Commission Parlementaire Mixte Maroc-Ue : l’atout diplomatique du Royaume en Europe
ENTRETIEN
Depuis l’arrivée d’Abderrahim Atmoun à la tête de la CPM, celle-ci est devenue un exemple de coopération politique et parlementaire. En effet, depuis sa reconduction le vendredi 10 mars, par les deux chambres du Parlement marocain à la tête de la Commission mixte de coopération entre le Maroc et l’Union européenne, chargée de promouvoir les relations parlementaires avec l’UE, un énorme travail est entrepris par cette commission qui s’inscrit dans le cadre de la diplomatie parlementaire à laquelle SM le Roi Mohammed VI accorde un intérêt particulier.
MAROC DIPLOMATIQUE : En tant que co-Président de la CPM, vous avez adressé une invitation à votre homologue Monsieur Pier Antonio Panzeri, Président de la Commission des droits de l’Homme pour une visite de travail qui a eu lieu du 7 au 9 mai 2017. Une visite qui participait au raffermissement des liens de coopération entre le Royaume du Maroc et l’Union européenne. Quel en était le bilan ?
Effectivement, j’avais invité, en tant que co-Président de la Commission Parlementaire Mixte Maroc-UE, mon collègue européen et ancien homologue à la CPM, Monsieur Pier Antonio Panzeri, à effectuer une visite de travail au Maroc. Ce fut d’ailleurs son premier déplacement officiel depuis son élection à la Présidence de la Commission des Droits de l’Homme du Parlement européen. Cette visite de travail avait pour objectif de mettre en avant l’expérience marocaine dans la promotion et la défense des droits humains et nous avons pu, à cette occasion, lui présenter les différentes réformes engagées par le Royaume en faveur des droits de l’Homme, de la justice et des libertés publiques et individuelles. A l’issue de cette visite, Pier Antonio Panzeri avait salué tous les efforts menés par le Royaume dans ces domaines.
Il est évident que la Commission parlementaire mixte a joué un rôle capital dans le renforcement des relations bilatérales et ce depuis sa création en 2010. Est-elle désormais incontournable dans les relations entre le Maroc et l’UE ?
La CPM s’est imposée, au fil des années, comme un acteur incontournable de nos relations avec le Parlement européen. Elle a su démontrer, depuis sa création en 2010, son utilité. Et aujourd’hui, je suis heureux de vous affirmer que la CPM est un succès. Un succès au regard de ce qui était attendu de cette instance au moment de sa création dans le contexte de l’attribution au Maroc du statut avancé avec l’UE, un succès au regard de la diversité et de la portée de nos travaux, missions et échanges, un succès au regard de la qualité et de la densité des rencontres humaines qu’elle a permise. C’est ainsi que le perçoivent les plus hautes autorités marocaines et européennes qui regardent avec un très grand intérêt ce que nous faisons. Je remercie, d’ailleurs, Habib El Malki, Président de la Chambre des Représentants et Hakim Benchamach, Président de la Chambre des Conseillers pour leur soutien indéfectible mais également Monsieur Antonio Tajani, Président du Parlement européen, pour tout l’intérêt qu’il porte à notre Commission.
« Je suis heureux de vous affirmer que la CPM est un succès »
Quels sont les thèmes sur lesquels se pencheront les binômes de travail?
Nous nous sommes réunis à Bruxelles, le 7 septembre dernier, afin d’identifier, avec nos collègues européens, les thématiques sur lesquels les binômes devront travailler. Les travaux des binômes seront axés autour de quatre thématiques : « Les relations bilatérales entre l’UE et le Maroc dans le domaine politique », « Les relations bilatérales entre l’UE et le Maroc dans les domaines économiques et commerciaux », « Les Droits de l’Homme, les Droits des femmes, la jeunesse, les problèmes sociétaux et les questions migratoires », « La sécurité et la lutte contre le terrorisme ainsi que les questions géopolitiques et régionales ».
Vous faites partie du binôme travaillant sur la sécurité et la lutte contre le terrorisme, et la situation géopolitique et régionale. Dans quelle mesure, ce thème revêt-il une importance pour vous et pour les relations maroco-européennes ?
