COMMENT LE PAM CREUSE L’ECART
L’avant-goût de ce qui constituerait vraisemblablement la nouvelle configuration politique dans les prochaines semaines voire mois, vient de nous être donné : la victoire du Parti Authenticité et Modernité ( PAM) aux élections des Chambres professionnelles du vendredi 7 août 2015. Il a conquis 14 chambres professionnelles sur les 25 prévues par la Loi fondamentale. Soit 35% des suffrages. Le Parti de l’Istiqlal a obtenu 7 chambres et 17,5% des voix, talonné par le RNI avec 6 chambres et 15%, l’USFP avec 5 chambres et 12%, le Mouvement populaire 3 chambres et 7,5% et le PJD, le PPS et l’Union constitutionnelle une seule chambre et 2,5% des voix. Quant aux SAP (Sans appartenance politique), leur « percée » se limite à 2 chambres professionnelles.
Les chiffres sont éloquents, certes ! Mais les tendances qui se dessinent le sont encore plus. Le parti islamique au pouvoir, « vainqueur » des élections législatives de novembre 2011, n’a donc pas capitalisé sa courte victoire, il arrive en 6ème position. En revanche, à rebours de cette position reculée, le PAM semble caracoler aisément, et se situe en pôle-position dans cette redistribution des cartes et des enjeux. Moyennant quoi, on ne contredira guère le propos de son secrétaire général adjoint, Ilyass El Omari, par ailleurs président de la Commission nationale des élections du PAM qui affirme que son parti « figurera parmi les acteurs politiques qui obtiendront une place honorable lors des prochaines échéances électorales», et que la victoire du PAM aux élections professionnelles sont un « indicateur et une victoire pour le Royaume et pour les Marocains toutes composantes confondues, comme en témoigne le taux de participation à ce scrutin, dont le déroulement a coïncidé avec la saison estivale ».
Le premier enseignement à tirer de ce scrutin est qu’il est plus qu’une simple échéance, devant désigner les 2197 représentants au sein des nouvelles Chambres annoncées dans la nouvelle Constitution. Le taux de participation est d’autant plus honorable qu’il survient dans une période où le jugement du bilan à mi-chemin de l’action gouvernementale est sévère. Autant dire qu’il s’apparente ici à une sanction et le PJD devrait en prendre conscience et de la graine. C’est une victoire de l’opposition finalement, mais de cette nouvelle opposition qui trace le sillon et sa route ! La politique semble reprendre ses droits, en effet, et les communales et régionales se positionnent comme des échéances plus que hautement politiques, elles sont plus que le test significatif.