Comment le Maroc peut-il concilier croissance économique et enjeux structurels ?

Le Maroc est annoncé sur une trajectoire de croissance de 5,6 % en 2025, soutenue par une économie diversifiée et des infrastructures en plein développement. Cependant, il fait face à des défis comme sa dépendance énergétique, des lenteurs administratives et les risques liés aux crises mondiales, nécessitant des réformes pour assurer une croissance durable.
La croissance du Maroc est attendue à 5,6 % en 2025, soutenue par une stabilité politique, une industrialisation dynamique et une diversification des secteurs économiques. Le pays combine des industries modernes comme l’automobile, l’électronique et l’aéronautique avec des secteurs traditionnels comme les phosphates et l’agroalimentaire, tout en développant des services orientés vers l’exportation. Ces éléments renforcent sa position sur la scène économique mondiale, selon le journal l’Economiste.
Le Maroc se distingue par un large réseau d’accords de libre-échange, facilitant l’accès à des marchés clés en Europe, en Amérique du Nord et au Moyen-Orient. Contrairement à d’autres économies de la région MENA, souvent focalisées sur quelques secteurs, le Maroc présente une économie bien diversifiée, avec un indice de diversification de 86, au-dessus des moyennes régionale et mondiale. Cela lui permet de mieux résister aux crises extérieures. Un rapport de BMI (Fitch Solutions), publié dans L’Economiste, met en lumière les opportunités et défis qui attendent le marché marocain.
L’essor des infrastructures logistiques est un autre moteur de cette dynamique. Le port Tanger Med, devenu l’un des plus grands hubs portuaires de la Méditerranée, est un exemple concret de l’ambition du Maroc de s’intégrer dans les chaînes de valeur mondiales. Le développement de zones industrielles et de plateformes multimodales vient renforcer cette stratégie.
Lire aussi : Maroc: la croissance prévue à 3,6% en 2025
Le Maroc attire aussi les investisseurs internationaux, avec un stock d’investissements directs étrangers qui dépasse les 72 milliards de dollars (53 % du PIB). Des entreprises comme Stellantis et Gotion High Tech y installent des unités stratégiques dans des secteurs d’avenir, tels que l’électromobilité et la production de batteries. Mais malgré ces avancées, certains obstacles persistent : les lenteurs administratives, la complexité des démarches et l’instabilité des réglementations continuent de poser problème, bien que des efforts soient faits pour y remédier, notamment avec la digitalisation et la mise en place de guichets uniques.
La dépendance énergétique reste un défi majeur pour le pays. Le Maroc, qui ne possède pas de ressources en hydrocarbures, doit importer une grande partie de ses besoins, ce qui le rend vulnérable aux fluctuations des prix mondiaux. Bien que des progrès aient été réalisés en matière de transition énergétique, cette dépendance reste un point sensible.
Autre point de fragilité : 63 % des exportations marocaines vont vers l’Union européenne. Toute perturbation économique ou durcissement des réglementations dans la zone euro a un impact direct sur l’économie marocaine. De plus, les sécheresses fréquentes et la gestion de l’eau fragilisent le secteur agroalimentaire et l’ensemble de la chaîne logistique, entraînant des hausses de prix et des déséquilibres dans la balance commerciale.
Le cadre juridique du Maroc reste perfectible. Classé 77e mondial en termes de climat des affaires, le pays fait face à des problèmes de chevauchement institutionnel, de lenteur des procédures et d’instabilité réglementaire, ce qui freine l’attractivité pour les investisseurs. L’absence de justice commerciale spécialisée et l’application inégale des lois renforcent un sentiment d’insécurité juridique.
En matière de propriété intellectuelle, bien que les lois soient conformes aux normes internationales, des difficultés d’application freinent le développement des secteurs innovants. Des barrières tarifaires et non tarifaires subsistent, comme les droits de douane sur les produits turcs, ajoutant un aspect protectionniste. De plus, le secteur financier, bien qu’il soit stable, manque de profondeur et d’attractivité pour les investisseurs étrangers. Le marché des capitaux reste limité, ce qui freine l’accès au financement pour les entreprises et la réalisation de projets à forte valeur ajoutée.