Unis a adopté mardi 28 Avril la Résolution 2218 sur la situation au Sahara. Trois aspects significatifs et inédits pour ainsi dire ressortent du vote des Quinze membres du Conseil, dont au moins trois pays non permanents restent hostiles au Maroc. Il s’agit du Nigéria qui n’a pas encore officiellement annoncé une nouvelle position, de la République bolivarienne du Venezuela et de l’Angola. Les recommandations contenues à la fois dans le rapport de Ban Ki-moon et dans le texte de la Résolution marquent d’emblée un tournant dans la marche du dossier, et confortent à coup sûr la position du Maroc. Elles excluent d’une part tout élargissement des compétences de la MINURSO au domaine des droits de l’Homme, exigent d’autre part un recense- ment des populations séquestrées – et non réfugiées – dans les camps de Tindouf, enfin elles soulignent l’impératif de relance du processus de négociation politique et, ce faisant, la prééminence de l’Initiative d’autonomie élargie soumise par le Maroc au Conseil de sécurité en avril 2008.
Il convient de rappeler que depuis 2007 à aujourd’hui, dix résolutions pertinentes ont été adoptées par le Conseil de sécurité et, pratiquement, toutes ont été empreintes du même ton et de la même veine, hormis quelques nuances introduites depuis deux ans maintenant sur le principe de « respect des droits de l’Homme au Sahara » que le Maroc, au demeurant, a défendu mordicus, mais que le gouvernement algérien a instrumentalisé à outrance. En avril 2007, soit un an et quelques mois, après que l’ONU eût souligné à la fois l’impératif et l’urgence d’une « solution politique » au Sahara, le Maroc proposa au Conseil de sécurité un plan de règlement en 35 articles, intitulé
« Initiative marocaine pour la négociation d’un statut d’autonomie de la région du Sahara » ! Par son contenu, l’audace inédite de ses propositions, les objectifs qu’il s’assignait, son réalisme et sa crédibilité, ce document prit de court les responsables algériens. Les membres du Conseil de sécurité s’étaient fait fort de souligner son réalisme, suivis par la quasi-totalité des pays d’Europe, du monde arabe, d’Afrique, d’Asie et d’Amérique avec à leur tête les Etats-Unis et la France notamment.
Il désorienta à vrai dire la diplomatie algérienne et les stipendiés du polisario qui, démantibulés devant la force de proposition du Maroc, crurent proposer au même Conseil de sécurité une contre-proposition concoctée dans les sphères des services algériens…En vain ! Non seulement la Maroc s’inscrivait dans l’esprit de la Charte des Nations unies en matière de « décolonisation » pour reprendre la terminologie pervertie de la propagande et de la presse algérienne, non seulement il répondait clairement aux vœux de l’organisation mondiale, mais il innovait en matière de droit et d’autonomie. On y trouve mis en œuvre un concept inédit d’autonomie élargie, l’importance accordée aux institutions régionales, aux acteurs, aux populations et, en fin de compte, plus qu’un dépassement de ce qu’offrent des exemples en vigueur d’autonomie dans le monde, à l’image des 17 communautés autonomes qui forment le territoire fédéral d’Espagne et des Açores pour le Portugal…Encore que le Sahara est depuis la nuit des temps physiquement partie intégrante du Maroc.
Vouloir le détacher de son pays d’origine, le Maroc, a constitué certes la désespérante manœuvre de l’Algérie qui ne se résoudra jamais – sauf miracle – à voir se réaliser l’intégrité territoriale du Royaume, son unité et sa souveraineté sur un territoire constitutif de son indépendance.
Le tabou du recensement à Tindouf levé
La Résolution 2218 du Conseil de sécurité est, comme on dit, pertinente, elle contredit fondamentalement le discours imprécateur des propagandistes algériens à la fois sur ce fantasme de décolonisation qu’ils n’ont cessé de répandre comme un feu d’artifice, soudoyant ici et là, four- voyant les consciences un peu partout, monnayant les pétrodollars, et sur les principes de la Charte de l’ONU elle-même . Non content de prolonger la mission d’un an supplémentaire de la Minurso, qui était à vrai dire plus que prévisible, non plus de demander aux protagonistes du conflit de progresser dans le processus de négociation politique – qui est la réelle traduction du plan d’autonomie proposé par le Maroc -, le Conseil de sécurité , du haut de sa quasi unanimité, a exigé un recensement des populations séquestrées dans les camps de Tindouf Lahmada.
Voilà non seulement une « première », une décision sans précédent à laquelle nous n’avons cessé d’en appeler depuis des lustres, mais un coup dur et aussi d’arrêt à la mystification algérienne, savamment entretenue sur ce mythe de « réfugiés sahraouis » parqués dans des camps, reclus sous les miradors, les enfants livrés à la propagande cubaine, les jeunes enrôlés de force dans des trafics de « desesperados », les autres enfin livrés à la répression des polices et services algériens qui régulent la vie dans les camps.