Avec mon collègue Pier Antonio Panzeri nous travaillerons plus particulièrement sur la question sécuritaire et la lutte contre le terrorisme, qui représente une source de préoccupation des deux côtés de la Méditerranée. Dans ce domaine, le Maroc est souvent, à juste titre, cité en tant qu’exemple à suivre dans la région. Ces questions requièrent des approches partenariales concertées et solidaires. C’est pourquoi, avec mon collègue Pier Antonio Panzeri, nous souhaitons organiser dans les prochains mois un Forum dédié à la lutte contre le terrorisme, en impliquant le Maroc, l’Union européenne et des pays africains. En effet, dans un monde globalisé, seules les stratégies de coopération et de partenariat permettent de surmonter les défis auxquels l’humanité est confrontée !
« Nous travaillons main dans la main avec la diplomatie officielle afin de défendre les intérêts du Royaume »
Le travail salutaire fait par la commission est fait en tandem bien évidemment avec le ministère des Affaires étrangères et de la coopération. Pouvez-vous nous dire comment notre diplomatie s’active-t-elle sur les différents fronts ?
Nous travaillons main dans la main avec la diplomatie officielle afin de défendre les intérêts du Royaume. Nous jouons chacun son propre rôle tout en étant complémentaire l’un à l’autre. C’est un travail d’équipe et j’en profite pour remercier mes collègues à la CPM, Fouad Kadiri, co-Vice Président de la Commission, Chaoui Belassal, Lahcen Sekkouri, Mohammed Moukanif, Ibtissame Azzaoui ainsi que tous les autres membres pour leur implication au sein de la Commission.
Vous avez été décoré par SM le Roi pour avoir déjoué des centaines d’amendements. Nos lecteurs tout comme nous aimerions en savoir plus sur le travail colossal que vous faites pour contrecarrer les manœuvres des ennemis du Maroc.
Tout au long de mon parcours politique et personnel, j’ai toujours essayé au mieux, de servir les intérêts de mon pays. Lorsque je me suis engagé à œuvrer au Parlement européen au sein de la toute nouvelle Commission parlementaire mixte Maroc-UE, j’étais intimement convaincu que cette institution issue du statut avancé du Maroc avec l’Union européenne serait utile à l’intérêt national, particulièrement sur quelques dossiers réputés sensibles et pour impulser une nouvelle dynamique à notre politique de voisinage. Alors je me suis engagé avec une totale détermination. Au moment de recevoir le Ouissam des mains du Souverain, Sa Majesté le Roi Mohammed VI que Dieu L’assiste, lors de la Fête du Trône, en 2014, j’ai ressenti toute l’importance de l’honneur qui m’était fait dans un contexte d’union nationale autour de notre cher Roi. Ce fut la récompense après tous les efforts déployés pour contrecarrer les adversaires du Maroc. Au sein de la CPM, nous veillons auprès de nos collègues européens à donner une image fidèle du Maroc qui va de l’avant et dont l’ancrage à l’Europe ne serait être remis en cause. C’est dans cet esprit qu’à la CPM nous organisons des rencontres de haut niveau, comme récemment, la visite officielle de Monsieur Habib El Malki, au Parlement européen. D’autres rencontres de ce type sont à venir dans les prochains jours.
« Nous veillons auprès de nos collègues européens à donner une image fidèle du Maroc qui va de l’avant et dont l’ancrage à l’Europe ne serait être remis en cause »
Est-ce que vous ne voyez pas que le Maroc pourrait faire un effort au niveau de quelques domaines qui accusent un certain déficit et qui peuvent parallèlement renforcer votre travail diplomatiques : la culture, la communication et journalisme, la recherche scientifique et les échanges entre les hommes d’affaires de l’ensemble de tous les pays de l’UE ?
Le Maroc est engagé depuis plusieurs années dans un mouvement de réformes sans précédent sous l’impulsion de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Les domaines que vous citez ont connu des avancées notoires. La communication, le journalisme et la recherche scientifique, par exemple, sont des domaines en constante évolution et qui méritent qu’on leur prête une attention particulière. Nous ne pouvons multiplier les thématiques au sein de la CPM car le risque serait de traiter beaucoup de sujets sans vraiment avoir le temps de réellement trouver des solutions. Mais je vous rassure, nous abordons souvent ces questions avec nos collègues européens et celles-ci seront au centre de nos discussions dans les prochains mois.
Entretien réalisé par Souad Mekkaoui