Il n’y a pas de « réfugiés sahraouis », mais des « séquestrés marocains », disait autrefois, avec une rédhibitoire lucidité, le Roi Hassan II. Depuis quatre décennies, ces populations font l’objet d’une instrumentalisation politique et humaine de la part du gouvernement algérien , au mépris de la règle de droit et de l’éthique internationale. Depuis 1975, avec insistance et une irréductible volonté, le Maroc réclame une prise en compte du sort de ses ressortissants séquestrés dans les camps de Tindouf pour dénoncer la mystification à laquelle se livre le gouvernement algérien, lequel s’obstine à refuser l’accès des camps au HCR ( Haut Commissariat aux Réfugiés).
Or, la mystification remonte à novembre 1975, lorsque le Maroc a libéré ses territoires du sud après la Marche verte et signé le 14 de ce même mois l’accord tripartite de Madrid avec l’Espagne et la Mauritanie, suscitant ainsi l’ire haineuse de Houari Boumediene. C’est alors que, se retirant du territoire du Sahara sur lequel elle jetait impudemment son dévolu, contrariée par la tournure des événements survenus sur le territoire, l’armée algérienne a embarqué de force , dans ses fourgons, des populations de Lâayoune, de Smara et des régions pour les conduire manu militari vers Tindouf et, le cynisme d’Etat aidant, les transformer en réfugiés. Il convient de souligner que le nombre de ces populations affublées du titre de « réfugiés », arrachés à leur terre marocaine, n’excédait pas au mieux 15 à 20.000 personnes, des hommes, des femmes et des enfants qui devaient servir de paravent humanitaire à la politique algérienne. Car, en effet, le dernier recensement que l’ONU avait opéré en 1974, dans la perspective d’un référendum que le général Franco voulait organiser au Sahara sous l’égide de l’ONU pour coiffer au poteau la revendication marocaine de rétrocession, concluait à 70.000 ressortissants…
Après la libération du Sahara, la quasi-totalité d’entre eux sont restés au Maroc, alors qu’une poignée seulement s’était trouvée placée dans les fourgons de l’armée algérienne et conduites à Tindouf. La question qui s’est posée ensuite depuis les années 80 est la suivante : comment le gouvernement algérien s’est-il obstiné depuis des années à faire croire que les réfugiés en question étaient au nombre de 100.000 personnes, ensuite de 150.000 personnes et aujourd’hui 200.00 tout en refusant fermement à l’ONU d’opérer le contrôle et leur authenticité ? Sauf à penser que les populations des camps poussent aussi vite que des générations spontanées, la raison interdit de croire à ce gigantesque mensonge…
Comment a-t-il réussi à tromper à la fois l’ONU et une partie de la communauté mondiale sur le chiffre des prétendus réfugiés ? Dans les année 80, le monde a assisté à l’arrivée d’une série de sécheresses dures qui avaient frappé durement le Sahel et le Sahara, poussant des populations nomades, des pays limitrophes, le Mali, le Niger, la Mauritanie, Tchad, Soudan, Erythrée, Ethiopie et même Sénégal, Nigéria et Burkina Faso…à traverser les frontières poreuses et à se faire accueillir par l’armée algérienne entre Mali et Niger et se faire conduire à Tindouf. Le plan algérien, concocté sous de faux oripeaux humanistes, était d’incorporer tous ces transhumants dans les rangs du polisario, grossissant ses rangs et, vis-à-vis des autres pays, faisant accroire qu’il constitue une population de 200.000 personnes. C’est proprement nous faire prendre des vessies pour des lanternes, abuser de la sincérité des gouvernements et autres institutions, les tromper pour recevoir et détourner des années durant l’aide de 10 millions d’euros que l’Union européenne accorde aux populations séquestrées…
C’est surtout détourner l’attention de l’ONU pendant des années sur l’authenticité de ces populations dont la quasi-totalité sont tout, sauf des sahraouis ! Depuis 1975, quelque sept Hauts commissaires aux Réfugiés (HCR) se sont succédé, mais jusqu’à il y a quelques années seulement, aucun haut commissaire de l’ONU n’a pu accéder au territoire de Tindouf, hormis Antonio Gu- terres, nommé à ce poste en 2005, ancien premier ministre portugais et qui a réussi le tour de force de « pénétrer » en septembre 2009 les camps de Tindouf dans le cadre d’une visite guidée après avoir mis au pied du mur le gouvernement algérien et l’avoir confondu dans ses propagandes mensongères. Ce fut la première fois qu’un Haut Commissaire aux réfugiés des Nations unies fut en vingt-cinq ans autorisé à entrer dans les camps, mais il n’a rien pu voir, ni interroger personne. Jusqu’à aujourd’hui encore, il ne cesse d’exiger un recensement des populations des camps afin d’authentifier qui est sahraoui et qui ne l’est pas…
Que la Résolution 2218 ait solennellement, sans transiger, posé le problème du recensement et mis le gouvernement algérien devant ses responsabilités internationales constitue à coup sûr une avancée considérable du dossier et met le doigt sur l’une des plaies de son blocage. Le recensement, faut-il le rappeler, est un impératif majeur, un préalable pour mettre en œuvre, si tant est que l’on puisse y croire encore, tout éventuel référendum ! Or, ce dernier ne saurait être organisé qu’en fixant le corps électoral représentatif, en identifiant les populations, les tribus et les sahraouis dignes de ce nom.